Cet article date de plus de huit ans.

USA et Luxembourg en quête d'un nouvel eldorado spatial: les matières premières

L'avenir de la Terre se trouve-t-il dans l'espace ? Les métaux précieux qui pourraient se trouver sur les astéroïdes suscitent l’intérêt. C'est en tout cas le pari que font de gros investisseurs privés. Après les Etats-Unis, le Luxembourg s’est positionné sur ce créneau en signant un accord avec une société, Deep Space Industries. Une nouvelle ruée vers l'or qui suscite des inquiétudes.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 5min
Les astéroïdes pourraient regorger de métaux rares. Reste à aller les chercher. (DR)

L'espace, ses richesses espérées et ses possibilités de développement font rêver les investisseurs. Les fonds américains, alimentés par les fortunes des stars de la Silicon Valley, tentent de développer des entreprises capables d'aller chercher dans la proche banlieue de la Terre les richesses qui lui feraient défaut.

Une législation adaptée
La chasse aux astéroïdes est ouverte. Les Etats-Unis ont été les premiers à développer une législation facilitant cette recherche gourmande en capitaux en promulgant dès novembre 2015 le space act. Cette loi prévoit notamment que tout matériau trouvé par un Américain ou une entreprise américaine sur le satellite naturel de la Terre (la Lune) ou sur des corps célestes (comme les astéroïdes) lui appartiendra. En février, le Luxembourg a été le premier Etat européen à emboîter le pas en édictant un cadre juridique facilitant la recherche de métaux dans l’espace. 


Le petit (et riche) pays européen a passé un contrat avec une société américaine, DSI (Deep Space Industries). Le partenariat vise à développer des «produits, systèmes et services avancés, axés sur l'utilisation de ressources d'astéroïdes, de même que d'autres technologies qui seront commercialisées dans l'industrie spatiale», selon le gouvernement luxembourgeois. Plus spécifiquement, le protocole «vise à mettre sur pied et à gérer une mission de démonstration de technologie de réduction du risque pour l'exploration d'astéroïdes à l'aide d'un petit vaisseau spatial.»

L'idée d'exploiter les ressources minières des astéroïdes, ou même de la Lune, reste tout de même un projet à très long terme, d'énormes progrès technologiques restant à faire dans l'extraction, la transformation des matériaux et le retour sur Terre. Certains avancent des chiffres astronomiques sur les richesses que receleraient certains de ces objets volants (jusqu’à 50 milliards de dollars en platine sur un petit astéroïde). Quelque dizaines de milliers d'astéroïdes tourneraient autour de notre planète.


Des investisseurs en or massif
Et si le rêve est encore loin, les scientifiques avancent. Ils sont déjà parvenus à atterrir sur les corps célestes, comme l'a prouvé l'opération Philae en 2014. La Nasa doit, elle, envoyer un engin automatique sur un astéroïde en septembre 2016. Dans le cadre de cette mission Osisi-Rex, des échantillons doivent être rapportés sur Terre.

«Certaines difficultés peuvent apparaître comme un astéroïde dont la surface est trop dure pour être exploitée ou qui tourne trop vite sur lui-même pour pouvoir s'y poser. Mais je ne vois pas de complexité insurmontable sur le plan minier», remarque Francis Rocard, responsable des programmes d'exploration du Système solaire au centre national d'études spatiales (Cnes), cité par Le Figaro

Aux Etats-Unis, plusieurs sociétés tentent de se mettre sur ce marché un brin futuriste. La High Tech américaine voit loin et les grandes sociétés se positionnent sur ce marché comme Google qui a investi un milliard de dollars dans Space X, la fusée d’Elon Musk, qui ambitionne de conquérir l’espace. On trouve parmi les investisseurs les fondateurs de Google, Larry Page et Eric Schmidt. Des personnalités peu connues pour tirer des plans sur la comète...

«Les ressources des astéroïdes représentent un business d’un million de milliards de dollars», affirme le président de Planetary Ressources, une des sociétés qui vise ce marché.

Capture-écran du site de la société Moonexpress qui envisage d'envoyer une plateforme sur la Lune pour en exploiter les ressources. (MoonExpress)

Une privatisation de l'espace
L'idée de s'approvisionner dans l'espace n'est pas nouvelle. Pour l'instant, cette industrie n'existe pas même si le développement des robots la rend envisageable. Les investissements risquent d'être lourds. Pas étonnant donc de voir le Luxembourg se positionner sur cet éventuel marché. Le Luxembourg est connu pour sa place financière et son PIB par habitant (le plus élevé au monde), mais également pour son programme spatial, avec notamment l’opérateur de satellites SES. 

Mais au-delà de l'aventure industrielle, certains s'inquiètent d'une privatisation de l'espace. « Planetary Resources, financée par les fondateurs de Google et de Virgin, Deep Space Industry, ou Moon Express, des compagnies de transport ou de forage spatial, pourront prélever et commercialiser des ressources, elles seront juridiquement protégées par le Space Act», notait RFI. Nombreux sont ceux qui protestent contre cette course aux ressources spatiales. Ils estiment que la privatisation de ces éventuels minerais viole des traités existants comme Moon Agreement de 1979 ou le Outer Space Treaty de 1966. 

Pour l’instant la recherche minière est un rêve. Mais parfois les rêves deviennent réalité. En 2013, La valeur totale de l’industrie des communications par satellite avoisinait les 193 milliards de dollars. A peine 59 ans après le premier Spoutnik.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.