: Vidéo Quand les journalistes sont remplacés par des algorithmes
Quel avenir pour les médias d'information ? Les nouvelles technologies et l'intelligence artificielle vont-elles remplacer les journalistes ? "Complément d'enquête" à San Francisco, près de la Silicon Valley, où un site d'info veut révolutionner le genre.
Une rédaction sans journalistes ? Le défi est déjà relevé à San Francisco, près de la Silicon Valley. C'est là qu'Alexandre Elkrief, un jeune Français de 24 ans, a installé sa start-up en 2018. Avec une équipe de diplômés de Stanford, la prestigieuse université californienne, il a lancé un site internet d'information baptisé Knowhere (littéralement "savoir où").
Knowhere affiche clairement ses ambitions : "Devenir le plus gros employeur de journalistes du monde." Ou un peu plus modestement, nuance son fondateur, "développer une plateforme avec un business model qui soit rentable, pour pouvoir réallouer des ressources aux journalismes d'investigation, d'opinion, de terrain…".
50 articles par jour, entièrement rédigés par des algorithmes
En attendant, Knowhere mise surtout sur l'intelligence artificielle. Derrière les écrans, pas de journalistes, mais des ingénieurs et des informaticiens. Les 50 articles publiés quotidiennement sont entièrement rédigés par des logiciels autonomes. Ces articles sont générés à partir d'une base de 350 sources (New York Times, Washington Post, Agence France-Presse…) scrutées sur internet, explique A. Elkrief. Ce sont donc les contenus de la presse traditionnelle qui alimentent les algorithmes de Knowhere News.
Un article, trois versions : une factuelle, une "de droite", une "de gauche"
Parce qu'ils jugent ces contenus trop orientés, les jeunes entrepreneurs ont développé leur propre concept : des articles à la carte, en fonction de la couleur politique. Exemple avec un article consacré aux Mexicains qui veulent émigrer aux Etats-Unis. Il en existe trois versions : une "impartiale", factuelle ; "une version de droite qui insiste sur le fait que Trump a renforcé la sécurité à la frontière" ; et "la version de gauche qui nous dit que Trump force les demandeurs d'asile à attendre au Mexique". Trois types d'articles produits sans intervention humaine, qui seront vérifiés in fine par un rédacteur. Est-ce suffisant pour se protéger des fausses informations quand on dépend entièrement d'autres sources ?
Des articles rouges, des bleus, et des blancs. Des codes couleur simples. Une vérité, et deux visions du monde. L'information facile à produire et à classer, grâce aux algorithmes.
Extrait de "Le journaliste était… un robot", un reportage de "Complément d'enquête" diffusé le 14 février 2019
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