Le pape François reconnaît le "génocide" des Arméniens
C'est la première fois que ce mot est prononcé en public par un souverain pontife.
Cette sortie va-t-elle brouiller les relations du Vatican avec la Turquie ? Le pape François a utilisé dimanche 12 avril, dans le cadre solennel de la basilique Saint-Pierre de Rome (Vatican), le terme de "génocide" pour évoquer le massacre des Arméniens il y a cent ans. C'est la première fois que ce mot est prononcé en public par un souverain pontife. Ankara n'a pas apprécié l'emploi de ce mot.
"Au siècle dernier, notre famille humaine a traversé trois tragédies massives et sans précédent. La première, qui est largement considérée comme 'le premier génocide du XXe siècle', a frappé votre peuple arménien", a déclaré François en citant un document signé en 2001 par le pape Jean Paul II et le patriarche arménien. "Les deux autres ont été ceux perpétrés par le nazisme et par le stalinisme. Et plus récemment d'autres exterminations de masse, comme celles au Cambodge, au Rwanda, au Burundi, en Bosnie", a-t-il ajouté.
Cette déclaration a eu lieu à l'ouverture d'une messe à la mémoire des Arméniens massacrés entre 1915 et 1917, concélébrée avec le patriarche arménien, Nerses Bedros XIX Tarmouni, avec des éléments du rite catholique arménien et en présence du président du pays, Serzh Sargsyan.
Ce terme est "loin de la réalité légale et historique", a vivement réagi le ministre des Affaires étrangères turc, Mevlut Cavusoglu. Cette déclaration "ne peut pas être acceptée", a-t-il déclaré sur son compte Twitter, qualifiant les propos de François "d'allégations sans fondement".
Jean Paul II l'avait écrit
Si cette déclaration publique est une première, le pape Jean Paul II avait déjà utilisé le terme de "génocide" en 2000 dans un document, rappelle l'AFP. Avant de devenir pape il y a deux ans, Jorge Bergoglio l'avait pour sa part utilisé à plusieurs reprises. Depuis sa prise de fonction, le pape François avait prononcé ce mot au moins une fois en privé, à l'occasion d'une visite au Vatican d'une délégation de l'Eglise arménienne, en juin 2013.
Les Arméniens estiment qu'entre 1,2 millions et 1,5 million des leurs ont été tués entre 1915 et 1917, à la fin de l'empire ottoman. Nombre d'historiens et plus d'une vingtaine de pays, dont la France, l'Italie et la Russie, ont reconnu ce génocide. La Turquie affirme pour sa part qu'il s'agissait d'une guerre civile dans laquelle 300 000 à 500 000 Arméniens et autant de Turcs ont trouvé la mort.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.