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Venezuela : cinq choses que vous ignorez sûrement sur Juan Guaido, l'homme qui a osé défier Nicolas Maduro

Le jeune homme de 35 ans n'a pas hésité à défier le chef du gouvernement en se proclamant, mercredi, "président" par intérim du pays.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Le président de l'Assemblée nationale, Juan Guaido, qui s'est autoproclamé "président par intérim" du Venezuela, devant l'église San Jos"é de Caracas, le 27 janvier 2019. (LUIS ROBAYO / AFP)

Il est devenu en quelques semaines le visage de l'opposition. Juan Guaido, député de 35 ans, s'est autoproclamé mercredi 23 janvier "président" par intérim du Venezuela. Un parfait inconnu, qualifié de "gamin qui joue à la politique" par le chef de l'Etat Nicolas Maduro et qui vient de crever l'écran en l'espace de 24 heures. Voici quelques éléments à connaître.

1C'est un nouveau visage de la politique

Juan Guaido débute en politique en 2007 avec la génération des étudiants qui descendent dans la rue contre l'ex-président Hugo Chavez, mort en 2013. "Guaido est un nouveau visage, vu comme un homme de consensus par les modérés et respecté aussi par les radicaux pour avoir participé activement aux manifestations", explique Diego Moya-Ocampos, analyste du cabinet IHS Markit, basé à Londres.

Membre fondateur, en 2009, du parti Volonté populaire, il en devient l'un des chefs de file. Son leader Leopoldo Lopez a en effet passé ces dernières années en prison ou assigné à résidence car il est accusé d'incitation à la violence lors d'une vague de manifestations en 2014. Ensuite suppléant en 2010, Juan Guaido est élu député de son Etat de Vargas en 2015.

Le 5 janvier dernier, les choses s'accélèrent. Jusqu'alors peu connu du grand public, il devient subitement le plus jeune président du Parlement, unique institution contrôlée par l'opposition. "Sa jeunesse le sert, dans un pays où les jeunes ont déserté par milliers", explique la professeure de sciences politiques Elsa Cardozo, citée par Le Monde.

Guaido n'a pas le côté BCBG des leaders traditionnels de l'opposition. Il n'a pas de passé politique, ni de casseroles.

Elsa Cardozo, professeure de sciences politiques

au "Monde"

Près de trois semaines plus tard, il endosse le rôle de leader de l'opposition, en s'autoproclamant "président" par intérim du pays. "Aujourd'hui, 23 janvier 2019, en tant que président de l'Assemblée nationale, invoquant les articles de la Constitution bolivarienne de la République du Venezuela, toute notre action étant basée sur notre Constitution, devant Dieu tout-puissant, le Venezuela, et avec tout le respect de mes collègues et membres de la Table de l'Unité, je jure d'assumer formellement les compétences du pouvoir exécutif national, en tant que président en charge du Venezuela, pour parvenir à l'arrêt de l'usurpation du pouvoir, un gouvernement de transition, et des élections libres", s'exclame-t-il, cité par RFI.

2Il ne vient pas des hautes sphères de la société

Juan Guaido a grandi à La Guaira, près de Caracas, dans une famille de cinq frères et sœurs élevés par un père "pilote de ligne" et une "mère au foyer", indique Bloomberg (en anglais). Il a étudié l'ingénierie industrielle à l'université catholique Andrés Bello, à Caracas, détaille CNN (en anglais), et a ensuite décroché un diplôme en administration publique à l'université américaine George Washington.

Déjà à l'époque, il s'engageait en politique. Selon The Independent (en anglais), il prenait alors part à des manifestations contre le gouvernement d'Hugo Chavez. 

3Il ne cache pas son opposition à Maduro

Juan Guaido multiplie les fronts contre le pouvoir chaviste : proposition d'un gouvernement de transition, promesse d'"amnistie" aux militaires acceptant de rejoindre l'opposition... Il a aussi organisé une grande mobilisation contre le régime mercredi 23 janvier, qui a finalement réuni des dizaines de milliers d'opposants à Caracas et dans le reste du pays.

"Une de ses principales qualités, c'est de monter des équipes. Il comprend les différentes positions et fait tout ce qui est possible pour n'en faire qu'une", explique le député Juan Andrés Mejia, qui appartient comme lui au parti Volonté populaire.

"Son arrestation (...) scelle son statut de leader de l'opposition", ajoute Le Figaro. En effet, le 13 janvier, Juan Guaido est arrêté par les services de renseignement vénézuéliens, lors d'une opération spectaculaire au milieu de l'autoroute alors qu'il se rendait à une réunion politique. Les images font le tour du monde. Il sera relâché au bout d'une heure.

4Il a survécu à la tragédie de Vargas

"Je suis un survivant, pas une victime", aime à rappeler Juan Guaido. L'homme politique fait ici référence à la tragédie de 1999 dans l'Etat de Vargas (nord), dont il est sorti indemne.

Des habitants marchent parmi les débris à La Guaria (Venezuela) le 19 décembre 1999 après d'importantes inondations. (JORGE UZON / AFP)

En décembre de cette année-là, des pluies diluviennes causent d'énormes éboulements dans cette zone, à 25 kilomètres au nord de Caracas, provoquant la mort de 10 000 personnes, selon la Croix-Rouge. Il vit alors dans cette région côtière avec sa mère et ses cinq frères et sœurs. "Je sais ce que c'est d'avoir faim", confie-t-il.

5Il a reçu de nombreux soutiens à l'international

Depuis qu'il a endossé le costume de chef de file de l'opposition, ce grand brun au teint mat est rapidement passé de l'ombre à la lumière. Dans la foulée de sa prise de fonction de président du Parlement, Juan Guaido a reçu le soutien des Etats-Unis, de l'Organisation des Etats américains (OEA), du Brésil – désormais dirigé par le président d'extrême droite Jair Bolsonaro – du Chili, de l'Argentine, du Pérou ou encore du Canada.

Mercredi, Juan Guaido a d'ailleurs été immédiatement reconnu comme "président" par intérim par le président américain Donald Trump et le secrétaire général de l'OEA, l'Uruguayen Luis Almagro, lui a assuré sa "reconnaissance pour impulser le retour de la démocratie dans ce pays".

De son côté, l'Union européenne a appelé "à l'ouverture immédiate d'un processus politique débouchant sur des élections libres et crédibles", a affirmé la haute représentante de l'UE, Federica Mogherini. "Après l'élection illégitime de Nicolas Maduro en mai 2018, l'Europe soutient la restauration de la démocratie", a complété Emmanuel Macron dans un tweet.

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