: Vidéo Venezuela : dans la ville de La Guaira, une longue dégringolade vers la misère
Entre 80% et 90% des habitants de cette ville située dans le nord du Venezuela vivent désormais sous le seuil de pauvreté, selon une enquête sur les conditions de vie menée par les principales universités du pays. La crise économique a fait disparaître la classe moyenne et certaines personnes peinent même à s'alimenter.
C'est l'histoire d'une ville jadis prospère aujourd'hui en souffrance. Frappés par la crise économique sans précédent qui frappe le Venezuela, les hôtels de La Guaira sont aujourd'hui à l'abandon, tandis que les maternités tournent au ralenti et que les pêcheurs sont au chômage. Dans ces conditions, il devient même difficile de s'alimenter. La solidarité se met donc en place, à travers l'action d'ONG comme Caritas. "Nous n'avons pas les moyens pour aider notre propre peuple, résume Iris, une ancienne infirmière.
"Je pesais 80 kg, aujourd'hui j'en pèse 52"
Des journalistes de France 2 se sont rendus chez Michèle, qui vit dans un bidonville insalubre situé à flanc de colline. Au mur, une photo de cette femme et de son mari est suspendue, comme le dernier témoin d'une époque plus douce, aujourd'hui révolue. "Je pesais 80 kg et mon mari, 120. Maintenant, j'en pèse 52." Cette habitante explique qu'elle avale une simple galette de maïs en guise de repas. "Le plus dur, c'est quand mes enfants me disent qu'ils ont faim, qu'ils en ont marre de ne manger qu'une galette. Je leur dis que je n'ai rien d'autre." L'association leur offre trois repas par semaine, afin de les accompagner.
Chaque porte cache une histoire difficile. Un peu plus loin, Iris et la médecin de Caritas vont rendre visite à des enfants qui affirment vivre seuls, sans adulte. "Maman est à l'hôpital", répond une fillette occupée à faire chauffer des aliments. "De plus en plus de familles laissent leurs enfants sous la surveillance de voisins" et partent travailler à l'étranger pendant deux ou trois mois, explique le docteur Albina Rosa. D'autres adultes préfèrent emmener leurs enfants pour chercher fortune ailleurs. Les classes ont perdu un tiers de leurs effectifs en moyenne. "Ce n'est pas facile de vous dire où sont les enfants absents, ils ne disent pas le motif", concède une enseignante.
Entre 80 et 90% des Vénézuéliens sous le seuil de pauvreté
Avec la crise économique, la classe moyenne a disparu et entre 80% et 90% des Vénézuéliens vivent aujourd'hui sous le seuil de pauvreté, selon l'enquête Encovi menée par les universités du pays (48,4% en 2014). Une partie de la population attend désormais l'aide humanitaire d'urgence envoyée par les Etats-Unis et qui s'accumule dans des entrepôts en Colombie, pays frontalier du Venezuela. Le président Nicolas Maduro, pour sa part, nie toute famine dans son pays et rejette cette aide, qu'il qualifie de "show politique" censé préparer une intervention militaire de Washington.
>> Guerre civile, putsch militaire ou négociations : vers quoi s'oriente la crise au Venezuela ?
Ce point est un thème d'extrême tension. L'opposant Juan Guaido, reconnu comme président intérimaire par une cinquantaine de pays, a affirmé que l'aide entrerait dans le pays le 23 février, soit un mois après son autoproclamation comme président par intérim. Il a demandé aux quelque 250 000 volontaires inscrits pour participer à l'acheminement de l'aide stockée à la frontière de se tenir prêts pour "former des caravanes". Juan Guaido cherche également à briser l'unité de l'armée. Il a offert l'amnistie aux militaires qui désavoueraient le chef de l'Etat et les a prévenus que bloquer l'aide constituerait un "crime contre l'humanité".
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