Cinéma : "L’amant double" de François Ozon, en DVD, le 27 septembre 2017.
Un thriller "hitchockien" avec Jérémie Renier et Marine Vacth.
Après "Frantz", récompensé aux César, François Ozon est revenu au Festival de Cannes avec "L’amant double" un thriller érotique, qualifié d’hitchockien par le délégué général du Festival de Cannes, Thierry Frémaux.
Chloé, interprétée par Marine Vacth, une jeune femme fragile, tombe amoureuse de son psychothérapeute, Paul, joué par Jérémie Renier. Quelques mois plus tard, ils s’installent ensemble, mais elle découvre que son amant lui a caché une partie de son identité.
Extrait d’un entretien Avec François Ozon
La psychanalyse
Depuis longtemps, je voulais essayer de retranscrire cinématographiquement l’expérience d’une séance d’analyse. Au début, Chloé monologue face à son psy, parle de ses rêves, de ce qu’elle ressent, de ses sentiments, de sa famille… Le spectateur est plongé dans son intimité et cette immersion peut provoquer une angoisse : est-ce que ça va durer comme ça pendant une heure et demie ? Je ne voulais pas me laisser figer par le dispositif analytique, avec son lieu unique, son caractère statique et ses places définies, je voulais capter quelque chose de plus mouvant, que le spectateur suive cette psychothérapie comme un psychanalyste peut lui-même écouter ses patients : de manière flottante. Dans la mise en scène de ces premières séances, les effets visuels et les changements de points de vue jouent presque contre la parole.
La double vie
Le personnage de Louis peut être perçu comme un avatar, qui permet à Chloé de vivre des désirs et des fantasmes qu’elle ne se permet pas avec Paul. Comme si son amour pour Paul l’empêchait d’assouvir une sexualité plus violente et plus épanouie. Mes films racontent souvent notre besoin d’imaginaire pour supporter le réel. Dans toute relation de couple, même heureuse, il y a une part de frustration et le besoin d’un espace mental où le fantasme peut s’exprimer. L’autre ne peut jamais satisfaire entièrement nos désirs. On a souvent besoin de plus, ou différemment, d’un à-côté.
Un thriller mental
La subjectivité dans laquelle nous plongent les dix premières minutes du film contamine le reste de l’histoire. L’idée était de suivre Chloé de manière linéaire et dans une tension narrative en jouant sur une forme de suspense, mais d’être ancré dans une réalité vacillante, avec des moments de décrochages mentaux, fantasmatiques. Ce qui me permet de ne pas être dans un registre de réalisme pur et de flirter sans cesse avec l’imaginaire du personnage. De même j’aimais l’idée que le danger et la menace extérieurs qu’elle ressent se révèlent un mal intérieur.
La mise en scène
"L’amant double" raconte une histoire essentiellement mentale et l’idée était de construire une mise en scène architecturale, de jouer sur la symétrie, les reflets, la géométrie. Tous les décors ont été pensés dans cet objectif : donner l’impression que quelque chose s’échafaude, comme un cerveau élabore une pensée. J’avais tourné mes derniers films en 35 mm mais là, j’ai eu envie de revenir au numérique, en scope et d’expérimenter une image plus contemporaine, plus nette, voire chirurgicale à certains moments, tout en restant très esthétique.
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