Affaire Damien Abad : l'avocate Rachel-Flore Pardo dénonce la décision "surprenante" du parquet de ne pas lancer d'enquête
"Aujourd'hui il n'y a pas d'enquête, mais ça ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas demain", prévient l'avocate, fondatrice de l'association féministe Stop Fisha.
"Cette décision du parquet de ne pas ouvrir d'enquête est surprenante", a commenté l'avocate Rachel-Flore Pardo jeudi 26 mai sur France Inter, alors que la justice a fait savoir mercredi qu'elle n'ouvrait pas d'enquête préliminaire "en l'état" sur les accusations de violences sexuelles visant le nouveau ministre des Solidarités Damien Abad. Une décision justifiée par l'absence "d'éléments permettant d'identifier la victime des faits dénoncés", alors que l'Observatoire des violences sexistes et sexuelles en politique - auprès duquel l'une des victimes a témoigné - assure ne pas avoir pas été contacté. "Aujourd'hui il n'y a pas d'enquête, mais ça ne veut pas dire qu'il n'y en aura pas demain", a toutefois nuancé Rachel-Flore Pardo.
"Cette décision du parquet de ne pas ouvrir" d'enquête dans l'affaire Damien Abad "est surprenante", déplore @rachelflore #le79inter pic.twitter.com/0XgLsoSH6N
— France Inter (@franceinter) May 26, 2022
La fondatrice de Stop Fisha, association féministe contre le cyber sexisme, a plus largement pointé du doigt les limites, "les défaillances", de la justice en matière de violences sexistes et sexuelles. La plainte de Margaux, l'une des deux femmes accusant Damien Abad de viols, a été classée sans suite en 2017. "Si cette décision avait été comprise, on n'aurait pas aujourd'hui deux clans qui s'opposent. Ça contribue à nourrir chez les victimes une forme de méfiance et ça alimente le tribunal médiatique", a-t-elle affirmé, déplorant que "la grande majorité" des plaintes sont classées sans suite au motif "que l'infraction n'est pas suffisamment caractérisée". "Chaque faille de la justice fait le triomphe du tribunal médiatique et c'est pour ça que l'urgence c'est de réparer la justice", a insisté Rachel-Flore Pardo.
"Pourquoi c'est si compliqué d'être victime aujourd'hui ?"
Selon elle, "il faut lui donner les moyens de vraiment prendre en charge les victimes". "Je souhaite, j'attends, que cette affaire, ce grand malaise, conduise à la création d'une autorité qui pourra apporter des réponses à ces cas", a ajouté l'avocate. Selon elle, il faut entendre la parole de la victime dans l'attente de la réponse judiciaire, respecter la présomption d'innocence sans tomber dans la "présomption de mensonge de la parole de la victime". "Pourquoi c'est si compliqué d'être victime aujourd'hui ? Ça ne devrait pas l'être", a dénoncé Rachel-Flore Pardo.
"Pourquoi c'est si compliqué d'être victime aujourd'hui ? Ça ne devrait pas l'être à mon sens" constate @rachelflore #le79inter pic.twitter.com/dxmk5iLwgg
— France Inter (@franceinter) May 26, 2022
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.