: Témoignage Margaux a porté plainte pour viol contre Damien Abad : "Je ne pouvais plus supporter d'en souffrir et que lui ne soit inquiété en rien"
À peine nommé ministre des Solidarités, Damien Abad est accusé de viols par deux femmes. Franceinfo a pu joindre l'une d'elle, qui estime qu'il y a eu "des manquements" dans l'enquête.
Avec une certaine fébrilité dans la voix, Margaux, une ancienne militante centriste de 35 ans qui a porté plainte pour viol contre Damien Abad, accepte de témoigner pour une raison : "Ce que j'espère, c'est que la sortie dans la presse de cette affaire empêche d'autres victimes, permette à d'autres victimes éventuelles de parler, des victimes de Damien Abad comme des victimes tout court, d'autres personnes."
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Les faits relatés par Margaux remontent à 2011. Elle a 24 ans. Elle connaît Damien Abad depuis deux ans. Elle était vice-présidente des Jeunes démocrates à Paris, Damien Abad, député européen et président des Jeunes centristes-Nouveau Centre. Pendant deux ans, selon son récit, Abad la poursuit de ses assiduités jusqu’à un soir de janvier 2011 à Paris où elle assure avoir vécu une relation sexuelle empreinte "d'irrespect, d'injonction et d'insistance", qu'elle tente d'arrêter avec des "sous-entendus", de l'évitement. Puis la jeune femme affirme avoir subi une pénétration anale imposée, malgré un refus prononcé de manière "affirmée" et "à plusieurs reprises".
Elle s'y reprend à deux fois pour porter plainte
Margaux raconte comment elle a poussé à deux reprises les portes d'un commissariat de police pour tenter de parler : "J'ai porté plainte au commissariat un an après les faits, mais je n'ai pas réussi à signer et aller jusqu'au bout [Cette première plainte a en effet été classée sans suite le 6 avril 2012 du fait de la carence de la plaignante, précise le parquet à franceinfo]. Si j'ai réussi à le faire six ans plus tard, c'est parce que Damien Abad était omniprésent dans les médias et que je ne pouvais plus supporter de le voir, d'en souffrir et que lui ne soit inquiété en rien." Nous sommes à ce moment-là en 2017. Damien Abad est le porte-parole du candidat François Fillon à la présidentielle. Auditionné par la police, le député conteste ces accusations. Il le répète aujourd'hui dans un communiqué. Selon lui, le handicap qui le touche, provoqué par une maladie rare, l'arthrogrypose, rend le viol impossible. "J'ai toujours été discret sur ce handicap, sur les contraintes qu'il m'impose, sur la façon dont il limite mes mouvements et mes gestes du quotidien", écrit-il.
"Dans ma situation, l'acte sexuel ne peut survenir qu'avec l'assistance et la bienveillance de ma partenaire."
Damien Abadcommuniqué
"Sans le consentement et la participation pleine et entière de l'autre, rien n'est possible", poursuit le nouveau ministre des Solidarités, de l'Autonomie et des Personnes handicapées.
La plainte de 2017 sera classée sans suite, l'enquête n'ayant pas permis de rassembler des preuves suffisantes. Mais pour Margaux, elle n'a surtout pas été suffisamment approfondie. "Il y a des manquements. Moi, j'ai certains de mes proches qui ont été auditionnés. Et lui, non. J'ai eu un examen médico-légal et lui qui affirme ne pas pouvoir, à cause de son handicap, faire ce qu'il a fait, n'a pas eu d'examen."
"Ça aurait été assez simple, pourtant, de pouvoir prouver qu'il est capable par un médecin."
Margauxà franceinfo
À l'époque, Margaux ne s'est pas constituée partie civile. Mais aujourd'hui, elle s'interroge : "Je n'avais pas l'impression que ça puisse aboutir à quelque chose. Après, il y a eu #metoo, une évolution des consciences, explique-t-elle. La possibilité s'est présentée à moi juste aujourd'hui. Je n'ai pas décidé". Une plainte avec constitution de partie civile relancerait automatiquement la procédure.
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