Affaire Bygmalion : Dominique Dord dit avoir été "abusé"
Dominique Dord est arrivé "serein " à la Police Judiciaire de Nanterre, sûr de ne rien avoir à se reprocher. L’ex-trésorier de l’UMP, qui avait démissionné en novembre 2012 au plus fort de la guerre entre Copé et Fillon pour la présidence de l'UMP, a été entendu mardi soir, dans le cadre de l’enquête préliminaire sur l’affaire Bygmalion.
Comment la société Bygmalion a-t-elle pu établir de fausses factures à l’UMP ? Interrogé, l’ancien trésorier a décrit en détail comment les dépenses étaient engagées au sein du parti : avant qu’il signe, il y avait toujours quatre validations en amont, assure-t-il, notamment celle de Jérôme Lavrilleux, le directeur de cabinet. Un système bien rôdé qui aurait fait que Dominique Dord ne se soit pas méfié :
"Peut-être que je suis un grand naïf, mais si je ne fais pas confiance aux types qui signent avant moi, il faut que je change de job ! Je ne me sens pas responsable, au sens où ma confiance a été abusée "
Le maire d'Aix-les-Bains a précisé également qu’il ne se rendait lui-même pas aux "conventions " facturées par Bygmalion, et ne pouvait donc pas vérifier si elles étaient fictives.
Réservé sur les aveux de Lavrilleux
S’il ne met pas en doute la parole de Jean-François Copé, qui se défend d’avoir été au courant de quoi que ce soit, il glisse tout de même qu’avec "des procédures rigoureuses ", "contrôlées par deux commissaires aux comptes, un expert comptable, un avocat spécialisé, la commission de contrôle interne statutaire et enfin la commission nationale indépendante qui certifie fin 2012 les comptes de l'UMP ", "ça fait quand même beaucoup de monde qui est passé à côté de cette affaire ".
Les aveux en direct de Jérôme Lavrilleux, chef de cabinet de l’UMP, ne l’ont pas convaincu : "A partir du moment où on peut avoir monté une affaire comme ça, on peut penser qu'il y a d'autres choses qui ne sont pas forcément si limpides que ça dans ses aveux ".
Entendu comme simple témoin dans cette enquête préliminaire, il ne risquait pas d’être mis en cause pénalement. Il s’est engagé néanmoins à dire toute sa vérité, et promet de se tenir à disposition des enquêteurs, en vue d'une éventuelle, prochaine audition.
Arnaud Robinet n'a "pas été informé " de cette convention
Arnaud Robinet, député-maire de Reims, a lui été entendu par les enquêteurs, ce mercredi matin. Son nom est associé à un de ces conventions facturées à Bygmalion, sur le thème des "retraites". Entendu également comme témoin, il a confirmé à la PJ qu’il ne s’était jamais rendu à cette convention.
"J'ai remis aux enquêteurs une copie de mon agenda, qui montre que je ne pouvais pas être le 21 mars 2012 à cette convention sur les retraites facturée 299.000 euros. Je n'en avais même pas été informé, ce qui est plutôt étrange pour un secrétaire national de l'UMP chargé des retraites (...) J'ai du mal à savoir qui croire dans cette affaire "
Cette convention pourrait donc être elle aussi un événement fictif facturé pour dissimuler des prestations de la campagne présidentielles de Nicolas Sarkozy. Mais contrairement à Pierre Lellouche, auditionné lundi, son nom n'apparaît pas directement sur les documents. Il n'a donc pas l'intention de déposer plainte contre X.
Arnaud Robinet a indiqué qu'il avait été questionné sur ses relations avec le directeur de cabinet de Jean-François Copé, avec le directeur général du parti Eric Césari, mais aussi sur d'éventuels liens avec Bygmalion. "J'ai reçu des cours de média-training de Bygmalion en 2009, mais ils n'étaient pas fictifs ", a-t-il précisé.
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