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Affaire Bettencourt : la juge Isabelle Prévost-Desprez relaxée de "violation du secret professionnel"

La magistrate, chargée de l'enquête sur un des volets de l'affaire Bettencourt, était soupçonnée d'avoir transmis des informations concernant une perquisition et une audition à des journalistes du "Monde".

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
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La juge Isabelle Prévost-Desprez, le 9 juin 2015 à Bordeaux (Gironde), à l'ouverture de son procès pour "violation du secret professionnel". (JEAN-PIERRE MULLER / AFP)

Le tribunal correctionnel de Bordeaux a relaxé, jeudi 2 juillet, la juge de Nanterre Isabelle Prévost-Desprez. Elle était poursuivie pour "violation du secret professionnel" pendant l'enquête sur la retentissante affaire Bettencourt.

Le tribunal n'a pas suivi le ministère public, qui avait requis lors de l'audience, début juin, une peine d'amende de 5 000 euros. Le procureur-adjoint Gérard Aldigé avait estimé que "la violation du secret professionnel était manifeste", parlant même d'une "atteinte intolérable à la présomption d'innocence".

Coïncidences troublantes

La magistrate était poursuivie pour des fuites à destination des journalistes du Monde, Gérard Davet et Jacques Follorou, qui avaient mis en ligne un article alors qu'une perquisition au domicile de Liliane Bettencourt était en cours en 2010. Deux SMS envoyés par la juge à Jacques Follorou, avec lequel elle avait cosigné quelques mois auparavant un livre intitulé Un juge à abattre (éd. Fayard), avaient été retrouvés pendant l'instruction, sans que leur contenu soit dévoilé.

Isabelle Prévost-Desprez a reconnu l'existence de ces deux messages, mais a nié avoir informé les journalistes de la perquisition. Elle a reconnu avoir envoyé un SMS pour préciser qu'elle ne se trouvait pas sur place, chez Liliane Bettencourt, contrairement à ce qui était écrit par Le Monde. Le président Denis Roucou a décrit lors de la lecture partielle du jugement "des coïncidences troublantes" mais sans que cela puisse constituer des "preuves suffisantes".

Un climat délétère entre Prévost-Desprez et Courroye

Isabelle Prévost-Desprez était également accusée d'avoir transmis des éléments du contenu des auditions, en juillet 2010, de deux témoins dans l'affaire Bettencourt, ce qu'elle niait. Le tribunal a estimé que, malgré le nombre important de ses contacts avec les journalistes, "il ne peut être déduit que le contenu concerne les procès-verbaux d'auditions".

Isabelle Prévost-Desprez, chargée d'un supplément d'information dans l'affaire Bettencourt, s'intéressait alors aux liens entre la milliardaire et le financement de la campagne électorale de 2007 du futur président Nicolas Sarkozy. L'ex-chef de l'Etat, mis en examen pour abus de faiblesse au détriment de l'héritière de L'Oréal en mars 2013, a finalement bénéficié d'un non-lieu en octobre 2013.

Le climat qui régnait entre la juge Prévost-Desprez et le procureur de Nanterre Philippe Courroye, qualifié de "délétère" par l'avocat de la magistrate François Saint-Pierre, avait conduit la cour de cassation en novembre 2010 à dépayser l'ensemble de l'affaire Bettencourt à Bordeaux.

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