Le gestionnaire de fortune de Liliane Bettencourt a passé plus de 5h en garde à vue, vendredi à la brigade financière
Son interrogatoire, commencé vendredi vers 8h selon des sources proches du dossier, s'est terminé vers 13h20.
Patrice de Maistre, déjà placé en garde à vue à la brigade financière les 15 et 16 juillet, a été de nouveau entendu dans le cadre de l'enquête sur le contenu des écoutes clandestines.
D'après le parquet de Nanterre, il s'agissait d'une "reprise de garde à vue", les enquêteurs disposant encore de 11h30 pour entendre Patrice de Maistre, après les 36h de garde à vue écoulées les 15 et 16 juillet.
Maistre confronté aux déclarations d'Eric Woerth
Face aux enquêteurs, Patrice de Maistre a "apporté des précisions" après les témoignages des autres protagonistes de l'affaire, dont Eric Woerth -entendu jeudi-, a expliqué son avocat, Me Pascal Wilhelm. Selon l'avocat, il s'agissait de "clarifier quelques points, quelques souvenirs qui pouvaient diverger légèrement". Eric Woerth et Patrice de Maistre divergeaient jusque-là sur les conditions de l'embauche de l'épouse du ministre du Travail en 2007 par le patron de Clymène, en charge de la gestion de la fortune de Liliane Bettencourt.
Jeudi, lors de son audition par les policiers, le ministre du Travail a expliqué "avoir évoqué avec Patrice de Maistre, au cours d'une conversation banale, la profession de son épouse", mais "à un moment où il n'était pas ministre", selon Me Le Borgne. "A aucun moment (il) n'est intervenu pour que son épouse soit embauchée par M. de Maistre", a assuré Me Le Borgne. Interrogé sur ce point, Philippe de Maistre "a confirmé ce qu'il avait dit lors de sa première garde à vue, à savoir qu'Eric Woerth lui avait demandé de la recevoir mais pour discuter de son parcours professionnel, pas pour l'embaucher", a-t-il indiqué.
Dans les enregistrements pirates réalisés au domicile de Liliane Bettencourt, Philippe de Maistre affirme avoir embauché Florence Woerth "à la demande" de son mari. Une version que le patron de Clymène a démenti depuis lors, tout en maintenant avoir rencontré Florence Woerth sur requête du ministre.
Interrogé sur les accusations proférées par l'ancienne comptable de la milliardaire, Claire Thibout, Philippe de Maistre a par ailleurs "démenti avec force" tout financement politique occulte, selon Me Wilhelm. Claire Thibout, licenciée en 2008 après plusieurs années passées au service de l'héritière de L'Oréal, affirme que Philippe de Maistre lui a demandé de retirer la somme de 150.000 euros début 2007, afin de la remettre à Eric Woerth, trésorier de l'UMP et de la campagne de Nicolas Sarkozy.
Des agendas saisis par les enquêteurs montrent l'existence d'une rencontre entre Eric Woerth et Patrice de Maistre le 19 janvier 2007, mais aucun élément matériel n'atteste qu'une remise d'argent a eu lieu à cette date-là.
Lors de son audition par la police, jeudi, Eric Woerth a reconnu - tout comme Patrice de Maistre - l'existence d'une rencontre à cette date mais a nié avoir reçu une enveloppe d'argent, récusant de façon plus globale les accusations de financement politique illégal. "C'est dans les termes de la loi et en fonction de ce que les règles de la République permettent que des financements ont été recueillis. Toutes autres allégations ne sont que des mensonges", a assuré Me Jean-Yves Le Borgne.
Vendredi, le ministre du Travail a officiellement quitté son poste de trésorier de l'UMP, comme il l'avait annoncé il y a quinze jours, pour mettre un terme à la polémique liée à sa double casquette. Lors de son audition jeudi, il a récusé tous les soupçons de conflit d'intérêt et de financement politique illégal, selon son avocat, Me Jean-Yves Leborgne, qui demande que le ministre soit désormais mis "en dehors de la polémique".
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