Affaire Richard Ferrand : paroles d’électeurs troublés à Motreff, le fief du ministre de la Cohésion des territoires
Depuis l'ouverture d'une enquête préliminaire sur l'affaire immobilière impliquant Richard Ferrand, les commentaires vont bon train à Motreff, son fief du Finistère. La confiance des habitants paraît suspendue aux résultats des investigations.
Comment l’ouverture d’une enquête préliminaire sur l'affaire immobilière concernant Richard Ferrand est-elle vécue sur ses terres ? La confiance des habitants de Motreff, résidence du ministre de la Cohésion des territoires, semble suspendue aux résultats des investigations. Plus des trois quarts des électeurs de la commune avaient voté pour lui en 2012. Dans cette 6e circonscription du Finistère, le député avait été élu à 58,36% face à un candidat UMP.
Un ministre connu, mais peu vu à Motreff
Sur le papier, Motreff devrait être le fief de Richard Ferrand mais l’ancrage du ministre ne résonne pas, ou ne résonne plus, comme une évidence. "Il ne vit pas là", constate une habitante. Un voisin précise que "ces gens que l’on voit juste le jour des élections ne viennent pas chercher leur pain au bourg". Il hésite encore, sachant que l’enquête préliminaire ne fait que commencer. Mais au final, cet électeur pense que son choix se portera à nouveau sur Richard Ferrand aux législatives. "Je crois que ça chipote pas mal. De toutes façons, il faudra bien voter pour quelqu’un", dit-il. En précisant n'avoir jamais rencontré le député, un voisin se demande toutefois si un ministre dans un bourg n’est pas une bonne chose.
Quand le doute s'instille...
En face de l’église, à l’épicerie-bar, on appelle le député par son prénom, mais on a la dent bien plus dure. "Richard a critiqué Fillon mais il fait la même chose. C’est de la magouille, pour être politique, il faut du pognon. Ils sont tous à mettre dans le même sac", lâche un client. Attablé au café, un habitant de Motreff broie du noir. Cet ancien professeur de mathématiques explique qu'il a été longtemps supporter de Richard Ferrand : "J’ai même distribué des tracts pour lui la dernière fois". Le retraité apprécie que le parquet de Brest se mêle de l'affaire.
Tant que ce ne sera pas clair, je ne peux pas m’engager à voter pour lui.
Un retraité de Motreff
Derrière le comptoir, Patrick évoque une petite phrase attribuée à l’entourage du ministre. Même si l’enquête devait être classée sans suite, les mots resteront. "Il a dit qu’il avait été obligé d’employer son fils parce qu’en Centre Bretagne, on ne sait pas lire, ni écrire, ni se servir d’internet", résume-t-il. Richard Ferrand s’était immédiatement désolidarisé de cette déclaration, mais le mal est fait. D'ailleurs, il semble peser autant que les soupçons qui plannent sur l’affaire immobilière et qui fragilisent le lien entre les électeurs et la classe politique.
Un monde politique vu d'ailleurs
Pascale, la patronne du café-épicerie, a son idée sur le monde de la politique. "Je pense que le milieu doit pourrir petit à petit les jeunes qui ont la fougue", dit-elle.
On ne s’attend pas à ce qu’une personne se retrouve dans cette situation- là, mais on n’est pas surpris, parce que beaucoup profitent d’un système leur permettant de faire des choses immorales de façon légale.
Pascale, commerçante à Motreff
"Ils ne comprennent pas qu’on leur en veuille de faire toutes ces choses-là", ajoute la commerçante. Pourtant, le titre retenu pour le texte sur la moralisation de la vie politique présenté jeudi par le ministre de la Justice, est le suivant : "Loi pour la confiance dans notre vie démocratique"...
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