L'affaire Tapie, une patate chaude pour les anciens ministres de Sarkozy
Jean-Louis Borloo et Rachida Dati, se sont défendus d'avoir pris part à l'arbitrage qui a octroyé 403 millions d'euros à l'homme d'affaires en 2008.
Au lendemain de la mise en examen d'un des trois juges arbitre, les anciens membres du gouvernement Sarkozy se débattent pour échapper à l'affaire Tapie. Car les regards se tournent vers eux. Pour François Bayrou (MoDem), invité de France Info jeudi 30 mai, "l'arbitrage contesté en faveur de [Bernard Tapie] n'a pu être décidé qu'avec l'approbation du sommet de l'Etat."
Le centriste a ainsi visé de façon implicite Nicolas Sarkozy, au pouvoir en 2008 lors de l'arbitrage. Selon lui, "il y a un très fort soupçon d'une manœuvre organisée au sein même de l'Etat, une manœuvre concertée, réfléchie, voulue, approuvée pour qu'on détourne une somme colossale". Face à ces accusations, les anciens ministres du gouvernement Sarkozy se sont défendus.
Jean-Louis Borloo n'a pas "donné" d'instruction
Son nom revient souvent dans le dossier. Le président de l'UDI a réfuté, sur RTL, avoir plaidé en faveur d'une procédure d'arbitrage pour régler le litige opposant Bernard Tapie au Crédit Lyonnais, lors de son passage à Bercy en mai-juin 2007. Il dément ainsi les déclarations de son ex-directeur de cabinet, Stéphane Richard. "J'ai passé quatre semaines à Bercy, personne ne m'a jamais sollicité dans ce dossier-là. Je ne m'en suis pas saisi (...) Je n'ai donné aucune instruction", s'est ainsi défendu le député du Nord.
Rachida Dati est restée "en dehors" du dossier
Comme Jean-Louis Borloo, l'ancienne ministre de la Justice s'est elle aussi défendue dans la matinée d'être impliquée dans l'affaire Tapie lorsqu'elle était garde des Sceaux (de 2007 à 2009). Interrogée sur i-Télé sur son rôle dans le dossier, elle a indiqué s'être "toujours gardée de rester en dehors (sic) de cette procédure". "J'ai voulu non seulement protéger mon cabinet, mais également l'administration que j'avais sous mon autorité", a-t-elle déclaré.
Christine Lagarde a "toujours agi dans l'intérêt de l'Etat"
La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) a réagi la semaine dernière, après avoir été placée sous statut de témoin assisté à l'issue de son audition par la Cour de justice de la République (CJR). Christine Lagarde, mise en cause pour son rôle dans la décision de s'en remettre à un tribunal arbitral alors qu'elle était ministre de l'Economie, a précisé avoir agi "conformément à la loi". "Mes explications ont permis d'apporter une réponse aux doutes", a-t-elle encore indiqué.
Valérie Pécresse défend prudemment l'arbitrage
"Je crois sincérement que l'idée de l'arbitrage se justifiait", a estimé de son côté Valérie Pécresse, alors ministre de l'Enseignement supérieur et de la recherche, sur France 2. L'idée était "de mettre fin à un contentieux entre Tapie et le Crédit lyonnais qui durait depuis des années avec des jugements rendus dans tous les sens". "Le problème c'est la fixation de l'indemnité [versée à Bernard Tapie et atteignant 403 millions d'euros]", a déclaré l'élue des Yvelines. Mais c'est "à la justice de le dire".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.