Affaire Karachi : Takieddine porte plainte contre Balladur
L'homme d'affaires franco-libanais a porté plainte devant la Cour de justice de la République, compétente pour juger l'ancien Premier ministre.
AFFAIRE KARACHI - L'homme d'affaires franco-libanais Ziad Takieddine porte plainte contre l'ancien Premier ministre Edouard Balladur. Il a déposé une plainte lundi 3 septembre devant la Cour de justice de la République (CJR), pour complicité et recel d'abus de biens sociaux, dans le cadre de l'affaire Karachi.
Mais il ne s'agit pas de mettre en cause Edouard Balladur. Au contraire, Takieddine souhaite réorienter la procédure qui serait, selon lui, injustement fondée sur l'hypothèse d'un financement illégal de la campagne de Balladur de 1995. Son but est de mettre fin à la "rumeur", explique, dans un communiqué, Francis Vuillemin, l'avocat de l'homme d'affaires.
Mis en examen dans cette affaire notamment pour "blanchiment" d'argent, Takkiedine estime que les faits visés par l'enquête sur le volet financier de l'affaire Karachi "concernent au premier chef M. Edouard Balladur [et] sont du ressort exclusif de la Cour de justice de la République, ce qui explique la présente démarche judiciaire", selon la plainte consultée par l'AFP. Les juges Renaud Van Ruymbeke et Roger Le Loire enquêtent sur d'éventuelles malversations financières en marge de contrats d'armement ayant pu financer la campagne d'Edouard Balladur en 1995.
Multiples procédures
"L'instruction, dont on aurait pu légitimement croire qu'elle était destinée à rechercher l'origine, sous ses aspects financiers, de l'attentat de Karachi (...), s'est en réalité concentrée sur le financement de la campagne électorale d'Edouard Balladur alors Premier ministre", ajoute la plainte. La CJR est une juridiction compétente pour juger les infractions commises par les ministres durant l'exercice de leurs fonctions.
C'est une nouvelle péripétie d'une affaire à tiroirs qui fait déjà l'objet de multiples procédures. La justice examine le scénario d'une possible corruption massive en France, au Pakistan et en Arabie saoudite, sur fond de contrats d'armement, de luttes entre clans de la droite française en 1995. Avec, au final, un lien hypothétique avec un attentat ayant tué 11 Français à Karachi en 2002.
Ziad Takieddine, intermédiaire franco-libanais, est mis en examen car il est soupçonné d'avoir organisé le retour en France d'une partie des commissions légales convenues en marge de la vente de sous-marins au Pakistan (84 millions d'euros) et de frégates à l'Arabie saoudite (200 millions d'euros) dans les années 1990. L'argent pourrait avoir alimenté en espèces les caisses de la campagne d'Edouard Balladur, finalement éliminé au premier tour.
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