Attentat de Karachi: des lacunes de la sécurité selon les experts
Lors de l'attentat de Karachi, en mai 2002, un spécialiste de la DGSE évoque le manque de sécurité du personnel français.
Un ex-responsable des services de renseignement a pointé jeudi, devant un juge, des lacunes dans la sécurité du personnel de la DCN, cible d'un attentat à Karachi qui a tué 11 de ses salariés en mai 2002, a appris vendredi l'AFP de source proche du dossier.
Spécialiste du monde musulman et chef du service de renseignement de sécurité de la DGSE au moment de l'attaque, Alain Chouet était interrogé par le juge antiterroriste Marc Trévidic qui, outre l'attentat lui-même, enquête depuis mai 2012 sur des manquements présumés de la Direction des constructions navales (DCN).
Qui était en charge de la sécurité du personnel, lui a demandé le juge. "A ma connaissance, personne, mis à part la marine pakistanaise", a répondu M. Chouet, selon ce témoignage dont l'AFP a consulté le compte-rendu.
La marine pakistanaise aurait "proposé à la DCN, avant l'attentat, d'héberger son personnel dans les locaux de l'arsenal", plutôt qu'à l'hôtel. Ce qui aurait permis d'éviter les trajets quotidiens vers les chantiers où la DCN assemblait des sous-marins dans le cadre du contrat Agosta, a poursuivi M. Chouet.
"La DCN avait décliné cette proposition", a-t-il affirmé, sans savoir "si c'est la DCN qui avait refusé ou si ce sont les personnels qui préféraient être logés à l'hôtel".
Pour l'ancien haut responsable de la DGSE, les ouvriers de la DCN "étaient vulnérables". "Ils empruntaient toujours le même itinéraire, à la même heure et avec le même véhicule".
S'il concède que les autorités pakistanaises se seraient peut-être montrées réticentes à accepter une escorte armée française, il juge que le concours d'un spécialiste de la sécurité aurait été "envisageable", "éminemment souhaitable", "mais à (sa) connaissance ça n'a pas été fait". "Qu'un conseiller en sécurité donne des conseils, c'était un poste à plein temps qui coûtait de l'argent", a dit M. Chouet.
Lors de cette audition, cet ancien officier supérieur du renseignement français a confirmé que la DGSE privilégiait à l'époque, pour expliquer l'attaque, la thèse "d'un règlement de comptes entre l'armée de terre et la marine pakistanaise" à laquelle "les Français étaient étroitement liés".
Il a également répété le scepticisme de son service, dès 2002, sur la piste d'un attentat commis par Al-Qaïda, privilégiée par le premier juge en charge de l'enquête, Jean-Louis Bruguière.
Son successeur Marc Trévidic étudie aussi la piste d'une attaque qui aurait été commise en rétorsion à l'arrêt du versement de commissions sur les contrats d'armement par la France.
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