Pour l'avocat de Takieddine, "son incarcération est le moyen de le faire taire"
Ziad Takieddine, soupçonné d'avoir voulu fuir la France, a été mis en examen et écroué jeudi soir. Francetv info vous donne les clés pour comprendre les soupçons qui pèsent sur l'homme d'affaires.
Ziad Takieddine a dormi en prison. Placé en garde à vue la veille, le sulfureux homme d'affaires franco-libanais a été mis en examen et écroué vendredi 31 mai au soir. Il est soupçonné d'avoir voulu prendre la fuite à l'étranger alors qu'il fait l'objet d'un contrôle judiciaire.
Son avocat, Me Francis Vuillemin, s'est indigné samedi matin de son placement en détention. Il affirme que Ziad Takieddine "n'a jamais eu l'intention de quitter la France" et "n'a pas l'âme d'un fuyard, mais celle d'un combattant". Selon lui, "son incarcération arbitraire est le moyen de le faire taire".
Déjà mis en examen dans le volet financier de l'affaire Karachi, Ziad Takieddine va pourtant devoir répondre à de nouveaux chefs d'inculpation. Le point sur la situation de ce personnage mystérieux très surveillé par la justice.
Dans quelles affaires Ziad Takieddine est-il impliqué ?
Franco-libanais, Ziad Takieddine a fait fortune en négociant de gros contrats d'armement. Mais depuis de longs mois, les ennuis s'enchaînent pour l'homme d'affaires, dont l'ex-épouse s'est confiée à la justice après un divorce difficile.
La justice française s'intéresse à son rôle dans au moins deux gros dossiers : celui d'un éventuel financement occulte de la campagne électorale de Nicolas Sarkozy par Mouammar Kadhafi, l'ancien leader libyen, et celui de l'affaire Karachi.
Takieddine aurait servi d'intermédiaire dans les contrats d'armement considérés par les familles de victimes comme l'origine des attentats qui ont causé la mort de 11 Français au Pakistan, en 2002, avec potentiellement, en toile de fond, un circuit de financement occulte.
Quelle était sa situation judiciaire ?
Dans le volet financier de l'affaire Karachi, Ziad Takieddine a été mis en examen pour recel d'abus de biens sociaux aggravé en 2011, puis pour blanchiment d'argent en avril 2012. Placé sous contrôle judiciaire - dont il réclame vainement la levée - dans le cadre de cette procédure, il s'est vu privé de son passeport.
Des procédures pour fraude fiscale et organisation d'insolvabilité ont par ailleurs été lancées contre lui, après plusieurs années sans payer d'impôts en France. Nombre de ses biens en France ont été saisis.
Sur quels faits portent les nouvelles accusations ?
Jeudi, Mediapart a révélé que les enquêteurs avaient découvert au domicile de l'homme d'affaires des éléments indiquant qu'il aurait acheté un vrai-faux passeport diplomatique de la République dominicaine. Un document qui lui aurait coûté 200 000 dollars (environ 154 000 euros).
Ces éléments laissent penser qu'il voulait quitter la France, et donc échapper au contrôle judiciaire qui pèse sur lui. A la suite de ces découvertes, il est poursuivi pour corruption d'agents publics étrangers, escroquerie, fraude fiscale et organisation d'insolvabilité.
Deux hommes d'affaires, soupçonnés d'avoir servi d'intermédiaires dans l'achat de ce passeport, ont également été placés en garde à vue jeudi, mis en examen vendredi et remis en liberté sous contrôle judiciaire. L'un d'eux, Sam Zormati, est français, tandis que l'autre, Carlos Peres, est américain.
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