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Alain Juppé estime que la politique sécuritaire, si elle est une priorité, ne doit pas conduire à des "exagérations"

Moins présent dans les médias que certains élus de l'UMP, l'ex Premier ministre reste une figure de référence dans la majorité.Si on ne l'a pas entendu s'exprimer sur les mesures de sécurité annoncées par Nicolas Sarkozy, on peut en revanche le lire, via son blog. Et sans ambigüité, il en appelle à la modération.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 4min
L'ancien Premier ministre Alain Juppé, lors d'une réunion à la Cité de la Réussite à Paris, le 11 avril 2010 (AFP - Miguel Medina)

Moins présent dans les médias que certains élus de l'UMP, l'ex Premier ministre reste une figure de référence dans la majorité.

Si on ne l'a pas entendu s'exprimer sur les mesures de sécurité annoncées par Nicolas Sarkozy, on peut en revanche le lire, v ia son blog. Et sans ambigüité, il en appelle à la modération.

Deux semaines après le discours "sécuritaire" de Nicolas Sarkozy à Grenoble, deux tendances se dessinent côté UMP: l'une incarnée par le ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux prônant un durcissement des mesures, l'autre par des élus se réclamant du Gaullisme.

Parmi ces derniers, Alain Juppé. Dans une tribune publiée sur son blog, le maire de Bordeaux prend ses distances avec les pistes avancées, notamment l'extension d'une déchéance de nationalité.

Certes, avec l'édile de Bordeaux, aucun risque d'outrance. La forme est toujours respectée. Mais si la première partie de sa tribune mentionne les "progrès indéniables (qui) ont été accomplis depuis quelques années", comme le prouvent "les chiffres de la criminalité et de la délinquance (qui) ont connu une baisse régulière et (...) le taux d"élucidation des affaires (qui) est lui en hausse (...), la seconde partie n'est pas tout à fait de la même veine.

Alain Juppé le reconnaît, des problèmes demeurent. Pire, ils s'aggravent. "Est-ce à dire que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes ? s'interroge ainsi l'ancien Premier ministre. "Ce serait un déni de réalité que de le prétendre. Il y a bien, en France, des zones de non-droit où les lois sont bafouées et où la police hésite à pénétrer". Don't acte.

"Alors, que faire ?" poursuit-il. "Durcir la loi?". Et c'est là que la lecture se fait plus intéressante. "Ce peut être nécessaire", commence Alain Juppé avant d'ajouter "A condition que la loi nouvelle ne soit pas de pure circonstance et surtout qu"elle soit applicable et appliquée dans la durée." (...)

S"agissant de l"extension des motifs de déchéance de la nationalité française, Alain Juppé s'appuie sur Gérard Larcher, le président du Sénat, et préconise de vérifier si l"article 25 du Code civil ne fournit pas déjà la réponse à la plupart des questions posées.

Quand Juppé s'en réfère à Montesquieu
“Quand il n"est pas nécessaire de faire une loi, il est nécessaire de ne pas en faire.” Citant Montesquieu, le maire de Bordeaux poursuit son argumentation.

"La priorité sécuritaire ne doit pas non plus conduire à des exagérations, peu compatibles avec nos valeurs fondamentales", écrit-il, et soutient: "L"argument selon lequel une mesure recueille la faveur des 'sondés' est à manier avec modération. Il est probable que, si au lendemain d"un crime odieux, on demandait, par sondage, aux Français leur opinion sur le rétablissement de la peine de mort, leur réponse serait sans ambiguïté. Faudrait-il pour autant suivre la tendance majoritaire? Ou croyons-nous toujours qu"il existe des principes eux aussi “fondamentaux”?

L'argument fait mouche quelques jours seulement après la publication, par le Figaro, du sondage indiquant que les Français soutenaient majoritairement les mesures décrétées par le chef de l'Etat.

La conclusion d'Alain Juppé est tout aussi précise: moins d'idéologie et plus de pragmatisme, ce qui, en l'espèce, signifie plus de moyens. "Il n"y a certes pas de recette miracle, dans une société souvent portée à la violence, mais il y a des voies de progrès possibles."

Point d'annonces tonitruantes donc, ni de promesses de projets de lois à chaque fait divers mais de la mesure dans l'expression et des moyens sur le terrain.

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