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Apprentie comédienne, élue à Paris, "VRP des quartiers"… Les vies successives de Myriam El Khomri

La secrétaire d'Etat à la Ville remplace le ministre du Travail, François Rebsamen, redevenu maire de Dijon.

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Myriam El Khomri, alors secrétaire d'Etat à la Ville, dans son bureau, le 27 novembre 2014. (BERTRAND GUAY / AFP)

Surprise garantie. Dans la presse, les noms de Stéphane Le Foll, Alain Vidalies ou Jean-Marc Germain avaient été avancés pour succéder au ministre du Travail, François Rebsamen. Loupé ! A ces trois hommes, François Hollande et Manuel Valls ont préféré une femme, Myriam El Khomri, secrétaire d'Etat à la Ville depuis août 2014 et benjamine du gouvernement, puisqu'elle est âgée de 37 ans. Francetv info vous résume son parcours.

Fière de ses origines, marocaines et bretonnes

Née le 18 février 1978 à Rabat, d'un père marocain et d'une mère bretonne (du Finistère), Myriam El Khomri garde de Tanger, où elle a grandi, un souvenir "d'effervescence, de plage, de friture de poissons... La vie était douce". Quand sa famille arrive en France, la petite Myriam a 9 ans. Ils s'installent à Bordeaux.

"Sa mère, détaille Libérationétait prof d’anglais, son père a fait beaucoup de métiers, avant d’ouvrir une boutique de reprographie à Bordeaux." Très bonne élève, Myriam s'enchante, selon le quotidien, des vacances qui suivent "le méridien familial : Tanger-Ploudalmézeau, 2 149 kilomètres en Peugeot 504, les trois enfants derrière et les pare-chocs au ras du sol."

Même si elle regrette de ne pas avoir pu apprendre l'arabeselon le journal, elle répète être "fière de ses origines". Et a choisi de garder son nom, "n’utilisant celui de son mari Loïc, 'bordelais à 100%', que quand elle commande des pizzas, pour éviter qu’on écorche son patronyme". Ce qu'avait d'ailleurs fait Manuel Valls à la télévision, en août 2014, rebaptisant alors sa nouvelle ministre "Myriam El Kawi".


Elle se rêvait comédienne...

La politique était-elle la première ambition de Myriam El Khomri ? Pas vraiment. A son arrivée en France, elle se met au théâtre pour combattre sa "grande timidité", raconte l'Agence France-Presse. Elle joue alors dans des pièces d'un auteur contemporain, Philippe Minyana : des "trucs très glauques", mais elle "adore ça".  "J'avais des rêves d'être comédienne, de scène", confie-t-elle.

Boursière, elle doit toutefois abandonner le théâtre à l'âge de 20 ans pour se consacrer à ses études de droit. Et se prend alors de passion "pour le droit public", une matière austère, loin des feux de la rampe.

... avant de devenir une proche de Delanoë et Hidalgo

Le "déclic" politique se produit très tôt, en 2001, lors d'un stage à la délégation interministérielle à la Ville. A 23 ans, après ses études de droit, Myriam El Khomri travaille à la mairie du XVIIIe arrondissement, sous le mandat de Bertrand Delanoë.

Elle est plus spécialement chargée des questions de prévention et de toxicomanie, puis devient l'adjointe de Bertrand Delanoë en 2008, après avoir été élue conseillère municipale. En 2014, enceinte de 5 mois et demi, elle est désignée porte-parole de la campagne d'Anne Hidalgo aux municipales. Elle devient son adjointe à l'issue des élections, en charge de la Sécurité, de la Prévention et de la Politique de la ville.

Benjamine et chouchoute du gouvernement

Son second mandat de maire-adjointe ne dure pas longtemps. Quelques mois après les municipales, en plein mois d'août 2014, elle est débauchée par l'exécutif pour entrer au gouvernement, en tant que secrétaire d'Etat à la Ville. Revendiquant elle-même un statut de "VRP des quartiers", la benjamine du gouvernement conquiert Manuel Valls et François Hollande par sa présence sur le terrain. "Elle faisait partie ces derniers mois des jeunes membres du gouvernement régulièrement cités en exemple", assure d'ailleurs Le Monde.

Au lendemain des attentats de janvier, Myriam El Khomri monte en première ligne : pour porter la bonne parole du gouvernement sur le "vivre-ensemble", elle multiplie les déplacements en banlieue. "Sincèrement, en tant que secrétaire d'Etat, je ne suis pas du tout médiatisée", assurait-elle il y a quelques mois, en dépit des quelque vingt-cinq interviews enchaînées dans les deux mois qui suivent les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher.

Elle préfère mettre en avant ses visites dans les quartiers : "Mon plaisir, en politique, c'est d'être sur le terrain, avec les élus, les habitants, les associations, et d'essayer de construire." C'est d'ailleurs elle, encore, rapporte le JDD, que le gouvernement a prioritairement envoyé "en mission sur les terres du FN" , de Béziers (Hérault) à Villers-Cotterêts (Aisne) en passant par Mantes-la-Ville (Yvelines).

Promue sans être une spécialiste, ni un poids lourd politique

La voilà désormais en charge de l'un des plus gros ministères, celui du Travail. Si elle est titulaire d'un DESS de droit public, elle n'est pas une spécialiste du droit du travail. Un point commun avec François Rebsamen, note Le Monde.

Quel poids la jeune ministre aura-t-elle au sein du gouvernement ? "Un(e) ministre du Travail, écrit l'éditorialiste d'Ouest France Michel Urvoy, ce n’est pas un commentateur mensuel et médiatique des statistiques du chômage. Ce n’est pas davantage celui qui peut ou non inverser la courbe du chômage. C’est un homme ou une femme d’influence capable de peser politiquement au sein du gouvernement et sur les négociations sociales qui sont l’essentiel de son travail. Parce que l’emploi résulte de la politique du gouvernement tout entier.Or, Myriam El Khomri n’a pas cette surface politique."

On verra à l'usage si la prédiction est juste. Qu'importe pour l'instant les bémols : la nouvelle promue a immédiatement partagé sur Twitter son enthousiasme et sa "détermination" : 

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