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Après l'église et la presse étrangère, de nouvelles voix s'élèvent contre la politique sécuritaire du chef de l'Etat

Côté majorité, c'est l'ex Premier ministre UMP Dominique de Villepin qui se montre le plus sévère dans Le Monde daté de mardi. Au PS, Ségolène Royale a souligné mardi sur France 2, "l'humiliation pour la France après les critiques internationales.Les éditorialistes français soulignent de leur côté le "silence éloquent" de François Fillon.
Article rédigé par Catherine Rougerie
France Télévisions
Publié
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François Fillon et Nicolas Sarkozy au fort de Bregancon, le 25 août 2010. (AFP - Gérard Julien)

Côté majorité, c'est l'ex Premier ministre UMP Dominique de Villepin qui se montre le plus sévère dans Le Monde daté de mardi. Au PS, Ségolène Royale a souligné mardi sur France 2, "l'humiliation pour la France après les critiques internationales.

Les éditorialistes français soulignent de leur côté le "silence éloquent" de François Fillon.

A quelques jours des universités d'été du PS à La Rochelle, la présidente PS de Poitou-Charentes Ségolène Royale a sévèrement dénoncé la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy. Le chef de l'Etat "a voulu à la fois occulter les affaires de corruption financière, faire oublier aux Français les sujets les plus importants de la rentrée (précarisation des retraites, fragilité de l'emploi, baisse du pouvoir d'achat, crise morale profonde qui frappe aujourd'hui la République française, et aujourd'hui cela lui revient comme un boomerang", a insisté Mme Royal.

"Cela culmine dans la leçon que vient de lui donner le pape", devant les "caméras du monde entier", a-t-elle ajouté. Pour elle, c'est une "humiliation pour la France" et il est temps que le président de la République se ressaisisse et devienne président de la République française".

La veille, l'ancien Premier ministre PS Lionel Jospin est sorti de son silence prenant la plume dans le Monde pour fustiger "la stratégie de tension" mise en oeuvre par l'exécutif. Il juge que "l'objectif est moins de réduire l'insécurité que de l'exploiter" et riposté aux accusations de la droite sur son propre bilan. "Le pouvoir n'a pas tiré les leçons des émeutes urbaines de 2005. Il a continué à négliger les quartiers difficiles. Il s'est enfermé dans une stratégie de tension" poursuit-il.

Pour M. Jospin , "il cherche moins à assurer la tranquillité publique par une présence régulière des forces de sécurité sur les terrains sensibles qu'il ne privilégie les opérations coups de poing menées de l'extérieur, avec peu de résultats judiciaires". "La politique actuelle de lutte contre l'insécurité est donc un échec", juge-t-il. "Faute de résultats, nos autorités se livrent à une nouvelle escalade verbale dont les accents deviennent douteux.

" Si ce jeu devait se poursuivre, il serait peut-être hasardeux pour le candidat, mais à coup sûr dangereux pour le pays" prévient M. Jospin soulignant que "Le gouvernement n'augmente pas les moyens de lutte contre la délinquance, il les réduit", citant la suppression "en trois ans de 9.000 postes de policiers et de gendarmes".

Malaise aussi à droite

Après une tribune parue lundi soir dans le journal Le Monde, l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin a réitéré ses critiques mardi matin sur RTL déclarant que la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy (...) s'apparentait à une "stratégie électorale, qui n'apporte rien à la sécurité quotidienne des Français". "Cette politique, elle a pour but d'activer le clivage entre la droite et la gauche et là, je m'insurge parce que la droite française ce n'est pas ça."

Il a ajouté que ces idées représentait pas les idées de son camp. "Je ne suis pas un homme d'extrêmes. Que cette politique fasse le jeu de l'extrême droite, je le regrette fortement. Cette politique n'est pas la politique de la droite et ce n'est pas l'intérêt de notre pays", a-t-il dit. "Je me mets à la place des policiers et des gendarmes. Je me mets à la place des préfets, des ambassadeurs, je peux vous dire que leur malaise est très profond, ils ne croient pas à l'efficacité de cette politique pas plus d'ailleurs que la plupart des ministres du gouvernement", a-t-il poursuivi.

Prié d'en dire plus, il a simplement répondu avoir rencontré "un certain nombre de ministres qui sont malheureux et mal à l'aise avec la politique qui est menée", avant de s'en référer au Premier ministre François Fillon et la ministre à la ministre de la Justice Michèle Alliot-Marie. "Je pense que François Fillon, qui est un homme de qualité,
ne peut pas être très a l'aise avec cette politique-là. Je pense que la Garde des sceaux, que l'on n'a pas beaucoup entendue, ne peut pas être très à l'aise avec cette politique-là.

Pour Dominique de Villepin, d'autres grandes figures de l'UMP, comme Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin et jusqu'à Jacques Chirac, se trouvent dans la même position.

Autre ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin s'est aussi inquiété de la droitisation de l'UMP en matière de sécurité, appelant François Fillon à intervenir pour
mettre en avant "les valeurs d'équilibre" de la majorité. Interrogé mardi sur RMC, il a toutefois estimé que le président Nicolas Sarkozy était "à la hauteur de son rôle" quand
il prend la mesure du "niveau d'exaspération des Français" face à l'insécurité.

Pour Christine Boutin la "stigmatisation" des Roms pourrait être la goutte qui fait déborder le vase. Sa petite formation, le Parti Chrétien-Démocrate (PCD) est toujours alliée à l'UMP. Va-t-elle faire sécession? "Pour l'instant, à l'heure où je vous parle, non", a-t-elle déclaré à l'AFP. Mais, évoquant une "fêlure supplémentaire", l'ancienne ministre a prévenu: "cela conforte notre réflexion sur 2012 et le fait que nous pourrions avoir un
représentant dans cette élection présidentielle, moi ou quelqu'un d'autre".

La discrétion de François Fillon relevée dans la presse

Plusieurs éditorialistes glosent mardi sur la discrétion du chef du gouvernement sur le sujet. "Peut-être plus éloquent que la protestation, le silence de François Fillon, catholique discret mais convaincu, dans le concert répressif de l'été, est le signe le plus net de ce malaise des croyants", relève ainsi Laurent Joffrin (Libération).

Sage précaution que celle de "François Fillon (qui), lui, a pris bien soin de se tenir à l'écart de ce dossier pourri", estime de son côté Olivier Picard, des Dernières Nouvelles d'Alsace. "S'il n'est pas reconduit à l'automne il aura au moins sauvé sa réputation, et son image".

"Celui dont le sort à Matignon est incertain, reste bien le seul à donner une leçon de maintien!", renchérit Jacques Camus dans La République du Centre.

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