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Avant la polémique Dailymotion, que sont devenues les entreprises achetées par Yahoo! ?

Le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a refusé que l'entreprise américaine rachète la plateforme de vidéos française, de peur qu'elle ne la "dévore".

Article rédigé par Thomas Baïetto
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Marissa Mayer, la PDG de Yahoo!, lors de la visite du Premier ministre irlandais, Enda Kenny, au siège de l'entreprise à Sunnyvale (Californie), le 21 mars 2013. (TONY AVELAR / AP / SIPA)

Yahoo! ne deviendra pas l'actionnaire majoritaire de Dailymotion. Le gouvernement, par la voix de son ministre du Redressement productif, s'y est opposé. "Nous ne pensons pas que ce soit une bonne opération d'abandonner Dailymotion entre les mains d'une société, Yahoo!, dont la santé est parfois vacillante et qui de surcroît risque de dévorer, faire disparaître Dailymotion", a expliqué jeudi 2 mai Arnaud Montebourg.

Les craintes du ministre sont-elles justifiées ? La plateforme de vidéos française aurait-elle été en danger entre les mains du géant américain ? Pour le savoir, francetv info s'est penché sur le destin de sept entreprises rachetées par le portail depuis l'arrivée de sa nouvelle patronne, Marissa Mayer, en juillet 2012.

L'"acqui-hires", ou comment Yahoo! absorbe ses achats

Stamped, On the Air, Snip.it, Alike, Jybe, Summly et Astrid... En moins d’un an, Yahoo! a acheté sept start-ups prometteuses pour améliorer son offre sur téléphone portable. A chaque fois, le schéma est le même: le service racheté est fermé, sa petite équipe (moins de 10 personnes) et sa technologie sont intégrées dans le groupe. C’est ce que les Américains appellent l'"acqui-hires", acheter-recruter en bon français.

Le cas de Summly résume parfaitement cette façon de procéder. L’application mobile a été achetée pour l’algorithme qu’elle utilise. Développée par un jeune britannique, Nick D’Aloiso, elle permet de résumer en 400 caractères un article d’actualité. Cet algorithme est maintenant la propriété de Yahoo! et Nick D’Aloiso va rejoindre le groupe, une fois ses études terminées.

Dailymotion aurait-il subi le même sort ?

Si c'est probablement cette pratique de l'"acqui-hires" qui a inquiété Arnaud Montebourg, Dailymotion ne présente pas le même profil que les start-up absorbées par Yahoo! depuis l'arrivée de Marissa Mayer. Ces dernières comptaient peu d'employés et avaient une notoriété limitée.

A l'inverse, Dailymotion compte 180 salariés et 2,5 milliards de vidéos sont visionnées chaque mois sur le site, selon le cabinet Comscore. Et Yahoo! ne pratique pas systématiquement l'"acqui-hires" : rachetée en 2005, la plateforme de partage de photos Flickr existe toujours.

Le cimetière des achats de Yahoo!

Le cas de Flickr n'est cependant pas si rassurant que cela, comme l'explique le site spécialisé Gizmodo (en anglais). Pendant les deux premières années, le site croit et se développe très vite. Mais la greffe ne prend pas. Les nouveaux propriétaires ne comprennent pas que la richesse du site réside dans sa communauté d'utilisateurs et braque cette dernière en lui imposant la création d'un compte Yahoo!.

Moins rentable que les autres services, il reçoit peu d'investissements, n'innove plus et rate les virages importants des applications mobiles et du temps réel. Yahoo! attend par exemple un an avant de proposer une application Flickr sur iPhone et le résultat est décevant. Des services comme Facebook ou Instagram profitent de ces errements pour dépasser Flickr.

Flickr n'est pas le seul achat de Yahoo! qui n'a pas prospéré. Geocities, Kelkoo, Del.icio.us, Webjay... Le site spécialisé Numérama a dressé la liste des services que Yahoo! "n'a pas su intégrer et faire prospérer". Et de rappeler que le dernier service vidéo important racheté par la firme américaine, Maven Networks, a fermé en 2009.

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