Assurance chômage, négociations sur l'emploi des séniors, fonction publique… Le dialogue social est-il en panne en France ?

Les négociations semblent échouer ces derniers temps entre syndicats, patronat et gouvernement.
Article rédigé par Camille Marigaux
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Une manifestation contre la réforme des retraites, le 23 mars 2023 à Paris. (VINCENT GERBET / HANS LUCAS)

Un bras de fer qui se durcit entre les syndicats et le ministre de la Fonction publique, des syndicats et un patronat qui échouent à négocier sur l'emploi des séniors… Le dialogue social est-il en panne ? Stanislas Guerini veut "lever le tabou des licenciements" dans la fonction publique. Conséquence : la CGT a déposé des préavis de grève dans les trois branches du 15 avril au 15 septembre, période qui couvre les Jeux olympiques et paralympiques.

Au-delà du fond sur cette question des licenciements, c'est aussi la forme qui a mis les organisations en colère : une annonce faite dans la presse. Depuis des semaines, on sent que les échanges patinent autour de la réforme de la fonction publique. Le mois dernier, les syndicats ont manifesté pour de meilleurs salaires alors que le ministère promet des négociations annuelles obligatoires comme dans le privé. Trois jours après, il annonçait pourtant que la fiche de paie des agents ne bougerait pas en 2024.

Un dialogue social à la peine aussi entre les partenaires sociaux

Les partenaires sociaux se sont quittés, la nuit dernière, sur un constat d'échec concernant ce nouveau pacte de la vie au travail. Selon les syndicats, le texte soumis par le patronat n'est pas suffisant pour améliorer notamment l'emploi des seniors et n'apporte aucun droit nouveau pour les salariés, qui ont pourtant pris "deux ans de plus au travail".

Deux jours de discussions laborieuses, cinq versions successives de ce projet d'accord du patronat, cinq fois modifié mais à la marge, rien n'a bougé sur les principales lignes rouges des syndicats. "On a perdu énormément de temps", déplore la CFTC qui se demande "si le patronat avait réellement envie d'aboutir à quelque chose".

La CGT et le Medef se reprochent mutuellement leur immobilisme. Le président du Medef Patrick Martin l'assure : "On a négocié de bonne foi". Lui qui pourtant n'attendait "rien de révolutionnaire" à l'issue de cette négociation. Quoi qu’il en soit, cet échec annoncé envoie un mauvais message selon un négociateur. Cet accord aurait dû être retranscrit tel quel dans la loi. Désormais le gouvernement pourrait reprendre à sa façon les mesures qu'il veut, notamment les propositions du patronat.

L'échec de la négociation sur l'assurance chômage

En théorie, les nouvelles règles d'indemnisation négociées en novembre dernier par les partenaires sociaux devaient être finalisées mercredi matin, dans la foulée. Mais la réunion prévue à l'Unedic a été reportée. Interrogée à l'issue du conseil des ministres, la ministre du Travail Catherine Vautrin a eu ces mots : "On ne se réjouit jamais quand le dialogue social ne va pas jusqu'au bout."

Le sentiment d'échec semble partagé par l'exécutif. C'est pourtant lui qui avait imposé un cadre financier très strict à ces négociations de l'automne dernier. Le gouvernement devrait en tout cas bientôt avoir, là encore, les mains libres pour reprendre le contrôle de l'assurance chômage alors que le Premier ministre veut durcir les règles. La boucle serait bouclée aux dépens du dialogue social.

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