Campus numériques, "académie des leaders", "maisons Marianne"... Ce que contient le plan Borloo pour les banlieues
Jean-Louis Borloo a présenté, jeudi, un rapport consacré aux quartiers relevant de la politique de la ville. Il y formule des propositions concrètes en matière de logement, d'éducation ou de sécurité, que franceinfo vous résume.
C’était un texte très attendu par les élus de banlieue, qui n'ont pas cessé de tirer la sonnette d’alarme ces derniers mois. Soixante pages, dix-neuf "programmes" : Jean-Louis Borloo a présenté, jeudi 26 avril, son rapport "Vivre ensemble - vivre en grand la République" consacré aux quartiers relevant de la politique de la ville.
Les propositions de l’ancien ministre de la Ville doivent servir, parmi d’autres consultations, à élaborer le plan de mobilisation pour les banlieues qu’Emmanuel Macron présentera en mai. Franceinfo résume les principaux points de ce document.
Pour l’éducation
Une "académie des leaders". C'est sans doute la mesure la plus emblématique. Pour ne plus "passer à côté" de certains talents, le rapport Borloo propose d’ouvrir une "académie des leaders" menant à la haute fonction publique. Issus d’un concours ouvert uniquement aux jeunes des quartiers prioritaires dans un premier temps, les 500 élèves bénéficieraient, comme à l’ENA, du statut de fonctionnaire stagiaire, relève Le Monde. Un dispositif estimé à 60 millions d’euros par an.
Des cités éducatives. Evoquant le "défi éducatif des quartiers", Jean-Louis Borloo défend "le regroupement à partir du collège et des écoles de tous les lieux et de tous les acteurs prêts à soutenir, ensemble, l’éducation des enfants", comme les centres sociaux, de loisirs ou de santé. Ces réseaux seraient placés sous la houlette d’un chef d’établissement scolaire. Dans la même veine, le rapport défend le renforcement des "programmes de réussite éducative", où plusieurs acteurs participent de façon globale à l’éducation d’enfants particulièrement en difficulté. Une des priorités : la lutte contre l'illettrisme.
Des établissements rénovés. Le rapport appelle à la rénovation ou à la reconstruction de 300 collèges et 100 écoles dans les cinq ans, ainsi qu'au doublement de l’encadrement dans 8 000 maternelles prioritaires. Par ailleurs, pour réduire l’absentéisme et le turn-over des professeurs, les établissements pourraient mettre en place des primes ou des avantages.
Des petits déjeuners et cantines gratuits. Pour être attentif à "la santé et aux bonnes conditions" des enfants, le texte propose d’organiser des "clubs petit dej" gratuits dans les écoles et collèges des REP et REP+ le matin et de rendre gratuite la cantine le midi.
Des voyages de classe. Jean-Louis Borloo évoque la possibilité, pour les enfants des quartiers prioritaires, de partir quatre fois en voyage de classe au cours de leur scolarité, y compris dans un pays de l’UE, avec des aides allant jusqu’à la quasi-gratuité.
Pour l'action sociale
Un statut des acteurs de terrain revalorisé. Jean-Louis Borloo souhaite valoriser les 35 000 professionnels de l’action sociale dans les quartiers prioritaires, qu'il qualifie de "héros de la République", en les faisant passer au statut de fonctionnaire de catégorie A. Il s'agit d'engager un "choc de simplification" qui concernerait aussi les associations, en supprimant "la mécanique du financement au projet pour permettre aux acteurs sociaux (le centre social, le club de prévention, le centre de santé…) de consacrer leur énergie à leur métier".
Cinq mille coachs d'insertion par le sport. Constatant les effets positifs du sport sur "l'insertion sociale et professionnelle", le document mise sur la création de 5 000 postes de coachs d’insertion par le sport. Ils opéreraient notamment dans les clubs et les associations.
Pour le numérique
Deux cents "campus numériques". Cours, formations professionnelles, aides au permis de conduire, culture, emploi, aides aux juniors : dans ces "vastes lieux" ouverts au plus grand nombre, "les outils digitaux les plus innovants" seront mis au service de tout un panel d’activités. Coût estimé : un milliard d’euros. Ces 200 campus mettront l’accent sur les formations au code informatique et aux métiers du numérique, pour lesquels les offres d’emploi sont nombreuses, préconise le rapport. Ces espaces proposeraient aussi un accompagnement à l'utilisation des sites web des administrations pour les personnes peu habituées au numérique.
Pour la mixité femmes-hommes
Des "maisons Marianne". Le texte évoque l’urgence à "ne pas laisser prospérer les idées d'inégalité des sexes et de séparation des genres dans l'espace public, comme un nouvel apartheid". Jean-Louis Borloo souhaite ainsi entériner le rôle, jugé "primordial", des femmes qui s’investissent dans la vie sociale des quartiers. Comment ? En créant 216 "maisons Marianne", ainsi nommées en hommage à ces “nouveaux visages de Marianne”. Situées au bas des immeubles, elles seraient dotées de 10 000 euros par an et accueilleraient des associations qui promeuvent l’égalité et qui accompagnent les femmes dans l’insertion professionnelle.
Des places en crèche supplémentaires. Jean-Louis Borloo suggère la création de 30 000 places en crèche et de 6 000 postes d'"adultes-relais", dont 4 500 pourvus par des femmes. Ces contrats d'insertion sont réservés aux plus de 30 ans et concernent des missions de médiation sociale ou culturelle de proximité.
Pour la sécurité
Des policiers plus expérimentés. "Certaines bandes se servent en effet de certains quartiers comme base arrière. Les marchands de sommeil prospèrent. Une petite délinquance par intimidation se développe parfois”, constate le rapport. Aux grands maux, les grands remèdes : il propose d’attirer dans ces quartiers les policiers les plus expérimentés grâce, notamment, à une rémunération plus attractive.
Des "correspondants de nuit". L’ancien ministre conseille de recruter 500 "correspondants de nuit" en contrat adulte-relais. L’objectif : permettre un meilleur maillage du territoire pour favoriser la tranquillité publique, en lien avec la police.
Pour la rénovation urbaine
Une fondation pour le logement. Le rapport préconise la création d’une fondation qui se verrait affecter "d’une manière irréversible les fonds et les actifs d’Action logement", le nouveau nom du 1% logement, qui collecte auprès des entreprises environ 1,7 milliard d'euros par an. Un moyen de mobiliser rapidement des financements et de venir en aide aux bailleurs sociaux en difficulté, note Le Monde.
Un fonds d'urgence. Les soixante communes les plus pauvres devraient voir leur budget augmenter de 2% par an, selon le texte, qui propose un fonds d’urgence de 500 millions d’euros par an.
Un fonds de garantie de 5 milliards d'euros. Afin de "redonner confiance" dans le développement des périphéries urbaines, l’Etat doit garantir “ses engagements, en mettant à l’abri de tout aléa budgétaire une partie des financements”, estime le rapport. L’ancien maire de Valenciennes propose donc un fonds "doté des 5 milliards d’euros provenant de la cession des participations de l’Etat en 2018 (10 milliards annoncés). Il sera abondé du montant de la TVA généré par le redémarrage du plan de rénovation urbaine, financé par d’autres, soit environ 400 millions d’euros”, détaille le rapport.
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