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Benoît Hamon a dénoncé lundi les "relents très moisis" des propos du député UMP Christian Jacob sur le patron du FMI

Christian Jacob avait jugé dimanche que Dominique Strauss-Kahn n'incarnait "pas l'image de la France, l'image de la France rurale, l'image de la France des terroirs et des territoires, celle qu'on aime bien, celle à laquelle je suis attaché".Benoît Hamon a fustigé ces mots lundi matin, laissant entendre qu'ils avaient une connotation antisémite.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Christian Jacob (archives) (AFP)

Christian Jacob avait jugé dimanche que Dominique Strauss-Kahn n'incarnait "pas l'image de la France, l'image de la France rurale, l'image de la France des terroirs et des territoires, celle qu'on aime bien, celle à laquelle je suis attaché".

Benoît Hamon a fustigé ces mots lundi matin, laissant entendre qu'ils avaient une connotation antisémite.

Dimanche sur Radio J, le patron des députés UMP Christian Jacob a estimé que les primaires PS, en favorisant les zones urbaines par leur maillage, s'apparentaient à un scrutin de "bobos", une catégorie de Français qu'il juge par ailleurs "plutôt bien" incarnée par Dominique Strauss-Kahn. Le dirigeant UMP a accusé le PS d'avoir prévu seulement "10.000 bureaux de vote" pour ses primaires alors que le pays compte "36.000 communes". "Quel mépris pour le monde rural."

"Une fois qu'on aura installé les bureaux de vote à Paris, à Lyon, à Lille, à Marseille, dans toutes les grandes villes, dans les communes rurales on dira quoi aux gens qui ont envie de participer à ces primaires: 'prenez le bus, débrouillez vous pour aller voter'?", a-t-il poursuivi. "Il vaut mieux être né dans le 8e, dans le 7e ou dans le 6e arrondissement de Paris pour participer aux primaires que dans le midi viticole, dans le Limousin ou dans la Haute-Vienne. C'est des primaires de bobos", a encore dit le président du groupe UMP à l'Assemblée. "DSK c'est le candidat des bobos?", l'interroge-t-on. "Il les incarne plutôt bien", répond Christian Jacob. Pour lui, le patron du FMI "ce n'est pas l'image de la France, l'image de la France rurale, l'image de la France des terroirs et des territoires, celle qu'on aime bien, celle à laquelle je suis attaché."

Des propos qui rappellent ceux de Vallat, pour Serge Klarsfeld
La déclaration de Christian Jacob à propos de Dominique Strauss-Kahn "rappelle fâcheusement celle de Xavier Vallat sur Léon Blum", estime l'avocat Serge Klarsfeld, président de l'Association des fils et filles de déportés juifs de France, dans un communiqué diffusé mardi.

Il fait référence aux propos de Xavier Vallat, futur commissaire général aux questions juives, qui à propos de la nomination de Léon Blum comme chef du gouvernement avait déploré que "la France, vieux pays gallo-romain, soit désormais dirigé par un juif".

"Dans une France qui n'est plus rurale, ni antisémite, écrit Serge Klarsfeld, nombreux sont les noms et les personnalités qui ne s'identifient pas à la France de Jean Giono et de Philippe Pétain, à commencer par le président de la République et le secrétaire général de l'UMP".

Benoît Hamon s'indigne
Lors de son point presse hebdomadaire rue de Solférino, le porte-parole du PS Benoît Hamon a souhaité revenir sur cette déclaration dont il a dénoncé "les arrière-pensées et les relents très moisis". "Je dis là dessus Stop! tout de suite, tout de suite!", a lancé Benoît Hamon. La droite qui "a reçu des instructions pour parler en ce sens doit arrêter immédiatement", a-t-il jugé. "Nous avons très bien compris les relents moisis derrière cette déclaration", a répété le porte-parole.

Benoît Hamon, représentant de l'aile gauche du Parti socialiste, a tenu à faire "cette déclaration qui montre clairement la limite entre ce que nous accepterons et ce que nous n'accepterons pas". Christian Jacob "a été beaucoup trop loin" et il faut que "ça s'arrête tout de suite", a-t-il martelé. Ses propos à l'encontre de DSK ont "des relents extrêmement clairs. La droite a droit de le critiquer sur ses choix politiques", sur ce terrain-là" mais cette déclaration est "inacceptable". Il a été "beaucoup trop loin".

Le porte-parole du PS a espéré qu'il y aurait "bien plus que des socialistes à considérer que cette déclaration est inqualifiable". Il a estimé que dans le jeu politique, les "règles" ont été "bafouées".

Un autre responsable socialiste, le député Pierre Moscovici, a dénoncé lundi matin sur LCI des déclarations "profondément malsaines" et a suggéré que le patron des députés UMP Christian Jacob "retire ses propos", voire "change de disque".

Dans un communiqué, le député PS de Paris Christophe Cambadélis a également jugé la dernière déclaration de Christian Jacob "indigne d'un parlementaire". "Dire que DSK n'est pas à l'image de la France, c'est sous entendre qu'il est un étranger, un apatride, membre du 'parti de l'étranger', voire malheureusement bien autre chose." Et d'interpeller les dirigeants de la majorité: "Je demande à M. François Fillon ou à M. Jean-François Copé de rappeler à l'ordre le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale. Ce propos dépasse la simple controverse, il touche aux principes républicains."

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