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Cette récession qui dit presque son nom

L’Insee prévoit l’entrée de la France en récession d’ici à la fin de l’année. Dans son dernier point de conjoncture, l’Institut de la statistique constate que la croissance cale partout dans la zone euro et que le PIB de la France a déjà reculé. C’est la faible consommation des ménages qui pèse le plus lourd.
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Sur l’ensemble de l’année, la France n’est pas officiellement en récession. Mais c’est parce que l’année n’est pas finie. Dans son dernier point de conjoncture, l’Insee se montre plutôt pessimiste.
_ Les statisticiens notent que le Produit intérieur brut (PIB) du pays a déjà reculé. Il a concédé 0,3 points au second trimestre. Et ils prévoient que la tendance va se poursuivre au troisième et au quatrième. Le PIB risque de reculer encore de 0,1%, calculent-ils.

Or, pour les esthètes de la statistique économique, un pays entre en récession quand son PIB se replie pendant au moins deux trimestres consécutifs. L’Insee va plus loin et craint un recul durant trois trimestres consécutifs, ce qui constituerait une première pour la France (la dernière récession date de 1992-1993 et elle a duré deux semestres).

Pour ce qui est de la croissance, l’Insee a suivi le même chemin que le gouvernement en faisant maigrir son estimation. Elle ne serait plus que de 0,9% pour 2008, à comparer avec les 2,4% de l’an dernier.

Cette panne serait essentiellement due au fléchissement de la consommation des ménages, moteur traditionnel de l’économie française. L’étau s’est légèrement desserré sur la pouvoir d’achat depuis le début l’été, avec le – très ténu – recul des prix du pétrole et une accalmie dans l’inflation, du moins telle qu’elle est calculée par l’Insee. Mais cette amélioration est si peu perceptible qu’elle n’efface pas les coups de boutoirs essuyés par le pouvoir d’achat des ménages, qui baisse encore de 0,4% au second semestre.

Et une autre menace plane à présent à l’horizon : le chômage qui reprend son ascension et dont le taux pourrait remonter à 7,4% à la fin de l'année, avec 52.000 destructions d’emplois au second semestre. Pas vraiment de quoi garder le moral au beau fixe.

Quoi qu'il en soit, pour l'heure les politiques ne veulent pas (encore) ce mot de récession. Pas question d'affoler la population...

Sans affolement donc, Eric Woerth a fini par évoquer, en début d'après-midi, du bout des lèvres, une “récession technique”. Et le ministre du Budget de nuancer : “il y a eu deux trimestres qui sont en croissance négative. Ça, ça s'appelle une récession technique. Il y a une année 2008 qui est en croissance de 1%. Certes, ce n'est pas beaucoup du tout, c'est même très peu, mais ça reste de la croissance.”

Grégoire Lecalot, avec agences

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