Démission du maire de Saint-Brevin : critiqué pour son "manque de soutien", l'exécutif veut rassurer les élus
Une démission qui fait polémique. L'annonce du maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), Yannick Morez, de l'abandon de son mandat, mercredi 10 mai, en lien avec un projet de transfert d'un centre d'accueil de demandeurs d'asile (Cada), a suscité un flot de réactions de solidarité des associations d'élus. Ces derniers exigent un accompagnement de l'Etat à la hauteur des violences subies, alors que l'édile a été victime de l'incendie criminel de son domicile, fin mars.
Le maire, qui met en cause le "manque de soutien de l'Etat" dans cette affaire, a annoncé mercredi sa démission après quinze ans de conseil municipal, et son déménagement de la ville où il vit depuis 32 ans.
Dénonçant jeudi "une énième manifestation de la violence à laquelle doivent de plus en plus faire face les élus", l'Association des maires de France (AMF) a réclamé en urgence des réponses "à la hauteur des enjeux". Son président, David Lisnard (Les Républicains), a souhaité une "étude précise" du phénomène des agressions d'élus.
Une lettre d'Emmanuel Macron début avril
Face au tollé, l'exécutif a communiqué jeudi sur le soutien apporté aux élus. Une lettre de la sous-préfecture de Saint-Nazaire à Yannick Morez, datée du 11 avril et à laquelle France Télévisions a eu accès, évoque ainsi, avant sa démission, l'inscription du domicile du maire au logiciel de gendarmerie permettant de déclencher "une intervention immédiate en cas d'alerte ou de menace". Par ailleurs, la lettre assure qu'un "échange régulier" entre les forces de l'ordre et l'élu sur "l'évolution de la menace" a eu lieu, et que des "patrouilles régulières de nuit devant (son) domicile" ont été demandées.
Par ailleurs, Le Parisien (article abonnés) a publié une missive d'Emmanuel Macron au maire de la commune, onze jours après l'incendie qui a visé sa maison, le 22 mars. Le chef de l'Etat y reconnaissait que Yannick Morez faisait face à de "lourdes contraintes" et à une "exposition publique", en raison du transfert d'un centre d'accueil de demandeurs d'asile près d'une école.
Une "cellule d'analyse et de lutte" lancée mi-mai
La ministre déléguée aux Collectivités territoriales, Dominique Faure, a également déclaré qu'elle dévoilerait la semaine prochaine "de nouveaux moyens pour prévenir et lutter contre les atteintes aux élus". Elle avait déjà annoncé mi-mars la création d'une "cellule d'analyse et de lutte" contre les atteintes aux élus, qui devrait être lancée le 17 mai, a appris franceinfo.
Une loi promulguée en janvier permet par ailleurs à toutes les associations d'élus de se constituer partie civile, tandis que le garde des Sceaux a adressé en février une circulaire aux parquets pour leur préciser les modalités de traitement judiciaire. "La réalité montre que rien ne s'arrange malgré ces avancées", juge néanmoins Christophe Bouillon, président de l'Association des petites villes (APVF).
En 2022, les faits de violences physiques ou verbales contre les élus ont augmenté de 32%, d'après les chiffres du ministère de l'Intérieur. Dans le détail, 2 265 plaintes et signalements pour violence verbale (menaces, insultes, outrages) ou physique envers des élus ont été recensés.
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