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Dix ans des 35 h : divisions à droite... et à gauche

Le dixième anniversaire des 35 heures a été pour l'UMP l'occasion d'une nouvelle charge contre les lois Aubry sur la réduction du temps de travail. Le secrétaire général, Patrick Devedjian, demande leur enterrement. Mais il a aussitôt été désavoué par le gouvernement. Quant à la gauche, elle semble gênée par la mesure-phare des années Jospin.
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La gauche “post-jospinienne” en serait-elle au droit d'inventaire ? Peut-être pas. Mais le moins que l'on puisse dire, c'est qu'elle se présente divisée face à la charge anti-35 heures menée sabre au clair par l'UMP.
Le 19 mai 1998, l'Assemblée nationale adoptait la première loi Aubry sur la réduction du temps de travail dans les entreprises de plus de 20 salariés. La seconde loi, pour les généraliser, date de 2000.

Les trois lois suivantes, visant à assouplir le dispositif, n'auront pas éteint la polémique. Pour le secrétaire général de l'UMP, Patrick Devedjian, et une douzaine de députés qui entament un tour de France des entreprises, le seul avenir possible pour les 35 heures, c'est le cimetière. Patrick Devedjian a été clair : “on veut le démantèlement”. Et dans son élan, il propose aussi la fin de la durée légale du travail. Et il précise sa pensée : “la négociation sociale fixerait la durée contractuelle du travail dans chaque entreprise”.

Mais à droite, ce discours “jusqu'au-boutiste” ne passe pas partout. “Il est clair que nous ne voulons pas toucher à la durée légale du travail” parce qu'elle sert de base au calcul des heures supplémentaires, plaide Jean-Pierre Raffarin, l'ancien Premier ministre. Et du côté de ceux qui ont les manettes gouvernementales en main, le son de cloche n'est pas différent.

Xavier Bertrand sera l'invité de France Info, ce matin à 8h15

Et le président de République a lui-même arbitré le débat à droite en décernant un bon point à son ministre : “Référez-vous à ce qu'a dit Xavier Bertrand. Comme toujours, il a bien parlé”. Si le gouvernement entend s'attaquer aux 35 heures, ce n'est donc pas de front, mais en assouplissant le dispositif jusqu'à le rendre optionnel.

Il faut dire que la droite n'est pas très à son aise face au sujet. Car elle a été la première à l'appliquer avec Gilles de Robien et Alain Juppé, le premier à instaurer les RTT dans sa ville de Bordeaux. De plus, les cadres ont été les principaux bénéficiaires de la loi. Or ils constituent une part non négligeable de la base électorale du parti majoritaire. Quant aux entreprises, elles sortent les aérofreins. Les RTT leur ont permis d'annualiser et d'assouplir le temps de travail. Et elles redoutent de devoir rembourser les exonérations de charges.

Si le front de l'attaque présente quelques fissures, celui de la défense n'en manque pas non plus. Au PS, les partisans des lois Aubry ne sont plus légion. Laurent Fabius a été le premier à prononcer l'oraison en reconnaissant dès 2002 qu'il y avait eu “de sérieux problèmes d'application”.

Grégoire Lecalot, avec agences

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