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Dissolution des Soulèvements de la Terre : indignation à gauche, qui dénonce "un climat de criminalisation des mouvements écologistes"

Le ministre de l'Intérieur présentera mercredi un décret de dissolution de ce collectif de militants écologistes, pointé du doigt notamment après les débordements de Sainte-Soline (Deux-Sèvres). Cette décision est critiquée par une partie de la gauche, à commencer par Europe-Ecologie Les Verts.
Article rédigé par franceinfo
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Manifestation à Paris, le 19 avril 2023, après que le ministre de l'Intérieur a appelé à la dissolution du collectif de militants écologistes les "Soulèvements de la Terre". (MOHAMMED BADRA / EPA)

Des perquisitions, des arrestations puis une dissolution de l'organisation. Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, présentera mercredi 21 juin, en Conseil des ministres un décret de dissolution des "Soulèvements de la terre" (SLT). La procédure a été engagée, il y a près de trois mois, le 28 mars dernier.  Mais ces méthodes ressemblent, selon la secrétaire nationale d'Europe-Écologie Les Verts (EELV), à une "persécution" : Marine Tondelier dénonce par ailleurs "un climat de criminalisation des mouvements écologistes". 

Ce collectif taxé "d'écoterrorisme" par Gérald Darmanin, s'est notamment mobilisé contre le chantier de la nouvelle ligne ferroviaire Lyon-Turin ou contre le projet de mega-bassines à Sainte-Soline (Deux-Sèvres). Le gouvernement accuse ces militants écologistes d'être à l'origine de violents affrontements avec les forces de l'ordre lors des manifestations. Le ministre de l'Intérieur a parlé "d'appels à l'insurrection", "d'écosabotage", il a également fustigé l'action d'une "ultragauche" voulant "mettre à bas la démocratie".

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"SLT", né en janvier 2021 dans l'ex-ZAD (zone à défendre) de Notre-Dame-des-Landes, estime qu'il s'agit d'une décision "très politique et particulièrement inquiétante réclamée directement au chef de l'Etat par l'agro-industrie et la FNSEA" [premier syndicat agricole de France].

Marine Tondelier dénonce un traitement à deux vitesses : "J'entends qu'on veuille, quand on est au gouvernement, rétablir l'ordre et dire qu'on ne laissera pas un pouce à la violence mais alors il faut le faire pour tout le monde." Car selon elle, "quand on fait une petite revue de presse des actions notamment de la FNSEA ces dernières années, on constate qu'il y a des violences contre des personnes, des gens qui sont menacées de mort". 

"Si on veut traiter du sujet de la violence, ça ne me pose pas de problème, mais on le fait complètement."

Marine Tondelier

à franceinfo

"On a un gouvernement qui se défausse de ses responsabilités et qui pointe le doigt vers des boucs émissaires qu'ils soient élus écologistes ou qu'ils soient militants écologistes comme dans le cadre des Soulèvements de la terre", fustige la députée écologiste de la Drôme, Marie Pochon. "Être les Soulèvements de la Terre, c’est s’élever contre la terreur, c’est-à-dire l’intimidation par les forces répressives de l’Etat de tous ceux qui ne pensent pas comme le gouvernement", écrit l'élue dans un long message de soutien au collectif sur son compte Twitter. 

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Plus qu'un collectif, une philosophie 

Guillaume Hédouin, conseiller régional (EELV) de Normandie et militants aux Soulèvements de la Terre ne comprend pas qu'un collectif aussi "déstructuré" puisse être dissous : "En réalité, chacun se revendique des Soulèvements de la Terre aujourd'hui, comme on peut se revendiquer féministe. Être militant des Soulèvements de la Terre, c'est simplement se revendiquer de cette défense-là. Il n'y a pas d'assemblée générale, il y a des groupes qui se sont constitués, mais personne aujourd'hui n'est chef ou porte-parole des Soulèvements de la Terre."

SLT revendique en effet une base "extrêmement variée". "Nous irons devant la justice et croyons dans la possibilité d'une victoire juridique pour casser cette décision inique, comme ce fut le cas pour d'autres dissolutions pour motif politique des dernières années", assure le collectif.

EELV se prépare également à engager de recours contre la décision du gouvernement. Des rassemblements pour protester contre cette dissolution sont prévus les mercredis 21 et 28 juin dans plusieurs villes de France. 

Le collectif appelle aussi à soutenir les 14 militants placés en garde à vue mardi. Ils sont soupçonnés d'avoir participé à une action menée, en décembre 2022, contre la cimenterie du groupe Lafarge de Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône). Selon le parquet d'Aix-en-Provence, ces arrestations ont été effectuées en Loire-Atlantique et notamment au sein de l'ancienne ZAD de Notre-Dame-des-Landes, mais également dans la région marseillaise. 

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