Affaire Benalla : "Emmanuel Macron a tout fait pour cacher les exactions de son proche collaborateur"
Les séances à l'Assemblée nationale des derniers jours ont été perturbées par l'opposition qui a ralenti l'ordre du jour en demandant au Premier ministre de réagir au sujet de l'affaire Benalla. Le député LR Sébastien Huyghe estime que l'État de droit est "remis en cause."
La commission des Lois doit se réunir de nouveau samedi 21 juillet, à partir de 9h30, après une nouvelle journée inédite de paralysie, la veille, à l'Assemblée. Le projet de révision constitutionnelle est la victime collatérale de l'affaire Benalla - droite et gauche réclamant au préalable d'entendre Edouard Philippe - et la commission d'enquête n'a pu commencer ses travaux.
"M. Macron a tout fait pour cacher les exactions de son proche collaborateur", accuse Sébastien Huyghe, député LR du Nord, membre de la commission des lois, samedi 21 juillet sur franceinfo. Ce denier parle d'un "triple scandale d'État" : "'il y a eu deux mois et demi pendant lesquels rien ne s'est produit et tout a été caché." Pour le parlementaire, "l'État de droit est remis en cause."
franceinfo : Vous devez vous retrouver à nouveau ce matin ?
Sébastien Huyghe : Oui, la commission se réunit à 9h30 pour organiser ses travaux, mais on a le sentiment que le groupe La République En Marche fait tout pour bloquer le système. On a l'impression qu'ils sont prêts à tout pour préserver le président de la République qui est au coeur d'un triple scandale d'État, puisque c'est l'un de ses tout proches qui a commis des exactions, des faits d'une grande violence en se faisant passer pour un policier. On a un président de la République, son directeur de cabinet l'a confirmé, qui était au courant de tout et qui a tout fait pour protéger M. Benalla et puis finalement le troisième scandale c'est que M. Macron fait tout pour cacher les faits. Je rappelle que les faits ont eu lieu le 1er mai. Le procureur s'est saisi de l'affaire le 19 juillet, ça veut dire qu'il y a eu deux mois et demi pendant lesquels rien ne s'est produit et tout a été caché.
C'est Emmanuel Macron qui est en première ligne ?
Les faits sont là : son directeur de cabinet a bien expliqué qu'il avait mis au courant Emmanuel Macron dès les premiers jours où les faits ont été avérés par les images. Au ministère de l'Intérieur, on a l'a su dès le lendemain, dès le 2 mai. M. Macron a tout fait pour cacher les exactions de son proche collaborateur. L'article 40 du code pénal prévoit que dès que des infractions sont commises, le procureur de la République doit être prévenu. Ça n'a pas été le cas.
Il est reproché au ministre de l'Intérieur de ne pas avoir prévenu la justice. De nombreux élus réclament la démission de Gérard Collomb. Votre avis, dans cette commission des lois, peut peser ?
Dans toute autre démocratie, le ministre de l'Intérieur, le préfet de police, le directeur de cabinet du président de la République auraient démissionné. Là, on a l'impression que tout le monde se protège, comme si un petit clan avait pris le pouvoir à l'Élysée et qu'on faisait tout pour se protéger entre amis. En plus, M. Benalla fait l'objet de promotions. Il a eu des avantages exhorbitants, tel un logement de fonction, une voiture avec chauffeur... Véritablement, on travaille entre amis à l'Élysée et on fait tout pour se protéger, quel que soit les faits commis par l'un d'entre eux.
Comment expliquer les silences d'Emmanuel Macron et d'Edouard Philippe ?
C'est une grande question. Emmanuel Macron, qui ne cesse de communiquer depuis un certain nombre de mois, est aux abonnés absents. Edouard Philippe a préféré participer à une étape du Tour de France alors que le torchon brûle. L'État de droit est remis en cause. Il est appelé à l'Assemblée nationale pour répondre aux questions des parlementaires, mais apparemment le Tour de France est plus important que de faire toute la lumière sur cette affaire, vis-à-vis des parlementaires.
J'observe aussi que la majorité a voulu, sous la férule d'Emmanuel Macron, mettre en place une loi contre les soi-disant 'fake news', une loi qui n'est autre chose que museler les journalistes et on s'aperçoit que, pour que cette affaire sorte, l'action des journalistes était très importante. Maintenant, nous sommes en train d'étudier à l'Assemblée nationale une réforme de la Constitution qui augmente les pouvoirs du président de la République, qui limite le pouvoir des parlementaires, alors qu'on s'aperçoit que dans une démocratie, pour que ça fonctionne bien et cette affaire le démontre, les parlementaires doivent avoir un pouvoir d'investigation important pour que l'exécutif ne fasse pas n'importe quoi comme ça a été le cas le 1er mai.
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