Cet article date de plus de cinq ans.

Quatre questions sur le déplacement d'Alexandre Benalla au Tchad

Ce voyage a eu lieu trois semaines avant une visite officielle d'Emmanuel Macron dans le pays.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Alexandre Benalla, le 19 septembre 2018, à Paris.  (BERTRAND GUAY / AFP)

Alexandre Benalla refait la une, six mois après avoir été limogé de l'Elysée et mis en examen pour "violences volontaires" après sa participation à une interpellation musclée en marge des manifestations du 1er-Mai. Le Monde a révélé, lundi 24 décembre, que cet ancien chargé de mission à l'Elysée s'était rendu au Tchad, début décembre, pour un court séjour à N'Djamena, la capitale de ce pays d'Afrique centrale.

Un voyage qui interroge car, quelques semaines plus tard, le président de la République s'est lui aussi déplacé au Tchad pour une visite officielle. Que sait-on de ce voyage ? Dans quel cadre s'est-il rendu au Tchad ? Franceinfo fait le point sur les questions qui se posent. 

1Que faisait Alexandre Benalla au Tchad ? 

Selon le journal Le Monde, qui cite des sources concordantes, Alexandre Benalla était accompagné "d'une demi-douzaine de personnes" lors de ce déplacement. Il se serait rendu au Tchad "par avion privé, réglant les frais par carte Bleue". D'après La Lettre du continent (article payant) – un journal dédié à l'actualité politique et économique en Afrique de l'Ouest –  il y a rencontré Oumar Déby, le frère du président tchadien qui pilote la direction générale de la réserve stratégique (DGRS) tchadienne. "Il s'agit d'un homme qui fait partie du premier cercle autour du président Déby", explique à franceinfo Thomas Dietrich, spécialiste du Tchad. 

Pendant son séjour, Alexandre Benalla a séjourné à l'hôtel Hilton, un palace de N'Djamena, avant de repartir le 4 décembre par un avion de ligne, précise Le Monde. Interrogé par BFMTV, le 26 décembre, Alexandre Benalla a donné des explications sur sa présence dans le pays : "Je suis allé au Tchad, accompagnant une délégation économique étrangère dans le cadre d'investissements qu'ils vont effectuer sur place, l'ensemble des frais concernant ce voyage à été pris en charge par le chef de cette délégation", affirme-t-il. Avant d'ajouter : "Je tiens à préciser que j'ai tenu informé la plus haute autorité française de l'ensemble de mes déplacements à l'étranger, et de leur nature." Une information confirmée par la présidence, qui précise cependant qu'il a informé l'Elysée de son voyage seulement "la semaine dernière". 

2Cette visite avait-elle un lien avec l'Elysée ? 

Les voyages rapprochés d'Alexandre Benalla et Emmanuel Macron sont-ils dus à un simple hasard de calendrier ? A son arrivée au Tchad, le 22 décembre, le chef de l'Etat s'est directement entretenu avec son homologue. "Emmanuel Macron a tenu à faire savoir samedi à Idriss Déby que cette personne n'était en aucun cas un intermédiaire officieux ou officiel, explique l'Elysée au MondeSeuls le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, le conseiller diplomatique du président, Philippe Etienne, et Franck Paris, son conseiller Afrique, peuvent se prévaloir du chef de l'Etat."

Des propos répétés à l'AFP, le 25 décembre. "Quelles que soient les démarches qu'entreprend M. Benalla, il n'est pas un émissaire officiel ou officieux de la présidence de la République. S'il se présentait comme tel, il est dans le faux", a affirmé la présidence de la République. Elle précise qu'une "enquête interne" a été ouverte. Elle "pourrait vérifier que M. Benalla n'aurait pas eu des démarches de ce type-là, c'est-à-dire démarchage commercial, avant son départ de l'Elysée".

3Que répond Alexandre Benalla ? 

Interrogé par BFMTV, Alexandre Benalla évoque "un concours de circonstances". "Je ne savais pas que le président de la République se rendait au Tchad quelques jours plus tard", explique-t-il. L'ancien adjoint au cabinet d'Emmanuel Macron s'est aussi dit "particulièrement choqué et scandalisé par les propos irresponsables tenus par 'l'Elysée', sous-entendant que j'aurais dans le cadre de mes déplacements en Afrique pu me prévaloir d'une fonction, d'un titre, ou d'un pouvoir aux fins de démarchages professionnels".

Ces propos sont d'autant plus méprisables qu'il est de notoriété mondiale que je n'exerce plus aucune fonction depuis le 1er août 2018.

Alexandre Benalla

à BFMTV

"Certaines personnes au plus haut sommet de l'Etat souhaitent me faire taire ou me neutraliser, accuse l'homme de 27 ans. Je ne peux pas accepter de tels propos prononcés par certaines personnes de l'entourage du président de la République dont le seul objectif est de me salir. Ce sont des propos diffamatoires et calomnieux, pour lesquels je vais charger mes avocats de saisir le procureur de la République." 

4Que fait Alexandre Benalla aujourd'hui ?

Depuis qu'il a été limogé de l'Elysée, en juillet dernier, Alexandre Benalla semble s'être reconverti dans les relations internationales. "Je fais des missions de consultant. Tout ce que je fais est légal, jure-t-il auprès de BFMTV. Je ne peux pas changer mon nom. J'ai une notoriété qui me dépasse. Je n'ai pas voulu cette notoriété."

Alexandre Benalla continue en tout cas d'entretenir un réseau. D'après une révélation de Libération, confirmée par Mediapart, l'ancien proche d'Emmanuel Macron a rencontré à plusieurs reprises à Londres Alexandre Djouhri, un homme de l'ombre de la droite française soupçonné d'avoir mis en place les montages financiers dans l'affaire du financement libyen de la compagne de Nicolas Sarkozy. Résidant dans la capitale britannique, il est sous le coup d'une procédure d'extradition à la demande des juges d'instruction parisiens.

Ces activités en lien avec des personnalités à l'étranger ne sont visiblement pas nouvelles. En juillet, Le Monde avait déjà révélé qu'en mars 2017, en parallèle de ses activités de responsable de la sécurité du candidat Emmanuel Macron, Alexandre Benalla avait assuré la protection du cheikh irakien Jamal al-Dhari lors de ses séjours parisiens.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.