Avec les troupes en Jordanie, Emmanuel Macron a la crise politique dans un coin de la tête

Dans le désert jordanien, le président de la République veut donner la priorité aux soldats qui se battent pour la France. Mais il pense déjà à la suite.
Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron en visite en Jordanie, auprès des soldats français, le 21 décembre 2023. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Après le vote de la loi immigration, après la polémique Gérard Depardieu, il pouvait espérer une respiration. Emmanuel Macron, en déplacement en Jordanie, a rencontré jeudi 21 décembre le roi Abdallah II, avant de participer au traditionnel réveillon de Noël avec les troupes françaises à l'étranger.

Ce moment, Emmanuel Macron entendait le réserver à ces Français qui ont fait le choix, dit-il, de donner leur vie, jusqu’au sacrifice ultime pour servir la Nation. Pâté en croûte, saumon fumé, volaille des Landes et bûche chocolat noisette étaient au menu. À chaque tablée, le chef de l’Etat lâche le même grand sourire. Mais Emmanuel Macron garde la crise politique dans un coin de la tête.

Un nouveau cap en 2024

La loi immigration, au fond de lui, il reste convaincu qu’elle était nécessaire. L'arrêter aurait même été une faute politique, assure-t-il, avec son expression du moment : "le pays n'est pas devenu cryptofasciste du jour au lendemain". À ses yeux, la mesure sur les prestations sociales n’est pas contraire aux valeurs de la République, loin de la montagne que décrivent certains, comme il l'a défendu dans l'émission "C à vous" mercredi soir.

En revanche, la caution demandée aux étudiants étrangers est une mauvaise idée pour Emmanuel Macron, persuadé que le Conseil constitutionnel va nettoyer les excès. Le coup politique du RN, en privé, il l’appelle le coup du sombrero.

Plusieurs ministres ont voulu démissionner, dont la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau. Mais il déteste qu’on le menace et un seul est allé au bout, l'ex-ministre de la Santé Aurélien Rousseau. Pour les autres, Emmanuel Macron n’est pas loin de parler de lâcheté. En 2024, il veut un gouvernement capable de se mettre sérieusement au boulot, ce sera l'année d'un nouveau cap, promet le président. Sans jamais prononcer, encore, le mot de remaniement.

Pour la première fois, Emmanuel Macron veut sévir contre les colons israéliens 

C'est la troisième visite au Proche-Orient du chef de l'Etat depuis le 7-Octobre. Avant de réveillonner sur la base aérienne projetée au Levant, Emmanuel Macron a fait étape et escale à Aqaba, plus au sud de la Jordanie, main dans la main avec le roi Abdallah II au moment de remonter le tapis rouge. La Jordanie, c'est le partenaire stratégique dans la région, une plate-forme humanitaire Il en a profité pour évoquer le drame qui se joue à Gaza.

"Chaque jour volé à la trêve est prélevé sur l'avenir de la région."

Emmanuel Macron

à franceinfo

Pour la première fois, il appelle à sévir contre les colons en Cisjordanie pour éviter que le feu ne se propage, et dénonce la menace intolérable des attaques sur des navires en mer Rouge menées par les rebelles Houthis du Yémen.

Son déplacement est donc l'occasion d'une large revue des sujets internationaux, qui l'ont beaucoup accaparé ces derniers mois. C'est sa zone de confort, celle où il surnage, disent ses proches. Autres dossiers sur la table : le départ des troupes françaises du Sahel en ce moment, et bien sûr la guerre en Ukraine. "Nous ne devons pas laisser la Russie gagner", redit Emmanuel Macron. Derrière ces mots-là, son projet est plus affirmé : Emmanuel Macron veut retourner en Ukraine, et vite. Peut-être même dès le début 2024, au mois de février.

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