Ce qu'il faut retenir des vœux à la presse d'Emmanuel Macron
Le président de la République veut notamment créer un arsenal législatif pour lutter contre les "fausses nouvelles".
Emmanuel Macron a renoué avec la tradition des vœux à la presse délaissée par François Hollande. Le chef de l'Etat a prononcé un discours, mercredi 3 janvier, de plus de trente minutes uniquement dédié aux enjeux de la presse, sans l'habituel jeu de questions-réponses. Voici les principales annonces du chef de l'Etat.
Un poste spécial à la protection des journalistes à l'ONU
Emmanuel Macron a rappelé qu'il a plaidé, lors de son intervention à l'Assemblée générale des Nations unies en septembre, pour "la création d'un poste de représentant spécial du secrétaire général à la protection des journalistes". Cette requête a été accueillie favorablement par António Guterres, le secrétaire général de l'ONU, a ajouté le chef de l'Etat. Une mission pour installer ce poste a déjà été mise en place.
Une loi pour lutter contre les "fake news"
Emmanuel Macron a annoncé vouloir "faire évoluer le dispositif juridique pour protéger la vie démocratique des fausses nouvelles". Une loi pour renforcer le contrôle sur internet en "période électorale" devrait donc prochainement être déposé, a annoncé le chef de l'Etat.
Dans ses grandes lignes, la nouvelle loi devrait imposer "des obligations de transparence accrue sur tous les contenus sponsorisés afin de rendre publique l'identité des annonceurs et de ceux qui les contrôlent, mais aussi de limiter les montants consacrés à ces contenus", a-t-il précisé.
Emmanuel Macron a aussi annoncé la création d'"une nouvelle action en référé permettant le cas échéant de supprimer le contenu mis en cause, de déréférencer le site, de fermer le compte utilisateur concerné, voire de bloquer l'accès au site internet", a-t-il poursuivi.
Emmanuel Macron a annoncé que cette nouvelle législation transformerait le rôle du CSA qui verra ses pouvoirs élargis. "Les pouvoirs du régulateur (...) seront accrus pour lutter contre toute tentative de déstabilisation par des services de télévision contrôlés ou influencés par des Etats étrangers", a annoncé le président. "Cela permettra au CSA repensé notamment de refuser de conclure des conventions avec de tels services en prenant en compte tous les contenus édités par ces services, y compris sur internet", a-t-il ajouté.
Depuis son élection, Emmanuel Macron s'en est particulièrement pris aux médias russes RT et Sputnik pour avoir joué un rôle "d'organes d'influence (...) et de propagande mensongère" pendant la campagne présidentielle en propageant des rumeurs à son sujet.
Un projet de loi sur l'audiovisuel public
Emmanuel Macron a également confirmé la présentation en Conseil des ministres d'un projet de loi sur l'audiovisuel public. "A la fin du premier trimestre 2018, des propositions partagées, chiffrées et structurées, construisant un scénario de transformation à mettre en œuvre seront rendues par la mission sur laquelle s'appuie la ministre de la Culture (Françoise Nyssen). (Elles) seront la matière d'un débat que nous voulons large avec l'ensemble des professionnels", a déclaré le président de la République.
Le président de la République a d'ores et déjà fixé des priorités : "une information de qualité", le "développement d'une information de proximité", des "programmes distinctifs", favoriser des "coproductions européennes", "développer une offre numérique capable de faire concurrence aux plateformes digitales".
Une "saine distance" entre pouvoir et médias
Le chef de l'Etat a également plaidé pour une "saine distance" entre pouvoir et médias, critiquant une "proximité" qui nuit selon lui à l'action publique. "Trop souvent, pouvoir et médias ont donné l'impression d'une complicité, et parfois d'une brutalité qui était son revers, dont (la) dignité démocratique fut la première victime", a déclaré le président de la République.
"C'est pourquoi je crois beaucoup plus fécond que chacun exerce son rôle dans son intégrité, à distance des tentations de castes et de pugilats outranciers et avec un retour aux fondamentaux qui est d'abord le respect", a-t-il ajouté. "La proximité à laquelle nous avions pu parfois nous habituer n'était bonne ni pour le pouvoir politique ni pour l'exercice du métier de journaliste. Parce qu'elle a consisté parfois à donner plus de place à des propos d'antichambre qu'aux propos tenus de manière officielle", a estimé Emmanuel Macron en visant implicitement son prédécesseur François Hollande.
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