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Emmanuel Macron giflé : six questions sur l'agression subie par le président de la République

Le chef de l'Etat a reçu une gifle lors d'un déplacement à Tain-l'Hermitage (Drôme), mardi. "Rien ne change sur les prochains déplacements", assure l'Elysée.

Article rédigé par Marianne Chenou
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Le président de la République, Emmanuel Macron, en déplacement au lycée hôtelier de Tain-l'Hermitage (Drôme), le 8 juin 2021. (PHILIPPE DESMAZES / AFP)

En déplacement à Tain-l'Hermitage (Drôme), mardi 8 juin, Emmanuel Macron a reçu un coup à la joue de la part d'un homme, alors qu'il rencontrait des habitants. Deux personnes ont été interpellées et le président a continué sa visite dans le département, comme le prévoyait son agenda. Franceinfo revient sur les questions que pose cet acte de violence à l'égard du chef de l'Etat. 

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1Que s'est-il passé ?

Alors qu'il est en visite à Tain-l'Hermitage depuis le début de la matinée, Emmanuel Macron se rend à la rencontre d'habitants, aux abords du lycée hôtelier de la ville, vers 13h15. Il se retrouve face à un homme à qui il veut serrer la main, mais qui le gifle. Avant son geste, l'homme s'écrie : "Montjoie Saint-Denis, à bas la macronie !"

VIDEO. Emmanuel Macron giflé lors d'un déplacement dans la Drôme
VIDEO. Emmanuel Macron giflé lors d'un déplacement dans la Drôme VIDEO. Emmanuel Macron giflé lors d'un déplacement dans la Drôme

Le service de sécurité du président de la République écarte rapidement l'homme qui a giflé le président. Il est interpellé en compagnie d'un deuxième homme. Si les images semblent sans appel, l'entourage du chef de l'Etat évoque une "tentative de gifle" et ne confirme pas que le président aurait été atteint. Aucun journaliste n'était présent au moment des faits, seules des prises de vue effectuées par les badauds présents sont disponibles. Quelques secondes après l'agression, Emmanuel Macron a repris sa visite auprès des personnes venues à sa rencontre. Le chef de l'Etat a réagi mardi soir dans une interview accordée au Dauphiné libéré. "Il faut relativiser cet incident qui est, je pense, un fait isolé. (...) Il faut respecter les fonctions dans la République et je ne lâcherai jamais ce combat", a-t-il affirmé.

2Qui sont les deux personnes interpellées ? 

Selon le procureur de la République de Valence, Alex Perrin, il s'agit de deux Drômois âgés de 28 ans, Damien Tarel et Arthur C. qui n'auraient pas d'antécédents judiciaires, "mais cela demande examen complémentaire". Il s’agit de l’auteur de la gifle et d’un autre homme, précise France Bleu Drôme Ardèche.

Une perquisition a eu lieu en fin d'après-midi au domicile de l'auteur de la gifle, et un ordinateur a été saisi. Selon des proches rencontrés par France Télévisions, les deux hommes actuellement en garde à vue n'auraient pas d'engagement politique, malgré le message aux inspirations royalistes de l'individu qui a giflé le chef de l'Etat. Amateurs de jeux-vidéos basés sur le Moyen Âge, les deux hommes interpellés auraient déjà participé à des manifestations de "gilets jaunes".

3La sécurité d'Emmanuel Macron était-elle bien assurée ?

Il n'y a "pas [eu] d'erreurs de sécurité, (...) le dispositif est tout à fait hermétique, c'est 'barriéré' pour assurer le calme", précise une source présente sur place, contactée par franceinfo. Elle confirme également la "présence d'un gendarme et de policiers en civil dans la foule". "Le risque zéro est impossible. Emmanuel Macron a peut-être salué mille personnes depuis un mois dans des circonstances similaires, et sans aucun accrochage", tente-t-on de rassurer, en soulignant l'intervention "très rapide" du service de sécurité. 

4Le président va-t-il désormais adapter ses visites ?

Pour l'Elysée, pas question de changer quoi que ce soit au programme d'Emmanuel Macron. "Rien ne change sur les prochains déplacements (...). C'est un geste isolé", assure le palais présidentiel. Une source présente sur place complète qu'il n'y a "pas de renforcement de la sécurité à prévoir, le président souhaite aller au contact, déambuler, rencontrer les Français de manière 'désinstitutionnalisée'."

Dans l'après-midi, Emmanuel Macron s'est rendu à Valence, au Bistrot des clercs, où il a déjeuné en présence d'une quarantaine d'invités dont des restaurateurs, des producteurs et des représentants du secteur de l’hôtellerie-restauration.

5Comment a réagi la classe politique ?

L'ensemble de la classe politique a immédiatement condamné cet acte de violence à l'égard du chef de l'Etat. De Jean-Luc Mélenchon à Marine Le Pen, tous les responsables politiques ont dénoncé un acte "inadmissible"Le Premier ministre, Jean Castex, a appelé à un "sursaut républicain", dès le début des questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. Il a pris la parole pour dénoncer cette agression : "La politique, ça ne peut en aucun cas être la violence, l'agression verbale, et encore moins l'agression physique. J'en appelle à un sursaut républicain, nous sommes tous concernés, il en va des fondements de notre démocratie."

"C'est un geste totalement inacceptable. En attaquant le président de la République, on attaque la République et il faut que ce soit sanctionné le plus fermement possible", a renchéri sur franceinfo Xavier Angeli, maire de Tain-l'Hermitage, où se sont déroulés les faits.

6Que risque l'auteur de la gifle ?

Le parquet de Valence a ouvert une enquête pour "violence volontaire sur personne dépositaire de l’autorité publique", un délit qui peut être sanctionné au maximum de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende. "Une plainte sera déposée par le préfet de la Drôme", a par ailleurs précisé le procureur dans un communiqué. 

Alors qu'une gifle sur une personne lambda est considérée comme une simple contravention, ce même acte sur une personne dépositaire de l'autorité publique constitue un délit. "S’il y a une deuxième circonstance aggravante, on passe à cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende", a expliqué à CheckNews l’avocate pénaliste Muriel Ruef.

Pour rappel, en janvier 2017, un jeune homme de 18 ans avait giflé Manuel Valls, alors candidat à l'élection présidentielle, à Lamballe (Côtes-d'Armor). Il avait écopé d'une peine de trois mois de prison avec sursis.

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