"Ils n'ont jamais parlé de la sélection", regrettent des étudiants après l’entretien télévisé d'Emmanuel Macron
À Paris, des étudiants mobilisés contre la réforme de l'accès à l'université, sont restés sur leur faim face à l'intervention télévisée du chef de l'État, regrettant que le "pourquoi" des blocages n'ait pas été abordé.
Des étudiants mobilisés à Paris contre la réforme de l'accès à l'université ont regardé ensemble, dimanche 15 avril, la deuxième intervention télévisée d'Emmanuel Macron en quatre jours. Ils sont restés sur leur faim, regrettant le peu de place accordée à leurs préoccupations.
Le "pourquoi" des blocages attendu... en vain
Quand le chef de l'État précise qu'il ne voit pas de "coagulation des mécontentements" en ce moment en France, Noémie, étudiante à Sciences Po, ne peut s'empêcher de reprendre Emmanuel Macron sur le choix des mots. "Cela s’appelle la convergence des luttes", réplique-t-elle. Le groupe d'étudiants, âgés de 19 à 20 ans, a dû attendre plus d'une heure et demie d'émission avant de voir abordé leur sujet de préoccupation. Tous regrettent que la question de fond, disent-ils n’ait pas été posée. "Ils n'ont jamais parlé du fond sur la sélection, on parle des blocages mais on n'a aucune visibilité sur le pourquoi." Et en moins de quatre minutes, on est déjà passé à un autre dossier, ce qui ne surprend pas Tomek, étudiant à Tolbiac en philosophie et en histoire. "Il n’a pas intérêt à en parler, parce que s’il en parle, il y aura un débat national sur la question. Et s’il y a un débat, on va très bien voir qu’on a raison", juge cet étudiant. "On me dira que je n'ai pas besoin de bloquer parce que je suis déjà à la fac. Mais j’ai peut-être des petits frères et des petites sœurs qui iront à la fac. Le mot 'solidarité', Macron n’a pas l’air de comprendre ce que c’est", ajoute Tomek.
"Le désordre" assumé
Selon le président de la République, les étudiants sont "souvent minoritaires" parmi ceux qui bloquent les universités. Noémie intervient : "Il dit juste qu’il y a des bloqueurs. Jeudi dernier, pour la première fois, je me suis retrouvée face à face avec des CRS. C’était difficile, mais j’étais là quand même parce que c’était important." L'étudiante ne se reconnaît pas dans la description que fait Emmanuel Macron de la mobilisation. "Je ne pense pas être quelqu’un qui mette le désordre dans la vie mais s’il veut dire que je suis une professionnelle du désordre, ça me va très bien maintenant", commente-t-elle. Le groupe se détend : "Il faudra qu’on l’intègre dans la fanfare de Tolbiac comme joueur de pipeau…" Ces étudiants n'ont pas regardé l'émission jusqu'au bout. Plus de deux heures de vide, commentent-ils. Ils tiennent surtout à être forme pour le début de semaine. Plusieurs assemblées générales sont organisées, lundi, pour décider de la suite du mouvement.
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