Pourquoi le déplacement d'Emmanuel Macron aux Émirats arabes unis témoigne de liens très étroits entre Paris et la monarchie pétrolière
Emmanuel Macron se rend ce dimanche à Abou Dhabi pour rendre hommage à Cheikh Khalifa, président des Émirats arabes unis mort vendredi à 73 ans. Une visite qui en dit long sur les liens particuliers entre Paris et la monarchie pétrolière.
La visite pousse Jean Castex à annuler la sienne au Vatican, les deux chefs de l'exécutif ne pouvant être à l'extérieur de la France en même temps. Dimanche, Emmanuel Macron se rend à Abou Dhabi, capitale des Émirats arabes anis, afin d'y rendre un hommage à Cheikh Khalifa, président du pays décédé vendredi à l'âge de 73 ans.
Si la visite présidentielle peut sembler avant tout protocolaire, elle témoigne pourtant des liens très étroits entre Paris et la monarchie pétrolière, particulièrement depuis l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir en France.
Dès l'annonce du décès de Cheikh Khalifa, vendredi, la France avait rendu hommage à "un dirigeant respecté de tous", saluant "son profond attachement à la stabilité et à la paix dans la région et dans le monde. Ses efforts pour apporter des réponses durables aux enjeux globaux ont été constants", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué, saluant son rôle dans le "partenariat stratégique franco-émirien". "Cheikh Khalifa était un fervent artisan du renforcement du partenariat stratégique franco-émirien. La France salue son engagement continu à faire fructifier les liens de confiance et de coopération qui unissent la France et les Émirats arabes unis", a ajouté le Quai d'Orsay.
La disparition du Cheikh Khalifa ben Zayed Al Nahyane endeuille Abou Dabi et les Émirats arabes unis.
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) May 13, 2022
Mes pensées vont à son frère le Prince héritier @MohamedBinZayed, à toute sa famille et au peuple émirien.
Un allié stratégique et industriel
Pour le président français, l'allié stratégique de la France dans le Golfe persique n'est plus l'Arabie saoudite, comme ce fut le cas sous le quinquennat de François Hollande, mais bien les Émirats arabes unis. Entre le président français et Mohammed ben Zayed, le nouveau président du pays élu samedi et succédant ainsi à son demi-frère, Khalifa ben Zayed Al-Nahyane, mort la veille, les convergences d'intérêts sont très nombreuses.
Les deux chefs d'Etat sont, par exemple, de farouches adversaires de l'islam politique. "MBZ", le surnom du nouveau président, tente par ailleurs de forger une réputation de tolérance et d'ouverture : en 2017, il a annoncé que la grande mosquée d'Abou Dhabi serait rebaptisée mosquée Mariam Umm Issa (Marie, mère de Jésus) afin de "consolider les liens d'humanité entre les adeptes de différentes religions". La coopération entre les deux pays est également forte dans le domaine culturel, avec en particulier la création du Louvre Abou Dhabi.
>> Les Emirats arabes unis signent un contrat pour l'achat de 80 avions de combat Rafale à la France
Sur le plan stratégique, Emmanuel Macron et Mohammed ben Zayed nourrissent également les mêmes craintes face à l'Iran et son programme nucléaire. Surtout,
la relation entre les deux pays repose sur une étroite alliance militaro-industrielle.
Depuis 2008, Paris dispose ainsi d'une base aéronavale à Abou Dhabi. Elle est employée par l'armée de l'Air pour ses opérations au Levant, et a notamment servi lors du pont aérien mis en place pour évacuer des étrangers et des Afghans de Kaboul après la prise de pouvoir des talibans en août dernier. En plus de chars de combat Leclerc, en décembre dernier, à Dubaï, a été signé entre les deux pays un contrat pour la livraison de 80 avions de chasse Rafale, pour la somme record de 16 milliards d'euros.
"Emmanuel Macron a fait le choix des Émirats arabes unis, de leur stabilité autoritaire et de leur définition curieuse de la laïcité", a par ailleurs déclaré samedi sur franceinfo le chercheur en sciences politiques Sébastien Boussois pour expliquer les relations diplomatiques d'Abou Dabi avec Paris. Le chercheur ajoute que ces liens permettent à la France "d'exister sur place dans un espace plutôt disputé par les Anglo-Saxons."
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