: Vidéos Grand débat national : dix séquences à retenir de la réunion d'Emmanuel Macron avec des maires et des habitants de banlieue parisienne
Emmanuel Macron s'est rendu à Evry-Courcouronnes, son premier déplacement en banlieue dans le cadre du grand débat.
Après les communes rurales, c'était au tour des maires de la banlieue parisienne de détailler lundi 4 février à Emmanuel Macron la longue liste des maux des banlieues, au cours d'un grand débat réunissant élus et associations à Evry-Courcouronnes (Essonne). Dans la salle municipale qui réunissait 300 maires, responsables d'associations et citoyens engagés, les intervenants se sont succédé pendant plus de six heures pour protester contre la suppression des contrats aidés, qui a fragilisé les associations, les fusions forcées de communes ou encore le manque persistant de logements.
Franceinfo vous résume ces heures d'échanges en dix séquences.
Droit de votes des étrangers : Macron préfère l'accès à la nationalité
Interrogé sur le droit de vote des étrangers aux élections locales, le président de la République n'a pas fait mystère de son refus de s'engager sur ce terrain. "Au fond le vrai sujet aujourd'hui c'est l'accès à la citoyenneté, a-t-il déclaré. Donner le droit de vote aux étrangers même aux élections locales... je crois que le sujet c'est plutôt comment pour toutes celles et ceux qui ont acquis la nationalité française, comment on s'assure qu'elle s'exprime à plein et qu'ils utilisent tous ces droits".
"Quand je vois parfois le taux d'abstention à certaines élections, je me dis que la bataille est plutôt là qu'à donner le droit de vote à ces mêmes élections à ceux qui ne l'ont pas aujourd'hui, c'est plutôt les accompagner dans un chemin qui consiste à demander la nationalité française s'ils sont là depuis longtemps", a-t-il ajouté. Lors de la campagne présidentielle de 2012, François Hollande s'était engagé à accorder le droit de vote aux étrangers "résidant légalement en France depuis cinq ans" avant de finalement renoncer au cours de son quinquennat.
Contrats aidés : Emmanuel Macron esquisse un mea culpa
Pendant le débat, associatifs et élus ont reproché à Emmanuel Macron la décision de réduire les contrats aidés. S'il assume la mesure, le président a reconnu qu'elle avait pu faire des dégâts. "Cela a été une mesure dont la philosophie est bonne mais force est de constater que dans les lieux fragiles, cela a fait souffrir. Il ne faut pas se voiler la face. Il faut accélérer les mesures de compensation"", a-t-il lancé, avant d'affirmer qu'il fallait "corriger" ces effets négatifs.
Le gouvernement est en train de supprimer les trois-quarts de ces contrats, qui sont passés de 320 000 en 2017 à 130 000 budgétés pour 2019. "On a fortement réduit les emplois aidés mais il faut continuer à développer fortement les PEC (parcours emplois compétences), qui ne sont pas assez utilisés parce que pas assez connus, la garantie jeune et l'ouverture du service civique", a-t-il ajouté. Le chef de l'Etat s'est aussi dit prêt à envisager des "emplois francs associatifs", sur le modèle des emplois francs pour le secteur privé, un dispositif qui prévoit des aides de l'Etat pour l'emploi de résidents des quartiers défavorisés.
Un "grand plan" pour les "petites associations"
Lors de son intervention, Emmanuel Macron a annoncé un "grand plan" pour aider les petites associations. Une initiative détaillée ensuite par le ministre délégué chargée de la Ville et du Logement, Julien Denormandie. "Les associations de petite taille ont été les parents pauvres de la politique de la ville", a renchéri le secrétaire d'Etat Julien Denormandie, regrettant que les contraintes administratives soient aussi fortes pour les associations de grande ou petite taille, ce qui "favorise les professionnels de la recherche de financement". Il a aussi dit vouloir accorder aux petites associations des subventions pluriannuelles, une demande récurrente du secteur associatif.
Immigration : le président "ne croit pas aux gens qui font des murs"
Interpellé par le seul maire Rassemblement national d'Ile-de-France, Cyril Nauth, le président de la République a expliqué sa vision de l'immigration. "Je n'ai jamais dit l'immigration est une charge dans le sens que vous avez évoqué. C'est un défi qu'on a nous, a-t-il déclaré. Nous sommes dans un monde de migrations (...) que ça nous plaise où non, on peut se voiler la face, les migrations sont là". Dans un message implicite à son homologue américain, Emmanuel Macron a déclaré qu'il ne croit "pas du tout aux gens qui font des murs, ça ne marche pas".
Le coup de gueule d'un responsable associatif contre les élus et les grandes associations
Omar Dawson avait prévenu d'entrée de jeu. "Après ce que je vais dire, je n'aurais plus de subventions pendant au moins trois décennies", avait déclaré ce militant de l'association Grigny Wood. "Nous avons une politique de la ville qui a fait que plus on a déversé des milliards dans les banlieues, plus elles se sont appauvries (...) Ne donnez pas un euro parce que nous savons que nous n'en verrons pas la couleur", a-t-il lancé, avant d'accuser les élus et les grandes associations de détourner les budgets destinés à ces quartiers. Son intervention a déclenché quelques protestations dans la salle.
Le militant a également reproché au chef de l'Etat de ne se pas se rendre en banlieue. "Vous allez en Egypte, vous vous sentez en sécurité, vous allez au Mali, vous vous sentez en sécurité, mais pas à Grigny. Je vous invite pour un vrai débat avec nous monsieur le Président", a-t-il cinglé.
L'appel à l'aide d'un maire pour sauver ses emplois
Maire d'Argenteuil (Val d'Oise), Georges Mothron a profité de l'occasion pour demander un rendez-vous au président de la République pour traiter d'un dossier brûlant de sa commune. "Monsieur le président, 800 emplois risquent de disparaître d'Argenteuil. Je vous appelle au secours", lance-t-il. L'élu fait référence à l'entreprise Dassault Aviation, qui a fait part de son intention de quitter la ville. "On va regarder et on va régler le problème", a promis le chef de l'Etat.
Un habitant de Courcouronnes dénonce les discriminations
Ni responsable associatif, ni élu, Manuel, un habitant noir de Courcouronnes, est venu dénoncer les discriminations liées à sa couleur de peau et à son quartier. "Lorsqu'on est habitant de ces quartiers, on est souvent victime de discrimination, pas que dans l'emploi (...) Cela peut être dans de simples services publics comme les impôts où on m'a demandé si je savais lire", raconte-t-il, avant d'égrener d'autres exemples. Le président de la République lui a brièvement répondu quelques minutes plus tard : "Ca s'appelle de la bêtise. Je peux pas l'interdire, faut lutter contre".
Une militante associative offre des films au président
Danièle Ridereau, de l'association Lumières des cinés, était venue pour attirer l'attention d'Emmanuel Macron sur les difficultés du monde associatif, dues notamment au calendrier des subventions. "Personnellement, j'avance jusqu'à 6 000 euros de ma poche pour que je puisse faire les projets", a-t-elle expliquée. Mais la militante associative d'Etampes (Essonne) était également là pour remettre au président "une lettre et quelques films faits avec les jeunes d'Etampes".
"Je suis sûre que vous allez m'écouter parce que je m'appelle Brigitte", lance une maire
Tous les moyens sont bons pour attirer l'attention du chef de l'Etat. La maire de Noisy-le-Grand, Brigitte Marsigny, a utilisé l'humour : "je suis sûre que vous allez m'écouter, parce que je m'appelle Brigitte", a lancé l'élue LR, déclenchant des rires dans la salle.
Un député rabroué pour un tweet
Conseiller municipal de Juvisy et député de l'Essonne, Robin Reda aurait voulu poser une question au chef de l'Etat mais n'a pas été retenu parmi les orateurs de la soirée. Un refus dont il s'est ému dès le début du débat sur Twitter. "Les députés et les sénateurs ont dans leurs prérogatives le soin, le loisir et la possibilité d'interroger les membres du gouvernement et le Premier ministre chaque semaine aux questions au gouvernement et que bien évidemment les autres habitants qui sont ici n'ont pas le même loisir de le faire, c'est pour ça que vous êtes invités à assister au débat mais à ne pas prendre la parole, lui a lancé le ministre Sébastien Lecornu, avant de glisser : ça me permet de répondre à votre tweet".
Pas convaincu par l'argument, Robin Reda s'est fendu d'un autre message pour rappeler qu'il n'a jamais l'occasion d'interpeller le chef de l'Etat.
cher @SebLecornu les députés peuvent interpeller les ministres à l’Assemblée mais jamais le Président qui n’a pas le droit de s’y rendre. Je suis aussi conseiller municipal d’1 ville qui va perdre son hopital et qui n’aura pas de voix aujourd’hui #GrandDebat #Evry
— Robin Reda (@robinreda) 4 février 2019
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