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En déplacement avec François Bayrou dans le Tarn

François Bayrou était en déplacement, lundi 6 février dans le Tarn. France TV 2012 vous propose de suivre heure par heure ce déplacement pour essayer de comprendre au-delà du candidat du Modem à quoi servent ces visites de terrain dans une campagne.
Article rédigé par Daïc Audouit
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
François Bayrou à marche tranquille (DR)

François Bayrou était en déplacement, lundi 6 février dans le Tarn. France TV 2012 vous propose de suivre heure par heure ce déplacement pour essayer de comprendre au-delà du candidat du Modem à quoi servent ces visites de terrain dans une campagne.

De notre envoyé spécial à Albi -La campagne de Castres: -4°. Une fine couche de neige galbe de douceur les coteaux tarnais.

Les environs de Castres (DR)

Retard

L'avion des journalistes parisiens a décollé avec trente minutes de retard. François Bayrou est déjà sur place. Par précaution, il a fait le trajet de Pau en voiture. Bayrou qui attend les journalistes, c'est le monde à l'envers tant le candidat du MoDem n'a pas la réputation d'être le politique le plus ponctuel. Mais c'est une volonté de ne pas apparaître comme un homme pressé durant une campagne.

Le premier rendez-vous est fixé dans une entreprise textile qui travaille notamment pour Agnès B. Le produire en France toujours. Pendant que François Bayrou visite les ateliers et se fait expliquer le maniement des machines, son "équipe déplacement" connaît ses premières sueurs froides. "Pour l'instant on n'est pas en retard, mais pour après ca va dépendre de l'état de la route", s'inquiète-t-on.

Dernière photo de groupe avec les employés de l'usine. Il faut encore passer par le magasin prendre le cadeau souvenir: une magnifique écharpe au nouveau code couleur du MoDem, orange et bleue. Le candidat en a commandé un millier pour la campagne. Cette société a également l'avantage d'être une SCOP, rachetée par ses salariés. Autre thème dans l'air du temps. Bref, un choix judicieux.

Le reportage d'Anne Bourse de la rédaction nationale de France 3

L'homme du cru

Le référent local, c'est le secret d'une visite de terrain réussie. Ici, le député du Tarn, Philippe Folliot, nouveau centre rallié assez tôt à François Bayrou. C'est lui qui a organisé la visite. Pour le rendez-vous suivant, direction Saint-Pierre de Trivisy. Philippe Folliot a réuni pour déjeuner une trentaine de maires de petites communes du coin dans un restaurant bibliothèque municipale, présenté comme unique en France. Le genre de cadre et de compagnie dans laquelle Bayrou se sent bien.

"On est déjà très en retard, mais ça n'a pas l'air de le préoccuper, ça ne vous étonnera pas", confie l'entourage de Bayrou. Il passe beaucoup de minutes avec peu de personnes, n'est-ce pas du temps de perdu pendant une campagne ? "La démocratie ça ne se mesure pas à ce que ça rapporte mais à l'authenticité des rapports humains", répond François Bayrou.

Le temps du off

Direction Albi. Une heure de trajet. Il monte dans le bus des journalistes. C'est le moment des confidences. C'est l'intérêt pour les journalistes de suivre un déplacement. Nous sommes moins nombreux qu'à Paris et le candidat n'est pas entre deux rendez-vous. La conversation porte sur l'interview commun Sarkozy/Merkel. "L'idée qu'il faut se montrer aux côtés des grands de ce monde me paraît déroutante". Les propos de Guéant ? "D'une grande imprudence et très dangereux".

On discute aussi de son tassement dans les sondages. François Bayrou l'explique par l'iniquité du traitement médiatique. "Quand vous avez dix fois moins d'antenne que les deux favoris, ça se traduit pendant quelques jours", déclare-t-il. Mais il s'empresse d'ajouter: "les Français ne vivent pas avec une étiquette dans la tête". Cette mise en cause des médias sonne très Bayrou 2007. Jusqu'ici, il ne voulait pas utiliser à nouveau cet argument qui ressemble à un aveu de faiblesse, une reconnaissance implicite de ne pas boxer dans la même catégorie. Mais le CSA lui donne raison.

Sous le signe de Jaurès...

Arrivée à l'entreprise VOA (verrerie ouvrière d'Albi). Une statue de Jean Jaurès accueille la petite troupe du Bayrou tour pour rappeler qu'alors député du coin , il a sauvé l'entreprise grâce à son entregent. Rien de neuf sous le soleil de Lejaby. Beaucoup de presse locale est également présente. Aller à sa rencontre est la principale raison des déplacements en Province. Il part ensuite à pied dans la zone industrielle bavarder avec des salariés du groupe Madrange qui sont sous le coup d'un plan de licenciement. L'assistant parlementaire de Philippe Folliot angoisse. "On va être obligés de zapper la cathédrale d'Albi".

La cathédrale d'Albi (DR)

Ce serait dommage, car elle vient d'être classée au patrimoine de l'humanité. Et surtout la rougeur du couchant rebondit sur ses briques roses en un brasillement d'incendie. Bayrou y fait un petit tour très bref avant de rejoindre la faculté d'Albi où l'attend un grand amphi bondé pour une réunion publique. Après "produire", il s'agit d'évoquer son deuxième thème de campagne: "instruire". C'est une petite entorse aux règles de la communication politique. Normalement à un déplacement ne doit correspondre qu'un seul thème du programme. Mais pour le président du MoDem les deux sont liés et il faut être pragmatique et rentabiliser les déplacements.

François Bayrou à la lumière de son programme (DR)

Car François Bayrou aime avoir un peu de liberté dans son agenda. Il aime écrire ses discours lui-même et répondre aux nombreux questionnaires qui lui sont envoyés ou du moins regarder attentivement les réponses que ses collaborateurs lui ont écrites. Il repart de Toulouse pour Paris par le dernier vol du soir.

Et celui de Nicolas Sarkozy

Toute une journée pour finalement rencontrer peu de personnes. Les télévisions auront leur images de visite d'usine. Mais ce ne sont pas les premières. Par un hasard de calendrier, Nicolas Sarkozy empruntera les mêmes routes mardi. "Seulement une heure et demie", précise François Bayrou qui ajoute: "et au moins je n'ai pas besoin de demander au préfet d'appeler les maires pour faire de la retape pour qu'il y ait du monde".

Ne pas apparaître comme un homme pressé, on vous dit.

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