Entretien : Bruno Gollnisch se sent mis à l'écart de la campagne de Marine Le Pen
Bruno Gollnisch fut candidat malheureux face à Marine Le Pen à la présidence du FN. Il avait obtenu 32% des voix. Dans cette campagne, on ne l'entend pas. Est-il mis à l'écart par la candidate? Il répond dans un entretien exclusif pour FTV 2012.
Comment jugez-vous la campagne de Marine Le Pen ? Etes-vous en accord avec le programme qu'elle défend ?
Bruno Gollnisch : Je la juge bonne indiscutablement. Ses apparitions médiatiques sont très bonnes. Elle accomplit d'assez nombreux déplacements qui sont plutôt réussis. Mais tout cela est très obéré par la quête des signatures qui est extrêmement consommatrice de temps, d'argent et d'énergie.
Elle a raison de ne pas mettre tout le temps en avant la question de l'immigration. Je suis content qu'on ouvre d'autres champs du débat. Je souhaiterais qu'on parle d'avantage de culture, d'éducation ou de la famille.
Il faut faire attention à ce que la légititime défense du service public n'apparaisse pas comme la défense des abus auxquels il a pu donner lieu. Il ne faut pas perdre de vue la lutte contre le fiscalisme et la bureaucratie.
On ne vous entend pas beaucoup dans cette campagne. Le Front national préfère envoyer d'autre porte-paroles dans les médias. Etes-vous mis à l'écart par Marine Le Pen ?
Ce n'est pas à moi de le dire. Il est de fait qu'on ne me propose aucune émission. Ce n'est pas mon genre de faire la manche, je ne vais importuner ni le service de communication du Front, ni les journalistes directement.
Je trouve cela regrettable parce que je pourrais avoir des choses à dire dans les domaines de ma compétence. En matière de droit international et de renégociation des traités, j'ai des connaisances que Marine n' a pas au même degré. On ne peut pas être omniscient.
Il n'y a de ma part aucun retrait volontaire. C'est une occultation subie. Je prends cela avec philosophie, mais c'est assez curieux. Je ne suis pas sur que Jean-Marie Le Pen ne trouve pas cette situation un peu surprenante.
J'ai une certaine expérience politique, je suis de la même stature que des personnes régulièrement invitées. Si Marine ne souhaite pas que je m'exprime, je ne vais pas me livrer à des reptations pour avoir une émission. Il suffirait que j'exprime le moindre dissentiment et je serai invité dans les 20h. Je sais comment le système marche.
Je ne suis pas comme un espèce de censeur passif à l'extérieur qui distribuerait des notes, des bons et mauvais points. Je suis engagé dans le dispositif.
Je ne ne demande qu'une chose c' est à y être davantage engagé y compris publiquement. Je ne claque pas la porte en disant je suis ostracisé, c'est dégueulasse, mais j'aimerais que les choses évoluent
Comment voyez vous l'avenir du Front national et votre avenir au sein de votre parti ?
Très sincèrement, je dois reconnaître que l'élection de Marine Le Pen à la tête du Front a eu pour conséquence un regain d'adhésion de l'opinion. Je pense y avoir contribué en étant son opposant.
La succession s'est plutôt mieux passé qu'au Parti socialiste ou ailleurs L'élection interne a prouvé que ce mouvement qui était tres marqué par la personnalité de Jean-Marie était capable d'avoir des structures et d'en renouveller le personnel à travers des procédures normales.
Cela a créé un regain de confiance, plus que le facteur personnel de Marine dans ce qu'on appelle la dédiabolistaion.
Je crois que je continue de peser dans l'appareil car je bénéficie d'une certaine sympathie auprès des cadres et des militants. L'électorat me connait moins bien.
On me sait gré de m'être incliné dans cette élection sans faire de vagues. Si le FN continue de progresser avec Marine, et je le souhaite, on aura besoin de cadres. Je l'espère. Il y a un bilan qui sera fait après les deux élections de cette année.
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