Vidéo "Le Ministre qui ne devait pas l'être" : trois séquences à retenir d'un documentaire consacré au garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti

Le documentaire réalisé par Alexandre Darmon et Matthieu Mares-Savelli est diffusé sur France 5 dimanche à 21h05.
Article rédigé par Isabelle Malin
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Un documentaire a suivi au plus près, pendant trois ans, le garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti. (ARTHUR N. ORCHARD / HANS LUCAS)

Le 6 juillet 2020, Eric Dupond-Moretti est nommé à la tête du ministère de la Justice par Emmanuel Macron. L'avocat le plus médiatique de France avait pourtant déclaré auparavant qu'il "n'accepterait jamais un truc pareil". Reconduit à son poste, jeudi 11 janvier, par Gabriel Attal, le nouveau Premier ministre, l'avocat pénaliste est le sujet central du documentaire Le Ministre qui ne devait pas l'être, diffusé dimanche soir sur France 5. Les deux réalisateurs, Alexandre Darmon et Matthieu Mares-Savelli, ont suivi au plus près Eric Dupond-Moretti durant trois ans, de ses premiers pas au sein du gouvernement jusqu'à son procès en 2023.

L'ancien ténor du barreau est le premier ministre de la Ve République en exercice à avoir été jugé par la Cour de justice de la République. Connu pour ses coups d'éclat, son tempérament sanguin et ses acquittements spectaculaires, le roi des prétoires est aussi un débutant en politique, bien décidé à réformer l'institution en profondeur et à apposer une nouvelle marque à la chancellerie. Voici trois extraits issus du documentaire intimiste qui lui est consacré.

En quête d'une légitimité électorale lors des régionales de 2021 : "C'est pas mal, d'aller se frotter à une campagne"

Adversaire du Rassemblement national (RN), Eric Dupond-Moretti décide de faire campagne pour les élections régionales dans les Hauts-de-France, en juin 2021. Un exercice délicat pour ce natif du Nord, alors que la majorité présidentielle n'est créditée que de 10% dans cette région, dont Marine Le Pen a fait sa terre d'élection depuis quinze ans. A l'époque, la présidente du RN refuse la proposition d'un débat émise par le garde des Sceaux. 

Le ministre de la Justice se livre dans un documentaire qui lui est dédié.
Eric Dupond-Moretti, candidat aux élections régionales dans le Nord Le ministre de la Justice se livre dans un documentaire qui lui est dédié. (France 5/ 3ème oeil)

"Je trouve que c'est pas mal, quand même, quand on arrive de la société civile, d'aller se frotter à une campagne électorale, confesse Eric Dupond-Moretti. Il y a une forme de recherche de légitimité". Alors qu'il arpente les rues de la ville de Péronne (Somme), le ministre est interpellé par Damien Rieu, le candidat Rassemblement national aux régionales. Eclate alors un échange houleux entre les deux hommes à la terrasse d'un café. 

Alors que le réalisateur montre ces images au garde des Sceaux et lui demande si elles lui sont pénibles, le ministre avoue : "Oui, car j'aurais dû passer ma route. Ce n'est pas parce que vous faites de la politique et que vous êtes engagé que vous êtes déshumanisé. Dans l'humanité, il y a de jolies choses et des choses un peu moins jolies. Je n'aurais pas dû m'énerver."  

Faussement décontracté avant sa mise en examen pour prise illégale d'intérêts en 2023 : "Moi, j'ai piscine"

Eric Dupond-Moretti est soupçonné, en 2021, d'avoir profité de sa fonction de garde des Sceaux pour régler des comptes dans des dossiers dans lesquels il avait été impliqué en tant qu'avocat. Le ministre avait ordonné des enquêtes administratives portant sur plusieurs magistrats, avec lesquels il avait eu maille à partir dans sa vie professionnelle précédente. Suivi par les caméras des deux réalisateurs le 16 juillet 2021, quelques heures avant de savoir s'il sera ou non mis en examen, il plaisante avec sa directrice de cabinet, Véronique Malbec, dans son bureau de la chancellerie. "Moi, j'ai piscine (...) Pour te faire marrer, avant que je ne m'en aille, je vais prendre une vieille habitude, qui est celle de lire mon horoscope. 'Réussite, quel courage ! On ne pourra pas vous arrêter. N'en faites pas trop tout de même".".

Le garde des Sceaux à l'Assemblée nationale
La convocation d'Eric Dupond-Moretti devant la justice Le garde des Sceaux à l'Assemblée nationale (3ème œil, France 5)

Peu de temps après, le couperet tombe : la mise en examen du ministre est confirmée. "Ce n'est pas simple à vivre. Mais il faut faire semblant de ne pas être trop affecté", confie Eric Dupond-Moretti. A l'issue de son procès d'une semaine, le ministre de la Justice est finalement relaxé, le 29 novembre 2023

Pris de regrets après ses bras d'honneur à l'Assemblée en 2023 : "Je ne suis pas fier de ça"

La mise en examen d'Eric Dupond-Moretti le fragilise face à ses opposants, principalement à l'Assemblée nationale. A cette époque, le ministre travaille sur la préparation d'un projet de loi, qui lui tient particulièrement à cœur : la présomption d'innocence. En mars 2023, une séance particulièrement houleuse se déroule dans l'hémicycle lors d'un débat sur l'inéligibilité des élus condamnés pour violences conjugales. Alors qu'Olivier Marleix, le président du groupe Les Républicains à l'Assemblée, évoque avec ironie les différentes mises en examen dans l'entourage d'Emmanuel Macron, visant particulièrement le ministre, le garde des Sceaux effectue à plusieurs reprises un bras d'honneur

Le ministre de la Justice mis en examen pour prise illégale d'intérêt.
Le bras d'honneur d'Eric Dupond-Moretti Le ministre de la Justice mis en examen pour prise illégale d'intérêt. (3éme œil/ France 5)

Il confie, dans le documentaire, ses regrets. "Je ne suis pas fier de ça, mais véritablement, j'ai dit : 'Vous avez traité la présomption d'innocence avec un geste', que je ne vais pas refaire ici, qui a été surinterprété. Voilà, ça me dérange de l'avoir fait, mais la présomption d'innocence, j'y suis très attaché". La polémique oblige le ministre à s'excuser publiquement et à s'expliquer avec la Première ministre, Elisabeth Borne. "C'est moi qui l'ai appelée (...) Et c'est bien normal, puisqu'il y a eu un émoi politique autour de tout cela."

Le documentaire Le Ministre qui ne devait pas l'être, réalisé par Alexandre Darmon et Matthieu Mares-Savelli, est diffusé dimanche 14 janvier à 21h05 sur France 5 et sur la plateforme france.tv. 

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