Eric Woerth s'explique
Face à la pression et aux soupçons qui enflent en face de lui, Eric Woerth a choisi de monter au créneau pour tenter de mettre fin au déferlement qui le vise depuis que l'affaire Bettencourt a éclaté. Il s'est qualifié de “cible politique” et dénonce une manœuvre visant à “ralentir le rythme et la réussite” de la réforme des retraites.
Devant les journalistes du Grand jury RTL-LCI-Le Figaro, le ministre du Travail, ex-ministre du Budget, a expliqué qu'il n'avait pas eu connaissance des éléments accréditant l'idée que Liliane Bettencourt fraudait le fisc,
pourtant transmis par le parquet de Nanterre à Bercy début 2009,
alors qu'Eric Woerth était en poste à Bercy.
LE MINISTRE NE S'OCCUPE PAS DES CONTRÔLES FISCAUX
Lui qui se dit “très serein” assure qu'il n'a “jamais déclenché de contrôle fiscal”, ni “empêché de contrôle fiscal”, car cela n'entre pas dans les tâches du ministre. Le ministre du Budget, explique-t-il, n'a aucun pouvoir sur les enquêtes fiscales et n'entre pas dans les procédures en cours. “Tout cela fonctionne de manière autonome du ministre”, a-t-il dit, rappelant qu'il y avait 50.000 contrôles fiscaux par an.
Sur le document transmis au fisc par le parquet de Nanterre début 2009, Eric Woerth se défend aussi des accusations d'avoir été alerté. Il concernait François-Marie Banier, photographe et ami de Liliane Bettencourt, accusé par la famille de la milliardaire de lui avoir extorqué entre 600 millions et un milliard d'euros. Et le ministre de brandir le document en question au nez des journalistes. Le contrôle sur François-Marie Banier ayant eu lieu, le ministre assure qu'il n'y avait aucune raison de soupçonner Liliane Bettencourt.
_ Pourtant ces pages évoquent l'île d'Arros, aux Seychelles, propriété de Liliane Bettencourt cachée au fisc : “Je ne connais pas cette île, je ne sais même pas où elle est”, tranche-t-il. “Liliane Bettencourt fait partie des gros contribuables français. S'il y a des biens qui sont cachés quelque part, très sincèrement l'administration fiscale n'a pas les moyens de le
savoir en France”, admet-il.
IL RESTE TRESORIER DE L'UMP
Une grosse contribuable qui, le ministre l'a aussi admis, a fait des dons à l'UMP, dont il est trésorier, “comme 50.000 personnes”. Mais il estime qu'il n'y a pas de conflit d'intérêt et qu'il ne quitterait pas ce poste.
Le ministre a aussi défendu sa femme, Florence Woerth, présente sur le plateau avec d'autres ministres du gouvernement. Elle travaillait pour la société Clymène, chargée de faire fructifier une partie de l'argent de la milliardaire, et qui a perdu des sommes énormes, selon le site internet Médiapart. “J'ai toujours fait une muraille de Chine entre nos deux métiers”, répond-il. “Elle a fait son métier avec honneur avec compétence, avec honnêteté”.
LES LINGOTS DE ROBERT PEUGEOT
Enfin, il s'est insurgé contre la dernière affaire, qui lui est tombée dessus ce matin avec la parution du JDD. Le journal croit savoir qu'un des héritiers de la famille Peugeot, Robert, aurait évité un contrôle fiscal en décembre dernier après un cambriolage, grâce à un dîner avec Eric Woerth. Le ministre, qui a confirmé le dîner, a juré qu'il n'avait pas été question des lingots d'or volés et il s'en est pris aux auteurs de l'article.
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