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France-Soir, qui fut un grand quotidien populaire, arrête sa publication sur papier

La direction de France-Soir a décidé, mercredi 14 décembre, de ne pas confectionner le dernier numéro du journal, dont l'impression était prévue le même soir. Le quotidien populaire, né en 1944, ne sera donc plus en kiosque à partir de jeudi.
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Vente du numéro de France Soir annonçant la mort du général De Gaulle (AFP)

La direction de France-Soir a décidé, mercredi 14 décembre, de ne pas confectionner le dernier numéro du journal, dont l'impression était prévue le même soir. Le quotidien populaire, né en 1944, ne sera donc plus en kiosque à partir de jeudi.

France-Soir ne sera pas en kiosque jeudi. Le titre devait arrêter sa publication sur papier après la sortie du numéro de jeudi et n'être plus "diffusé" que sur Internet. Un comité d'entreprise devait acter cette décision de la direction. Or, ce dernier ne s'est pas réuni mardi comme prévu en raison d'une occupation des locaux par des militants du Livre CGT opposés au plan Pougachev.

"Nous avons décidé d'interrompre l'édition papier de France-Soir, pour les raisons suivantes : les locaux et le personnel de France-Soir ont été victimes hier d'une action commando violente (...). Dans ce contexte de menaces, les conditions ne sont pas réunies pour réaliser sereinement, aujourd'hui, une édition papier de qualité, dans les conditions éditoriales requises", annonce le communiqué signé Alexandre Pougachev, propriétaire du titre.

Un million d'exemplaires

Alexandre Pougachev, propriétaire du titre de nationalité française, avait annoncé la fin de la version papier du quotidien pour le 15 décembre. "L'arrêt définitif du papier n'est cependant pas acté, dans la mesure où le comité d'entreprise n'a pas encore rendu d'avis", a précisé la direction.

France-Soir est né en 1944, créé par des journalistes issus de la Résistance. Il a symbolisé pendant l'après-guerre une presse populaire à fort tirage.

Pendant les années 1950 et 1960, le quotidien, dirigé par Pierre Lazareff depuis 1947, vend plus d'un million d'exemplaires par jour. Puis concurrencé par les radios et la télé, le journal voit son tirage baisser inéxorablement.

Cependant, en novembre 1970, France-Soir vend plus de 2 millions d'exemplaires avec le numéro annonçant la mort du général de Gaulle.

Vendu et revendu, le titre est finalement repris par le fils d'un milliardaire russe, Alexandre Pougatchev, en 2009. Malgré plusieurs "nouvelles formules", le titre a du mal à boucler son budget et s'oriente vers une version uniquement électronique.

La Tribune en difficulté

Les salariés du quotidien économique "La Tribune" craignent de subir le même sort alors que le placement en redressement en judiciaire du journal devrait être confirmé lundi prochain.

Les candidats à une reprise du titre, le deuxième quotidien économique en France, ont jusqu'à ce vendredi midi pour se faire connaître. Des repreneurs qui la aussi pourrait choisir de ne garder le titre que sur Internet.

Dans ce contexte de crise, l'agence ZenithOptimedia estime que les recettes publicitaires de la presse en France devraient poursuivre leur baisse en 2012 avec un recul attendu de 3,1% l'an prochain après -2,5% anticipé pour 2011.

Les journaux misent sur le succès des tablettes

Les marques de presse ont gagné des parts de marché publicitaires sur Internet dont elles devraient représenter entre 10% et 15% en 2011 mais cette percée reste encore insuffisante pour compenser la baisse des recettes physiques.

Dans ce contexte morose, les journaux multiplient les initiatives pour tenter de s'adapter à la nouvelle donne imposée par Internet en espérant notamment profiter du succès des tablettes.

Interrogé dimanche sur Canal+, le ministre de Culture et de la Communication s'était montré peu optimiste sur un évenuel sauvetage du journal. "C'est compliqué de demander à M. Pougachev, qui a déjà mis 70 millions d'euros dans France-Soir, de remettre la main au pot", avait déclaré Frédéric Mitterrand.

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