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Présidentielle : comment des militants viennent perturber les déplacements de François Fillon

Le candidat de la droite ne peut désormais plus faire un pas sans tomber sur eux. Ces militants, pour la plupart de gauche et d'extrême gauche, s'invitent à chaque déplacement de campagne, au cri de "Fillon, rends-nous le pognon". 

Article rédigé par franceinfo - Margaux Duguet
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des militants "anti-Fillon", lors du meeting de Compiègne (Oise), le 15 février 2017. (OLIVIER CORSAN / MAXPPP)

La Réunion, Compiègne, Troyes... Plus récemment Tourcoing, vendredi 17 février. A chaque déplacement de François Fillon, ils sont là. Parfois seulement quelques-uns, à d'autres moments plusieurs dizaines, ces "anti-Fillon", majoritairement des militants de gauche et surtout d'extrême gauche, se sont promis de ne pas laisser le candidat de droite poursuivre sa campagne. Armés de casseroles et aux cris de "Fillon en prison", ils ne digèrent pas l'affaire dite du "Penelopegate" mais en profitent également pour dénoncer le programme très libéral du député de Paris. Franceinfo est allé les interroger. 

Un jeu du chat et de la souris

A la dernière minute. C'est souvent, voire toujours, comme ça que ces "happenings" politiques sont organisés. Car les équipes de François Fillon se sont adaptées à ces nouvelles contraintes du terrain. Agendas communiqués tardivement, rencontres fermées à la presse, sorties du candidat par des portes dérobées... Mais les "anti-Fillon" savent eux-aussi se mobiliser très vite.

"On a eu la confirmation la veille", raconte à franceinfo Jean-Pierre Cornevin, secrétaire départemental du PCF dans l'Aube, qui a orchestré la petite manifestation au technopôle de Troyes, le 7 février. "Ça s'est fait par des coups de téléphone le soir et finalement on était une bonne trentaine". Tout s'est organisé localement, il n'y a pas eu de contact avec les instances nationales, ce qui est le cas de bon nombre de ces manifestations. 

"Nous, c'est par des indiscrétions qu'on a su qu'il venait", explique de son côté Mounia Benaili, militante du FDG et référente de la France insoumise dans l'Essonne. Elle a organisé avec d'autres "l'accueil" de François Fillon à Athis-Mons (Essonne), le 8 février. "Ce sont par des confidences des gaullistes que l'on a été informés", lâche-t-elle. Des gaullistes ? "Oui, des gens de droite qui suffoquent de ce qu'a fait Fillon".

Tout s'est joué en l'espace d'une demi-heure, on a eu le lieu exact à la dernière minute

Mounia Benaili, référente de la France insoumise dans l'Essonne

à franceinfo

Pour le meeting de Compiègne (Oise) mercredi 15 février, les choses se sont faites plus en amont. "On a appris le lieu du meeting le lundi soir et on a pu mobiliser à ce moment-là", assure Georges du Rouchet, secrétaire général de la CGT dans l'Oise. "On était 120, mais on aurait pu être 300, des gens ont été bloqués", ajoute-t-il. Le rassemblement était ici cosmopolite : des militants du PCF, du NPA, de la CGT ou de la France insoumise étaient présents. 

"Il ne peut pas faire le M. Propre"

Pour tous, c'est bien d'abord l'affaire Fillon qui les a motivés à se mobiliser. "On ne peut pas briguer la présidence de la République alors que l'on s'est enrichi sur la République. C'est inadmissible", accuse Georges du Rouchet. 

Il demande des sacrifices aux Français mais il est lui-même peu scrupuleux des deniers publics

Jean-Pierre Cornevin, secrétaire départemental du PCF dans l'Aube

à franceinfo

"Il ne peut pas faire le M.Propre", renchérit Mounia Benaili. "Il continue à s'en prendre aux assistés alors que sa femme et ses enfants sont des assistés." 

Outre l'affaire en elle-même, ces militants sont aussi là pour des motifs purement politiques. Georges du Rouchet évoque ainsi le programme du candidat, qui veut "supprimer des postes de fonctionnaires, privatiser les hôpitaux et mettre fin à la Sécurité sociale : c'est inadmissible". "On n'a pas oublié son programme", complète Jean-Pierre Cornevin. "Il y a l'affaire Penelope mais aussi son programme très libéral qui est insupportable", dit-il, avant de lancer : "On fait de la politique, nous". 

Pas de consignes mais une certaine bienveillance

Au niveau des instances nationales de ces partis de gauche, on regarde tout ça avec bienveillance, sans pour autant donner quelque consigne que ce soit. "On n'a pas besoin d'être au NPA pour faire du bruit de casseroles pour imiter les casseroles de Fillon", affirme Christine Poupin, la porte-parole de Philippe Poutou, candidat à l'élection présidentielle. "Il est pris les deux mains dans le pot de confiture. Il devrait s'apercevoir qu'il faut qu'il arrête". 

Même son de cloche du côté de la France insoumise. "On n'est pas prévenus de leurs actions et on n'a pas à donner de consignes. Les militants ne sont pas une armée", explique Manuel Bompard, le directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon. 

Je comprends les militants. Il y a le sentiment d'une classe politique déconnectée des réalités

Manuel Bompard, directeur de campagne de Jean-Luc Mélenchon

à franceinfo

"Ils ne font rien d'interdit et s'il y avait des débordements, bien sûr qu'on les condamnerait", dit-il encore. "Il y a une forme d'entêtement de Fillon qui conduit à ce que ça [ces manifestations] ne s'arrête pas"

Du côté de François Fillon justement, on ne manifeste pas une si grosse inquiétude. "Un monde de fou ;)", a tweeté Gérald Darmanin, le maire LR de Tourcoing qui accueillait vendredi matin François Fillon, en réponse à un tweet de franceinfo sur ces manifestants. 

"Il n'y a pas d'impact sur les déplacements", soutient à franceinfo Thierry Solère, le porte-parole de François Fillon, qui fait cependant remarquer la présence des gendarmes "lors de la réunion publique dans l'Essonne hier soir", une première. La sécurité du candidat n'a, pour l'instant, pas été renforcée. 

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