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Affaire Penelope Fillon : un collaborateur parlementaire "n'a pas besoin de cinq heures d'audition pour prouver son métier"

Thierry Besnier, secrétaire général du SNCP-FO, syndicat national des collaborateurs parlementaires, a reconnu, jeudi sur franceinfo, que certains assistants, ayant un lien familial avec le parlementaire qui les emploie, se posent la question de conserver leur poste.

Article rédigé par franceinfo
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François Fillon et sa femme, Penelope, le 29 janvier 2017, à Paris. (Photo d'illustration) (ERIC FEFERBERG / POOL)

Les soupçons d'emplois fictifs qui pèsent sur Penelope Fillon jettent le trouble chez les assistants parlementaires et sur leur travail. Dans un communiqué le SNCP-FO, leur principal syndicat, a tenu à affirmer "Nous ne sommes pas Penelope"Thierry Besnier, secrétaire général du SNCP-FO, le syndicat national des collaborateurs parlementaires, a déclaré, jeudi 2 février sur franceinfo : "Je n'ai pas besoin de cinq heures d'audition pour prouver mon métier."

franceinfo : Les collaborateurs sont-ils très touchés par l'affaire Penelope Fillon ?

Thierry Besnier : Professionnellement, oui. Certains collègues se posent la question de leur démission. Quelques-uns sont des emplois familiaux. Ils font un travail conséquent. Ils se posent la question de la pertinence de conserver leur poste. Ils vont être amenés à choisir entre quitter un emploi ou rester. Le risque est que leur employeur pâtisse de leur présence.

Le nombre de collaborateurs faisant parti de l'entourage familial d'un parlementaire est-il élevé ?

C'est très loin d'être la majorité des collaborateurs parlementaires. Cela représente environ 7% des personnels. Pour ceux que l'on connait, et que l'on côtoie à l'Assemblée ou en circonscription, ce sont des personnes qui exercent leur métier avec compétence comme les autres.

Le regard sur votre métier a-t-il changé depuis le début de l'affaire ?

Les conversations sont, au départ, sympathiques. Cependant, lorsque l'on croise les commerçants qui connaissent votre métier, les questions sur la voiture de fonction, l'appartement, les billets, sont parfois extrêmement inconfortables. Une collègue nous a dit : 'moi je n'ai pas besoin de cinq heures d'audition pour prouver mon métier. Avec un quart d'heure, et un téléphone portable, je peux prouver tout ce que j'ai fait depuis un mois'.

On travaille comme des damnés. On fait en sorte que nos députés puissent travailler dans des conditions extrêmement difficiles. Au final, on se retrouve avec un avocat qui dit que notre métier n'est pas quantifiable, qui est immatériel, qu'il y a une part non-traçable de notre profession. C'est insultant.

Quelle est la réalité du métier de collaborateur parlementaire ?

Si on prend l'exemple de la loi Macron, vous avez un texte qui arrive très vite à l'Assemblée. Il faut l'étudier en urgence. Pendant 15 jours, vous travaillez d'arrache-pied pour essayer de comprendre ce texte. À la sortie, il y a un texte extrêmement complexe de 256 articles, qui couvre plusieurs domaines. Si vous n'avez pas les ressources et des collaborateurs, la compréhension du texte devient difficile.

Dans la vie quotidienne, il faut aussi suivre le processus législatif. Il faut rendre compte des bugs qu'il peut y avoir dans l'application de la loi. C'est un peu du 24h/24h. Nous n'avons pas de statut réel. On pense qu'un statut qui délimiterait le métier, permettrait de cadrer les choses. Il faudrait une convention collective qui puisse s'étendre à tous les collaborateurs d'élus pour clarifier la profession.

"Certains collègues se posent la question de leur démission", Thierry Besnier

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