François Hollande endosse le costume présidentiel pour une conférence de presse de campagne
François Hollande s'est livré, mercredi 25 avril, à un exercice original pour un candidat à la présidentielle. Il a tenu une conférence de presse devant près de 300 journalistes français et étrangers. Une conférence au style très présidentiel.
Trois jours après le premier tour, François Hollande a laissé de côté les habits du candidat en campagne, battant les estrades, pour enfiler le costume d'un président tenant sa conférence de presse annuelle. Il a ainsi tenu à ajouter à son image de candidat celle de la stature et de la crédibilité qui sied à tout président en exercice.
Pas d'annonces particulières lors de cette exercice un peu froid, qu'il a tenu dans une salle parisienne près de la tour Eiffel, malgré les quelques traits d'humour, dont François Hollande ne se départit jamais.
"Haut niveau du Front national"
Evoquant le Front national dont il a souligné le "haut niveau", il a tenu un discours sur les "petits", les "ruraux", victimes de la crise et évoqué le besoin d'une Europe "protectrice", afin de rassembler les partisans du non et ceux du oui. Il a aussi confirmé un coup de pouce du Smic.
Cet exercice a été aussi le moyen pour lui de montrer une autre façon de présider. "Je considère que la conférence de presse que nous tenons aujourd'hui avant une élection décisive peut être un rendez-vous régulier, sil les Français m'en donnaient le mandat, pour rendre compte de l'action que je conduirai au nom de la République", a expliqué François Hollande.
Des conférences de presse qui, selon lui, ne se passeraient pas de la même façon que celle tenue par Nicolas Sarkozy en 2008. "J'essayerai de faire la disctinction entre la vie publique et la vie privée", a-t-il ironisé, faisant allusion à la conférence de presse de Nicolas Sarkozy au cours de laquelle il avait parlé de Carla Bruni.
Selon lui, ces conférences se tiendraient tous les six mois, hors de l'Elysée, dans un « lieux neutre » afin de montrer « un nouveau rapport au pouvoir », a précisé un de ses porte-parole, présent sur place, comme bon nombre des cadres de sa campagne : Michel Sapin, Marisol Touraine, André Valini, Vincent Feltesse, Manuel Valls, Stephane Le Foll ou sa "plume" Aquilino Morelle.
"Aujourd'hui je n'en suis pas là", a-t-il néanmoins reconnu, onze jours avant le deuxième tour.
"Lever l'espérance"
Dans une déclaration liminaire, François Hollande est revenu sur le scrutin de dimanche dans lequel il salue la "considérable mobilisation" des électeurs, le fait que le candidat socialiste soit arrivé en tête "plus haut que Mitterrand lui-même en 1981" et que le total des voix de gauche soit plus élevé qu'en 2002 et 2007 ce qui, selon lui "confirme l'échec du candidat sortant qui est cinq points en dessous de son résultats de 2007".
"Dernier message reçu du scrutin, le haut niveau du Front national, souligne François Hollande. "Les explications sont nombreuses: il y a la crise financière, économique, sociale, industrielle, morale. Il y a aussi la défiance à l'égard de l'europe, une peur du monde. Il y a aussi une prise de distance à l'égard des partis politiques et notamment des partis de gouvernement".
Pour François Hollande, "mon devoir c'est de traduire" ce vote et de "lever l'espérance". "J'ai mesuré les souffrances à travers cette campagne, les ouvriers qui voient leurs usines fermer, il y a aussi cette souffrance des petits entrepreneurs, des artisans, des agriculteurs" et il y a "ce malaise dans la ruralité", souligne le candidat socialiste.
"Tout cela créé une exigence, note-t-il. Une exigence d'efficacité pour le prochain président. Une exigence de vérité, tant les promesses non tenues ont engendré des frustrations, une exigence de justice, qui s'est manifestée dans le bon résultat de Jean-Luc Mélenchon, une exigence d'exemplarité". Le candidat a même parlé de "redressement moral", ajoutant qu'"une vie politque qui doit évoluer", citant la proportionnelle, chère à François Bayrou comme à Marine Le Pen.
"Une Europe nouvelle"
Le candidat socialiste a beaucoup insisté sur le fait que sa victoire "doit être celle d'une europe nouvelle". Pour le candidat socialiste, "les Français sont majoritairement pro-européens mais ils attendent une Europe qui tienne sa promesse, sa promesse de solidarité, de progrès de protection. C'est au nom de cette promesse que je renégocierai le traité signé par le président sortant ».
Réaffirmant son exigence de sérieux budgétaire, François Hollande a estimé que "la France ne retrouvera sa place dans l'Union européenne et son rang dans la mondialisation que si elle capable d'infléchir la construction européenne d'où la dimension que je veux donner au futur traité ».
Il s'est félicité d'une évolution de l'Europe vers ses positions, même de la part de chefs d'état et de gouvernement qui ne "sont pas tous socialistes, cela ne vous a pas échappé", en évoquant sa demande de "croissance", même pour atteindre les objectifs de réduction de la dette.
Le premier tour en France a libéré d'autres paroles, a-t-il noté. "Aujourd'hui d'autres pays attendent l'élection française pour s'exprimer", a ajouté François Hollande qui s'est félicité des derniers propos de Mario Dragghi, patron de la BCE, en faveur de la croissance en Europe.
L'enjeu du 6 mai
Pour le vainqueur du premier tour, le 6 mai sera "un choix entre deux personnalités, deux conceptions de l'action publique, de la République même". Le candidat socialiste a ensuite insisté sur "un clivage qui s'ajoute à tous les autres. Le candidat sortant veut diviser, veut séparer, veut opposer. Et M.Hollande donne l'exemple des dernières déclarations de Nicolas Sarkozy "sur le vrai travail et l'initiative qu'il a cru utile de prendre le 1er mai".
"Il créé là encore polémique, discorde. Je suis dans une autre démarche, je suis socialiste, je suis de gauche, mais je veux rassembler les Francais, les réconcilier, les emmener vers ce qu'ils portent de meilleur", a conclu François Hollande avant de donner la parole aux journalistes, dont de très nombreux étrangers.
Intérrogé sur le score du Front national, le candidat socialiste y a vu une cause. "La peur y est pour beaucoup, la peur de perdre son emploi, la peur de perdre les services publics, la peur de perdre ses protections, la peur de perdre son mode de vie", a-t-il analysé avant de souligner que le discours de l'extrême-droite a "davantage insisté sur les considérations sociales".
"Mieux vaut avoir de la constance"
A propos du vote des immigrés aux élections locales, il a rappelé que c'est un sujet posé depuis 30 ans et "inscrit dans ses 60 propositions". "Je ne vais pas changer de position après le premier tour", a-t-il souligné avant de préciser que ce texte ne serait pas débattu avant 2013.
"Mieux vaut avoir de la constance que de la contradiction. Je sais que ce projet ne créé pas l'adhésion de tous, je peux comprendre".
Abordant tous les sujets, au fil des questions des journalistes -de l'Afghanistan aux importations chinoises en passant par le scrutin grec du 6 mai- il a été interrogé sur le fait de François Mitterrand n'avait pas multiplié au cours de ses deux mandat les conférences de presse, chères au Général de Gaulle. Souriant, François Hollande a répondu en parlant de M.Mitterrand : Il voulait rompre avec le gaullisme, moi je veux peut-être renouer avec lui".
Rendez-vous donc dans six mois pour la prochaine conférence de presse de François Hollande...s'il est élu le 6 mai.
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