François Hollande, "le président de personne" selon Duflot
Les écologistes font leur rentrée politique à partir de ce jeudi à Bordeaux. Pendant leur Université d’été, ils vont notamment se demander pourquoi ils ont quitté le gouvernement il y a cinq mois. L'ambiance ne sera pas forcément à la fête. Les écologistes restent partagés sur la position à adopter vis à vis de la majorité. Cette université d'été s'ouvre alors que Cécile Duflot, ancienne ministre de l'Ecologie dans le gouvernement Ayrault, sort un livre, véritable brûlot contre le gouvernement, à commencer par le président François Hollande et le Premier ministre, Manuel Valls.
"Je n’avais pas pris la mesure de l’ampleur des lobbies"
Dans son réquisitoire intitulé "De l'intérieur,voyage au pays de la désillusion", dont le Nouvel Obs.com publie des extraits, l’ancienne ministre EELV du Logement retrace sa douloureuse expérience au gouvernement. D’abord, concernant les enjeux qui l’intéressent au plus haut chef. "Le piétinement sur les questions écologiques devient de plus en plus pénible", écrit-elle. Puis de raconter les obstacles pour faire passer ses mesures, comme par exemple l’encadrement des loyers. "Je n’avais pas pris la mesure de l’ampleur des lobbies", raconte-t-elle, faisant le constat que "le président de la République lui-même n’est pas insensible aux sirènes de ces lobbies", fustigeant la naïveté des dirigeants politiques face à ces derniers. "Il faut être naïf pour penser qu’ils vont nous apprécier parce qu’on est sympas avec eux, qu’on leur donne raison", écrit-elle.
Manuel Valls, "le mec de gauche qui tient des discours de droite"
Cécile Duflot ne s’arrête pas là, livrant son analyse de la personnalité du Premier ministre, à qui elle reproche d’avoir "pris en otage le gouvernement" en imposant systématiquement ses positions. "Je n’ai aucune idée de ce qu’il pense sincèrement", écrit-elle, mais de dresser le portrait d’un "mec de gauche qui tient des discours de droite", dont acte puisque Manuel Valls utilise selon elle "des recettes similaires" à celles de Nicolas Sarkozy sur des dossiers comme l’immigration ou la politique d'intégration des Roms par exemple.
François Hollande dit toujours que "c’est compliqué"
Mais c'est en direction du chef de l'Etat que la critique est la plus lourde et la désillusion visiblement la plus grande. François Hollande dit toujours que "c’est compliqué", écrit Cécile Duflot pour expliquer la lenteur qui pèse sur certains dossiers. "Il n’est pas mou mais parfois il est hésitant". "Son problème n’est pas de ne pas savoir décider, c’est de toujours vouloir trouver la solution qui ne fait pas de vagues", estime l’ancienne ministre. Elle lui reconnaît toutefois le calme comme "qualité primordiale", mais aussi un défaut principal, "c’est de ne pas dire ce qu’il pense". "A force d’avoir voulu être le président de tous, il n’a su être le président de personne", assène Cécile Duflot.
Un livre qui divise les écologistes
Ce livre va, à coup sûr, animer cette rentrée des écologistes. Ce jeudi matin sur France Info, Emmanuelle Cosse, secrétaire nationale d'Europe Ecologie-Les verts, a d'ailleurs déjà pris ses distances avec l’ex ministre du Logement. Le "retour d’expérience " de Cécile Duflot est "utile " a-t-elle estimé, mais "moi je ne vais pas rentrer dans des jugements de personnes ", a-t-elle ajouté.
Dans une interview aux Echos.fr, le président du groupe EELV au Sénat, Jean-Vincent Placé, estime pour sa part "vu l'état du pays" il est "important que la gauche serre les rangs". Et même s’il dit "partager" avec Cécile Duflot "beaucoup de ses critiques sur l'action gouvernementale menée depuis deux ans" il estime qu'il faut "éviter les commentaires excessifs et stigmatisants".
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