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"Euthanasie politique", "délit de sale gueule" : Jean-Marie Le Pen conteste sa suspension du FN au tribunal

Le président d'honneur en délicatesse avec son parti s'est présenté devant la justice, vendredi, pour demander d'être rétabli dans ses fonctions.

Article rédigé par Marie-Violette Bernard - Envoyée spéciale à Nanterre
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jean-Marie Le Pen arrive au tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine), le 12 juin 2015. (CHARLES PLATIAU / REUTERS)

Jean-Marie Le Pen ne lâche pas l'affaire. L'eurodéputé a contesté sa suspension de ses fonctions de président d'honneur du Front national devant le tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine), vendredi 12 juin. "Ce n'est pas une affaire personnelle entre Marine et moi, a-t-il estimé à l'issue de l'audience. Tout cela vient d'une tentative de changer de ligne politique au Front national."

L'ancien patron du FN est arrivé au tribunal escorté par son service d'ordre et plusieurs officiers de police, dans une atmosphère tendue. Alors que le cofondateur du Front national refusait de répondre aux questions des médias, une bousculade a éclaté et des insultes ont fusé. Une journaliste de l'AFP, accusée par la police d'avoir mordu un officier, a été interpellée.

"Une affaire politique n'a rien à faire devant un tribunal"

L'ambiance était tout aussi électrique à l'intérieur de la salle d'audience. Les avocats des deux parties adverses se sont, dès le début, livrés à de vifs échanges, poussant la présidente à appeler au calme et à leur demander de changer de ton.

En cause, l'exception d'incompétence soulevée par l'avocat du FN, Frédéric-Pierre Vos, qui a estimé que le tribunal n'était pas apte à juger ce litige. "Une affaire politique n'a rien à faire devant un tribunal, a-t-il martelé. Vous n'êtes pas juges de l'opinion [publique]." 

"Un parti de connivence"

"C'est une façon d'enterrer cette procédure, comme on a enterré Jean-Marie Le Pen", a rétorqué l'avocat du président d'honneur du FN, dont la plaidoirie a duré plus d'une heure. Selon maître Frédéric Joachim, la suspension du président d'honneur n'est pas liée à ses propos sur les chambres à gaz, qu'il a une nouvelle fois qualifiées de "détail de l'histoire"en mai.

On ne l'a pas attaqué à cause de ses propos, qui n'émeuvent personne au Front national. On l'a attaqué parce que l'on craint ce que son sens inné de l'histoire pourrait encore lui faire dire.

Frédéric Joachim, avocat de Jean-Marie Le Pen

"On a voulu provoquer la chute du président d'honneur", a affirmé l'avocat, évoquant une "euthanasie politique". Et de poursuivre : "C'est en fait un délit de sale gueule, parce que Jean-Marie Le Pen est devenu persona non grata". Selon Frédéric Joachim, le FN tenterait de devenir "un parti de connivence et plus de contestation", en évinçant son cofondateur.

"Il faudrait qu'on vienne lui demander pardon à genoux"

Un argument rejeté par l'avocat du Front national, qui a estimé que le "bureau exécutif avait pris une sanction proportionnée à la faute commise". "A partir du moment où un cadre diverge de la ligne politique du parti, on peut considérer que le lien associatif est rompu", a ajouté Frédéric-Pierre Vos.

Il n'y a plus de lien associatif entre Jean-Marie Le Pen et le Front national. Ce lien, il l'a rompu tout seul.

Frédéric-Pierre Vos, avocat du FN

Du côté de Jean-Marie Le Pen aussi, la rupture semble totale. "Il faudrait qu'on vienne lui demander pardon à genoux, après tout ce qu'on lui a fait subir", a déclaré son avocat. A défaut d'obtenir des excuses des cadres du FN, le président d'honneur suspendu a demandé au tribunal de grande instance de le rétablir dans ses fonctions. Le jugement doit être rendu le 2 juillet prochain.

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