Quatre Français sur dix estiment que le RN a "la capacité de participer à un gouvernement", un niveau jamais atteint, selon notre baromètre
Quarante pour cent des Français estiment que le Rassemblement national (RN) a "la capacité de participer à un gouvernement", un niveau jamais atteint, selon le baromètre annuel de l'image du RN réalisé par Kantar Public - Epoka pour franceinfo et Le Monde, dévoilé mardi 13 décembre. Ils étaient 34% à le penser en janvier dernier, 28% en février 2019. Ce sentiment progresse particulièrement à droite : plus de la majorité (51%) des sympathisants Les Républicains considèrent désormais que le RN a la capacité de participer à un gouvernement, soit une hausse de 19 points par rapport à janvier 2022.
Dans le même temps, l'adhésion aux idées portées par le RN se renforce. 31% des sondés se disent en accord total avec les idées défendues par le parti, contre 24% en février 2018.
La part des Français qui considèrent que le RN représente "un danger pour la démocratie" poursuit sa baisse amorcée depuis cinq ans : 46% en décembre 2022, contre 58% en février 2017. Plus de quatre Français sur dix considèrent également que le Rassemblement national s'est "modéré" ces dernières années et notamment par rapport au Front national. Ce constat est majoritaire à droite : 67% des sympathisants LR pensent que le RN est devenu plus modéré, contre 41% des sympathisants de la majorité présidentielle et 26% chez les sympathisants de gauche.
L'idée d'alliances avec le RN, progresse chez les sympathisants de droite et de gauche
"La crédibilisation du RN fait de ses députés de potentiels alliés à l'Assemblée nationale", analyse le cabinet d’études Kantar Public, tant et si bien que le "front républicain" semble se déliter. La part des Français qui envisagent une alliance au cas par cas entre Les Républicains et le Rassemblement national progresse. 40% des sympathisants LR souhaitent des alliances de circonstances entre LR et le RN, et 8% considèrent que les deux partis devraient passer une alliance électorale globale.
Même constat à gauche : 56% des sympathisants de la Nupes considèrent que les députés de la coalition devraient voter avec ceux du RN s'ils présentent un texte avec lequel ils sont d'accord. Si les députés RN sont perçus par quasi six Français sur dix comme des députés comme les autres, leur image n'est pas pour autant parfaite. 39% des sondés estiment qu'ils tiennent des "propos xénophobes ou racistes", et la majorité des sympathisants LR, de la majorité présidentielle et de gauche les jugent "agressifs".
Marine Le Pen a réussi à adoucir son image
L'image de Marine Le Pen continue parallèlement de s'améliorer. Les capacités humaines de l'ancienne candidate à l'élection présidentielle sont mises en avant : 39% des sondés la jugent "sympathique et chaleureuse" (contre 33% en janvier) et 33% la voient comme une personne "honnête qui inspire confiance" (contre 27% en janvier). Ses compétences politiques gagnent également des points : 57% des Français la pensent "capable de prendre des décisions", 45% pensent qu'elle peut "rassembler au-delà de son camp" et un quart estiment qu'elle pourrait faire "une bonne présidente de la République".
Marine Le Pen continue néanmoins à faire peur : 54% des Français estiment qu'elle représente "un danger pour la démocratie" et 36% la perçoivent comme "la représentante d'une extrême droite nationaliste et xénophobe" (contre 40% en janvier).
L'image de Jordan Bardella, nouveau président du RN, reste en revanche à construire. 28% des sondés le considèrent "capable de prendre des décisions" et 25% qu'il peut "rassembler au-delà de son camp".
Selon l'étude, cette crédibilisation du RN "ne semble pas forcément traduire un durcissement de la société française". Six Français sur dix veulent rétablir le service militaire, ils sont 53% à vouloir donner plus de pouvoir à la police (contre 64% en mai 2000). Dans le même temps, la crispation sur les sujets identitaires et sur l'islam baisse : la volonté d'interdire le voile islamique dans l'espace public est en recul (45% en décembre 2022 contre 51% en mai 2021), tout comme le sentiment de ne plus se sentir chez soi en France (36% en décembre 2022 contre 47% en mai 2000).
L'enquête de Kantar Public - Epoka pour franceinfo et Le Monde a été menée auprès d'un échantillon de 1 014 personnes, représentatif de la population âgée de 18 ans et plus. Elle a été réalisée en face-à-face au domicile de personnes interrogées du 29 novembre au 6 décembre.
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