Apprentissage de la conduite : "Le simulateur ne fera que très peu baisser le coût", estime le Conseil national des professions de l'automobile
Patrice Bessone, président du CNPA (Conseil national des professions de l'automobile), était l'invité de franceinfo vendredi.
Le Premier ministre Édouard Philippe a annoncé, jeudi, une série de mesures destinées à diminuer le prix de l'apprentissage de la conduite, dont une augmentation des heures d'apprentissage sur simulateur. Patrice Bessone, président du CNPA (Conseil national des professions de l'automobile) Éducation et sécurité routière, a jugé, vendredi 3 mai sur franceinfo, que "le simulateur ne fera que baisser très peu le coût" du permis de conduire.
franceinfo : Baisse des prix, cela veut-il dire baisse de la qualité de la formation ?
Patrice Bessone : Je n'espère pas, parce que baisse de la qualité de la formation, ça veut dire des tués en plus sur la route, des jeunes, donc ce n'est pas possible. Il ne faut surtout pas que le gouvernement tombe dans ce piège. Le gouvernement n'est pas allé au bout de sa réflexion : on avait fait des propositions pour arriver à baisser le coût de 80%. En fin de compte, le simulateur ne fera que baisser très peu le coût : on ne peut pas tout faire sur un simulateur. Valider le simulateur veut dire que le gouvernement valide le fait qu'une école de conduite est, en fin de compte, un local d'enseignement. Ils ne sont pas allés au bout de la logique. Ce qui fait véritablement baisser le coût, ce sont les heures de cours en collectif, dans une salle, et non pas les heures uniquement au volant de la voiture. Nous avions proposé cinq heures de cours "théorie de la pratique", en salle, en collectif, et cela permettait de réduire les coûts.
Ensuite, pour baisser réellement le prix du permis (…), il y a une solution qui est très simple : le compte personnel de formation. Tous ceux qui travaillent ont un compte. Sauf que l'on sait que 0,25% de salariés l'utilisent. On a demandé au gouvernement qu'il y ait la possibilité que le compte des parents soit utilisé pour financer le permis des enfants qui sont lycéens ou en faculté. Si demain, le gouvernement donne son accord, cela finance 80% du permis de conduire.
Sur franceinfo jeudi, Philippe Colombani, président de l'Union nationale des indépendants de la conduite, dénonçait "de la poudre aux yeux" et même "du populisme". Êtes-vous d'accord avec lui ?
On ne peut pas dire qu'il n'y a aucune efficacité à rajouter un peu plus de simulateur, de passer par la boîte de vitesse automatique, même si on garde un délai de trois mois qui sera problématique quand un jeune voudra utiliser une boîte mécanique directement, ça aura quand même un effet. Mais, bien entendu, ce n'est pas ce qu'attendent les Français. Ils attendaient un financement du permis, nous leur avons donné, clé en main, un positionnement de la profession et le fait de pouvoir financer le permis. Vraiment, dommage, qu'ils ne saisissent pas cette opportunité.
Ne faudrait-il pas aussi faire baisser les charges qui pèsent sur les auto-écoles ?
Bien entendu. Baisser la TVA. Il y a 70% de charges : 50% sur les charges patronales et 20% de TVA. Sur 1 800 euros, il reste entre 600 et 800 à l'école de conduite pour payer les véhicules, l'assurance, le gasoil, l'établissement, etc.
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