Discrimination à l'embauche : pas une "politique délibérée" des entreprises mais une "forme d'habitude" selon Julien Denormandie
Le gouvernement a dévoilé jeudi le nom de sept entreprises françaises, soupçonnées de discrimination à l'embauche.
Julien Denormandie, ministre auprès de la ministre de la Cohésion des territoires et des Relations avec les collectivités territoriales, chargé de la Ville et du Logement a assuré vendredi 7 février sur franceinfo qu'il "n'y avait pas de politique de discrimination délibérée" dans les entreprises pointées du doigt par le gouvernement à l'occasion d'un testing réalisé au sein de 40 grandes entreprises françaises entre octobre 2018 et janvier 2019.
10 000 CV envoyés
Le gouvernement a dévoilé jeudi le nom de sept entreprises françaises, soupçonnées de discrimination à l'embauche. Il s'agit d'Accor, Altran, Rexel, Renault, Air France, Arkema et Sopra Steria. L'étude révèle que le taux de succès d'un candidat dont le nom a une consonance maghrébine est de 9,3% contre 12,5% pour le candidat avec un nom à consonance européenne.
"Ce qu'on constate c'est qu'il n'y a pas de politique de discrimination délibérée dans ces entreprises, explique Julien Denormandie. Évidemment, je veux le dire, c'est même peut-être ça qui est encore plus difficile. C'est qu'en fait, la discrimination dans notre pays, parfois, elle s'installe. Elle s'installe parce qu'il y a une forme d'habitude qui vise à ne pas faire suffisamment d'efforts pour aller diversifier les talents".
Ce sont 10 000 CV qui ont été envoyés aux entreprises, certains portaient le nom de Nicolas Leroy et d'autres celui de Mohamed Chetou. Selon l'étude, ce dernier à 25% de chance de moins d'obtenir une réponse. "Cette étude constate des présomptions de discrimination. Elle ne conclut pas à la discrimination confirmée", précise le ministre de la Ville et du Logement.
"Bouger les lignes"
Certaines entreprises incriminées dénoncent la méthodologie de l'enquête. "Quand vous avez ce type d'étude, vous avez toujours des biais méthodologiques, explique Julien Denormandie. C'est pour cela que l’on constate des présomptions. Mais ce qui est très important, c'est de montrer que par ce faire, on pointe du doigt une situation de discrimination et on fait avancer et bouger les lignes". Pour le ministre, "à la fin des fins, ce qui est sûr, c'est que ces résultats nous interpellent".
Julien Denormandie a annoncé qu'un nouveau testing sera effectué : "On le relance cette année avec à nouveau 40 entreprises tirées au sort parmi les 120 plus grandes de France". Il propose un partenariat avec "toutes les entreprises qu'ils le souhaitent". Il s'agit "dans une grande initiative qui s'appelle paqte.fr qui donne tous les moyens de lutter concrètement contre la discrimination", a-t-il expliqué.
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