Qui est Laetitia Avia, la député LREM longuement saluée par Edouard Philippe pendant son discours ?
Passée par les conventions ZEP mises en place par Sciences Po Paris, la jeune députée a connu Emmanuel Macron il y a bientôt dix ans.
Sur les bancs du Palais-Bourbon, de nombreux élus ont dû tourner la tête pour essayer de deviner de qui Edouard Philippe dressait le portrait. Après avoir rendu hommage à Simone Veil en préambule de son discours de politique générale, mardi 4 juillet, le Premier ministre a longuement salué le parcours de Laetitia Avia, sans jamais citer son nom.
Franceinfo dresse le portrait de cette députée de 31 ans de La République en marche, qui a remercié le Premier ministre à l'issue de son intervention.
Touchée par les mots d'@EPhilippePM et par la mise à l'honneur de mon parcours en introduction de sa déclaration de politique générale. #DPG pic.twitter.com/Xo46HX3YUn
— Laetitia Avia (@LaetitiaAvia) 4 juillet 2017
L'un des visages des conventions ZEP de Sciences Po Paris
En commençant son éloge, Edouard Philippe a évoqué "une femme qui, à la fin de l'été 2003, poussait les lourdes portes d'une grande école parisienne. Une jeune femme que rien ne prédestinait à entrer dans ce lieu." Le chef du gouvernement fait référence à Sciences Po Paris, que Laetitia Avia a intégré en passant par les célèbres conventions ZEP créées en 2001.
Ces accords permettent aux meilleurs élèves de lycées classés en Réseau d'éducation prioritaire ou en zone sensible d'intégrer la prestigieuse école via un concours spécifique. Ce qui était le cas des établissements fréquentés par la future députée lors de sa scolarité en Seine-Saint-Denis.
Née en 1985 de parents qui se sont rencontrés au Togo, Laetitia Avia est devenue "l'ambassadrice du programme" de Sciences Po évoqué par Edouard Philippe, raconte Libération. Non sans une certaine gêne.
C'était les débuts de la téléréalité, on nous appelait "la ZEP Academy".
Laetitia Aviaà "Libération"
Elle sort de l'établissement de la rue Saint-Guillaume en 2008, titulaire d'un master de droit économique, assorti d'une spécialité "droit et régulation des marchés". Parcours qu'elle complète d'un second master 2 en droit pénal spécialité "contentieux boursier" à l'université de Cergy-Pontoise.
Une avocate spécialisée dans le droit des affaires
Le Premier ministre a continué son hommage en indiquant que les parents de Laetitia Avia, "chauffeur-bagagiste et aide-soignante, ne s'attendaient pas à ce qu'elle accède à cette grande école parisienne, puis devienne avocate, puis travaille dans les cabinets les plus prestigieux, puis fonde son propre cabinet".
Inscrite au barreau de Paris, la jeune femme a en effet débuté sa carrière au sein du cabinet Darrois Villey Maillot Brochier, "où elle a conseillé de grands groupes français et internationaux en droit des sociétés et dans leurs opérations de fusions-acquisitions", rapporte le site de son propre cabinet, fondé l'an dernier.
Au fil des ans, l'avocate s'est spécialisée en contentieux des affaires en matière commerciale, financière et boursière. Ce qui lui vaudra d'ailleurs des critiques de la part de la socialiste Sandrine Mazetier, ancienne députée de la circonscription de Laetitia Avia.
Avocate, elle ne défend pas la veuve et l’orphelin, elle est plutôt dans la fusion-acquisition. Pas inutile, quand on voit l’OPA hostile lancée par En marche sur le PS !
Sandrine Mazetier, ex-députée PSà "Libération"
Une macroniste de la première heure
Si, par sa profession d'avocate, Laetitia Avia fait partie des figures issues de la société civile mises en avant par la majorité, l'élue n'est pourtant pas une novice en politique. Sitôt diplômée de Sciences Po, elle devient en 2008 secrétaire générale de la commission chargée de travailler à la refondation des professions juridiques.
Confiée par Nicolas Sarkozy à la star du barreau Jean-Michel Darrois, cette commission compte parmi ses rapporteurs un certain Emmanuel Macron, alors directeur d'affaires à la banque Rothschild & Cie. "Pendant les neuf mois d’auditions, l'énarque est intrigué par la poigne de cette très jeune femme noire qui en remontre aux sénateurs, ex-ministres et technocrates en tout genre", écrit Libération.
L'actuel président et l'avocate garderont le contact après cette expérience. Au lancement d'En marche !, elle propose son aide à Emmanuel Macron, et intègre la commission nationale d'investiture chargée de désigner les candidats aux législatives. Faute de femmes en nombre suffisant, elle descend elle-même dans l'arène et se présente à Paris.
Pendant la campagne, elle est régulièrement interrogée par les médias. Et se fait remarquer comme potentielle future "marchiste frondeuse" en assurant au micro de franceinfo qu'elle n'hésitera pas à tenir tête au gouvernement si les orientations retenues ne lui conviennent pas.
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