: Vidéo "Bienvenue dans le monde des Bisounours" : des policiers ironisent sur les réseaux sociaux après les annonces de Christophe Castaner
Désabusés après les annonces du ministre de l'Intérieur en début de semaine, les fonctionnaires se demandent comment ils vont desormais interpeller les personnes les plus récalcitrantes. Certains ont décidé de tourner en dérision les mesures annoncées.
"Forces de l’ordre, bienvenue dans le monde magique des Bisounours" : voici le nouvel écusson de la police nationale imaginé par un syndicat et qui circule sur Twitter. Toujours sur les réseaux sociaux, on peut voir un policier en civil ironiser lors d’un compte-rendu radio fictif d’intervention : "Nous avons constaté aucun individus avec des barres de fer dans un lieu où tout n'est que paix et amour. Nous avons fait attention à rouler très gentiment à cet endroit afin de ne pas effrayer ces petits êtres fragiles de ce monde magique. Fin de transmission", dit le compte-rendu.
Ces réactions sur les réseaux sociaux font suite aux annonces du ministre de l'Intérieur, lundi 8 juin. Lors d'une conférence de presse, Christophe Castaner a annoncé plusieurs mesures pour lutter contre les violences policières et le racisme au sein des forces de l'ordre. Et parmi ces mesures figure l'abandon de la méthode controversée d'interpellation dite de "l'étranglement".
Nous sommes heureux de vous présenter le nouvel écusson de la @PoliceNationale à partir de ce 8 juin 2020. Après deux mois de confinement face au virus mortel #COVID__19 plus rien ne sera comme avant, non vraiment plus.@Place_Beauvau @CCastaner @NunezLaurent @prefpolice pic.twitter.com/BLmFqiG0wE
— ALTERNATIVE Police (@Alternative_PN) June 9, 2020
Suite à ces annonces, des fonctionnaires sont désabusés. Un capitaine de police nous explique avoir rarement senti une telle baisse de motivation dans les rangs. Denis Jacob, le secrétaire général du syndicat Alternative Police, comprend cette réaction. "Il y a une méconnaissance totale des conditions de travail des policiers, souligne-t-il. On a l'impression qu'il suffit de dire 'Excusez-moi monsieur, est-ce que vous voulez bien nous suivre parce que vous avez commis un délit ?' (...) Donc c'est pour ça qu'on ironise aujourd'hui parce qu'on nous demande de faire plus avec toujours moins, et ça, ce n'est plus possible."
Oui, je pense que certains politiques, certains de nos décideurs, vivent dans un monde de Bisounours qui n'est pas celui de la police nationale.
Denis Jacob, secrétaire général du syndicat Alternative Policeà franceinfo
Les organisations syndicales appellent les policiers à ne pas faire de zèle et à ne prendre aucun risque, quitte à ne pas interpeller. Le porte-parole du syndicat Alliance, Stanislas Gaudon, tient à rappeler que les interventions dangereuses, c’est le quotidien de la police. "18 collègues blessés en mission par jour au sein de la police nationale lors des interventions ce n'est pas rien, insiste le porte-parole. Et ça illustre toutes les videos que l'on voit avec les attaques aux cocktails Molotov, les actes de rébellion, les violences urbaines. Tout le monde se pose la question : comment va-t-on interpeller tous ces individus ultra-violents notamment, lorsqu'il faut les mettre à disposition de la justice ?"
Les syndicats sont reçus jeudi 11 et vendredi 12 juin par le ministre de l’intérieur. Plusieurs d’entre eux réclament la généralisation du taser, ce pistolet à impulsion électrique. Pour remplacer la technique d’étranglement, désormais interdite.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.